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Faire progresser la couverture sanitaire universelle

Les cibles mondiales et régionales de l’OMS en matière d’élargissement de la couverture sanitaire universelle traduisent l’engagement répété des dirigeants mondiaux à faire en sorte que chacun ait accès aux services de santé de qualité dont il a besoin sans avoir à subir des difficultés financières.

Nous sommes loin d’atteindre cet objectif ambitieux dans la Région de la Méditerranée orientale. Selon le rapport de suivi mondial le plus récent, intitulé Les soins de santé primaires sur la voie de la couverture sanitaire universelle (CSU), la couverture sanitaire essentielle dans la Région est nettement inférieure à celle de la plupart des autres Régions de l’OMS. Entre 2000 et 2017, l'indice de couverture des services de la CSU, qui mesure la disponibilité des services essentiels, est passé de 45 à 66 pour 100 dans le monde, mais notre Région est en retard avec un score inférieur à 60.

L’accès à la santé est entravé par de graves pénuries de ressources humaines et financières dans de nombreux pays de la Région. Les systèmes de santé présentent des lacunes et des faiblesses, avec une intégration insuffisante des services, une réglementation médiocre ou incohérente et une attention insuffisante accordée à la qualité ainsi qu’à la sécurité des patients. Entretemps, le succès des actions de prévention et de lutte contre les maladies est compromis par les préjugés, la stigmatisation et le manque d'informations, ainsi que par des obstacles physiques et logistiques plus tangibles et par les perturbations et l'insécurité causées par les urgences humanitaires.

En 2019, l'OMS a travaillé avec nos États Membres et nos partenaires pour relever ces défis grâce à la mise en œuvre d'une vaste gamme d'activités.

Renforcement des soins de santé primaires

Les soins de santé primaires (SSP) constituent la pierre angulaire d’un système de santé efficace, et l’OMS collabore avec ses États Membres pour les aider à développer ces soins et à veiller à leur intégration effective dans d’autres éléments du système de santé.

La mesure et l’amélioration des SSP est une initiative phare dans la Région qui a été lancée lors de la Journée mondiale de la Santé, le 7 avril 2019, dans le cadre des efforts visant à souligner le lien entre les SSP et la couverture sanitaire universelle. Elle propose une approche étape par étape pour aider les pays à améliorer leur prestation de soins de santé primaires, en commençant par une évaluation standardisée et approfondie du système SSP de chaque pays afin d'établir une référence et d'identifier les lacunes et les défis clés.

Les pays bénéficieront alors d’un appui pour formuler des interventions stratégiques adaptées visant à obtenir des améliorations mesurables.

Une série de produits d'information est en cours d'élaboration pour soutenir l'initiative, notamment les profils de pays pour les SSP et les profils des signes vitaux donnant un aperçu de la prestation de service dans chaque pays. Une réunion de consultation tenue en décembre 2019 a rassemblé 19 pays pour passer en revue leurs profils.

Pendant ce temps, l’OMS a poursuivi ses travaux d’identification des ensembles de prestations prioritaires – les services essentiels de promotion, de prévention, de traitement curatif et palliatif et de réadaptation qui devraient être disponibles et accessibles pour\ toutes les populations du pays, sans que leur coût n’entraîne de risque de connaître des difficultés financières. Un projet d’ensemble régional de services essentiels a été élaboré et sera publié en 2020.

Transformer les hôpitaux dans la Région

La mise en place d’un système de santé basé sur les SSP ne consiste pas seulement à améliorer les soins de santé primaires ; il est également nécessaire de réformer les hôpitaux pour assurer une intégration efficace entre les différents services et niveaux au sein du système.

Un nouveau cadre d’action ouvre la voie à une transformation du secteur hospitalier dans la Région. Il propose des interventions interdépendantes aux niveaux du système (politique) et des établissements (hôpitaux) pour opérer un changement de paradigme dans le modèle de soins visant à optimiser le rôle de chaque hôpital pour répondre aux besoins de santé de la population qu’il dessert (vor Figure 1.)

Ce cadre a été approuvé par le Comité régional en octobre 2019, et un programme de travail destiné à soutenir sa mise en œuvre devrait commencer en 2020.

Impliquer le secteur privé

Le secteur privé joue un rôle majeur dans le financement et la prestation de soins de santé dans la Région. Conformément au cadre d’action novateur adopté par le Comité régional en octobre 2018, l’OMS cherche à aider les pays à collaborer avec le secteur privé et à le mettre à profit pour contribuer à l’élargissement de la couverture sanitaire.

Une étape nécessaire dans ce projet à long terme consiste en un travail intensif d’analyse et de compréhension du secteur privé de la santé dans différents pays, car les systèmes d’information, de suivi et de réglementation sont souvent sous-développés. Dix-sept pays ont désormais mené à bien des évaluations approfondies du secteur privé de la santé à l'aide d'un outil mis au point par l'OMS, et l'équipe régionale a également commencé à préparer une série de huit rapports thématiques pour aider à identifier les lacunes et les priorités à l'avenir.

Les autres activités comprennent une importante collaboration avec l’UNICEF et l’USAID pour élaborer un séminaire-atelier de dialogue politique ainsi qu’avec des partenaires dans le cadre du Plan d’action mondial pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous.

Valoriser les personnels de santé

Health worker

Les systèmes de santé ne peuvent fonctionner que si des professionnels de santé sont disponibles là où le besoin se fait sentir et si ces derniers possèdent toutes les aptitudes et compétences requises pour assurer les services de santé requis. Cependant, il existe actuellement des lacunes très importantes au niveau des personnels de santé dans la Région. Les travaux de recherche présentés au Comité régional en octobre ont montré que le nombre de médecins, personnels infirmiers et de sages-femmes pour 100 000 habitants est inférieur à la moyenne de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) dans tous les pays de la Région. Il est également inférieur au niveau ciblé par les Objectifs de développement durable dans la plupart des pays (voir Fig. 2).

En 2019, les efforts visant à développer les personnels de santé dans la Région ont notamment porté principalement sur les soins infirmiers et obstétricaux. Le Comité régional a adopté la résolution EM/RC66/R.3 qui appelle les pays de la Région à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies et des plans d’action nationaux pour renforcer les personnels infirmiers et obstétricaux, le but étant de susciter une dynamique en amont des célébrations mondiales de 2020, l’Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier. Huit pays de la Région ont rejoint la campagne Nursing Now afin de mieux faire connaître le profil de la profession.

La résolution souligne la nécessité de faire en sorte que la formation et l’éducation des personnels infirmiers et obstétricaux mettent l’accent sur les compétences en soins de santé primaires, et de définir et d’élargir les rôles et les champs d’activité des personnels infirmiers afin de maximiser leur contribution au sein des systèmes de soins de santé primaires.

La mise au point d’une nouvelle qualification pour accroître les connaissances des médecins en médecine familiale a constitué une autre initiative importante visant à renforcer la capacité des personnels de santé à dispenser des soins de santé primaires. L’OMS a collaboré avec le Bureau régional de l’UNICEF, l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et l’Organisation mondiale des médecins de famille (WONCA) pour créer le Diplôme régional professionnel de médecine familiale en tant que programme-relais pour contribuer à atteindre la cible régionale de trois médecins de famille pour 10 000 à l’horizon 2030.

On s’efforcera désormais d’aider les pays à intégrer ce programme dans leur système national d’enseignement de la médecine.

Entretemps, l’action s’est poursuivie pour aider les pays à relever systématiquement les défis auxquels sont confrontés leurs personnels de santé, grâce à des évaluations et des plans stratégiques bien structurés. Des progrès ont été accomplis dans l’amélioration de l’information et des bases factuelles relatives aux personnels de santé aux niveaux national et régional, et d’autres données ont été recueillies par le biais de la plateforme des comptes nationaux des personnels de santé. Un nouvel observatoire des personnels de santé pour la Palestine a été lancé.

Garantir la qualité et la sécurité des patients

Des travaux de recherche ont démontré que jusqu'à 18 % des hospitalisations survenant dans la Région de la Méditerranée orientale sont associées à des événements indésirables, dont
83 % auraient pu être évités. Les efforts de l’OMS pour remédier à ce problème sont axés sur la mise en œuvre de l’Initiative pour des hôpitaux soucieux de la sécurité des patients (PSFHI), un outil visant à aider les directeurs et le personnel des hôpitaux à adopter les meilleures pratiques dans leurs établissements.

Plus de 280 hôpitaux de la Région ont maintenant adopté cette initiative. Une nouvelle édition du Manuel sur la sécurité des patients qui comprend des critères et des procédures détaillés pour guider la mise en œuvre de l’initiative PSFHI, est en préparation et sera publiée en 2020. Le contenu substantiel du manuel est conforme aux exigences de l’International Society of Quality (ISQua) et a été validé lors d’une réunion en juillet 2019.

Des travaux sont également en cours pour améliorer la qualité des services dans d'autres parties du système de santé. En 2019, plusieurs pays ont bénéficié d’un appui pour élaborer et mettre en œuvre une politique et une stratégie nationales sur la qualité. Le processus implique une vaste consultation des parties prenantes pour formuler une vision et des priorités communes qui viendront ensuite étayer le choix d'interventions fondées sur des données probantes liées aux plans de santé nationaux.

En outre, quatre pays ont bénéficié d’un appui pour adopter un ensemble de 34 indicateurs de qualité ciblant spécifiquement les soins de santé primaires.

Développer l’accès aux médicaments et aux technologies sanitaires

Les travaux visant à élargir l’accès aux médicaments en 2019 ont notamment porté sur la création d’un comité d’orientation régional pour les autorités nationales de réglementation. Ce nouveau comité contribuera à promouvoir la mise en réseau, le renforcement des capacités et l'harmonisation des normes et des pratiques.

Une enquête sur la situation des systèmes de pharmacovigilance dans 19 pays a été menée pour orienter les plans visant à soutenir le renforcement de la pharmacovigilance dans la Région. Les principales forces et faiblesses identifiées ont été passées en revue au cours d’une réunion régionale.

Parallèlement à ces initiatives à l’échelle de la Région, un large soutien technique a été fourni aux différents pays sur un ensemble de questions, comprenant notamment le développement des institutions et des systèmes de réglementation nationaux, le renforcement de la pharmacovigilance, la mise en place de programmes de gestion des antimicrobiens, la réalisation d’une évaluation des technologies sanitaires et la mise en œuvre du cadre stratégique régional pour améliorer l’accès au sang et à des produits sanguins abordables, sûrs et de qualité garantie.

Promouvoir l’efficacité de la gouvernance de l’action sanitaire

L’OMS déploie d’importants efforts pour favoriser un débat éclairé entre législateurs de la Région sur les questions liées à la santé. Des partenariats ont été établis en se concentrant sur plusieurs questions spécifiques, dont la santé reproductive et infantile, la sécurité routière et la lutte antitabac, et un autre jalon historique a été franchi avec le lancement du Forum parlementaire pour la santé et le bien-être en juin 2019.

Ce forum réunit des parlementaires de toute la Région et bénéficie de l’appui technique de l’OMS. Le but est de renforcer leur engagement à faire progresser la santé et le bien-être et de faciliter une approche pangouvernementale et plus globale des questions de santé. Ce faisant, il devrait aider les responsables de l’élaboration des politiques à atteindre leurs objectifs nationaux tout en encourageant la collaboration au niveau régional.

Quelques mois plus tard seulement, en octobre 2019, l’OMS coordonnait la première réunion annuelle de la section régionale du groupe de travail sur la gouvernance des systèmes de santé, qui réunit un large éventail de parties prenantes comprenant des parlementaires et d’autres responsables politiques, des praticiens, des représentants de la société civile, des universitaires et des chercheurs.

Ces initiatives ont été complétées par des efforts qui sont en cours pour soutenir les améliorations au niveau de la gouvernance et du financement des systèmes de santé et renforcer les capacités dans les pays. Un appui technique important à l’institutionnalisation des comptes de la santé a été fourni à 11 pays ; des professionnels de sept pays ont reçu une formation sur l’évaluation de la protection financière de la santé ; et les travaux ont débuté sur l’élaboration d’un cadre permettant l’analyse systématique de la gouvernance des systèmes de santé aux niveaux national et infranational dans la Région.

Lutte contre les maladies transmissibles

Parallèlement au renforcement des systèmes de santé, l’élargissement de la couverture sanitaire universelle implique de mettre en œuvre des interventions efficaces pour lutter contre les maladies.

Les maladies transmissibles gâchent des millions de vies dans la Région. L’infection chronique par le virus de l’hépatite B et de l’hépatite C touche davantage de personnes dans notre Région que dans toute autre Région de l’OMS ; le nombre de cas de VIH augmente plus rapidement que partout ailleurs dans le monde ; et les maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme et la leishmaniose font leur réapparition dans certaines parties de la Région.

Mais le succès est possible malgré tous les défis. En 2019, de nombreux pays de la Région ont célébré des réalisations majeures, soutenues par l'OMS et ses partenaires. Parmi les faits marquants, l’on peut citer l'élimination de la rougeole et de la rubéole dans plusieurs pays et une grande campagne contre l'hépatite C en Égypte. En août 2019, le Yémen est devenu le deuxième pays de la Région à voir l’élimination de la filariose lymphatique validée en tant que problème de santé publique, démontrant ainsi que les pays peuvent obtenir des résultats significatifs en matière de santé même dans des situations d’urgence complexes.

Amélioration des programmes de vaccination

La vaccination systématique est le pilier des efforts visant à prévenir les maladies transmissibles et de lutter contre celles-ci. La couverture par la troisième dose du vaccin contenant des valences diphtérie-tétanos-coqueluche (DTC3) a augmenté pour atteindre 82 % en 2018 (dernière année notifiée), soit une diminution d’environ 6 % du nombre de nourrissons non vaccinés pour le DTC d’une année sur l’autre. Quatorze pays de la Région sont parvenus à maintenir la cible d’une couverture vaccinale par le DTC3 supérieure à 90 %, et les services de vaccination systématique ont continué d’être assurés dans les pays fragiles et touchés par des conflits.

Entre-temps, davantage de nouveaux vaccins ont été introduits dans les pays de la Région en 2019, notamment le vaccin antipneumococcique conjugué (VPC) en Tunisie et le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) aux Émirats arabes unis. Le Pakistan est devenu le premier pays au monde à introduire le vaccin antityphoïdique conjugué. Actuellement,les vaccins contre Haemophilus influenzaede type B (Hib) et antipoliomyélitique inactivé sont utilisés dans le cadre du Programme élargi de vaccination (PEV) dans tous les pays, le vaccin antipneumococcique valent dans 17 pays et le vaccin antirotavirus dans 15 pays. De plus, une politique nationale a été adoptée et la décision pour l’ensemble du pays d’introduire un vaccin antirotavirus a été prise en République islamique d’Iran et les préparatifs pour cette introduction sont en cours. Le groupe consultatif technique national pour la vaccination au Yémen a recommandé l’introduction d’une dose de rappel des vaccins DTC et d’une dose à la naissance du vaccin anti-hépatite B.

Lutte contre la rougeole et la rubéole

Des étapes encourageantes ont été marquées dans la lutte contre la rougeole et la rubéole. L’incidence globale signalée de la rougeole dans la Région a été ramenée à 22,5 cas par million en 2019 (contre 54,2 cas par million en 2017), et la commission régionale de vérification de l’élimination de la rougeole et de la rubéole a déclaré que ces deux maladies avaient été éliminées à Bahreïn, en République islamique d’Iran et à Oman. Six autres pays ont maintenant un taux d'incidence inférieur à 0,5 cas pour 100 000 habitants.

Ces succès s’expliquent par les efforts importants déployés dans les domaines de la surveillance et de la vaccination. Lancée en 2004 avec l’appui de l’OMS, la surveillance de la rougeole et de la rubéole fondée sur l’identification des cas fonctionne désormais à plein régime dans 20 des 22 pays de la Région.

Elle s’appuie sur un réseau de laboratoires nationaux de la rougeole et de la rubéole accrédités par l’OMS et sur trois laboratoires de référence régionaux et infrarégionaux. Les indicateurs de performance du système montrent que 17 pays satisfont aux principales normes de surveillance pour l’élimination.

Pour renforcer l’immunité de la population, près de 90 millions d’enfants âgés de 6 mois à 14 ans dans neuf pays ont été vaccinées contre la rougeole dans le cadre de campagnes de vaccination en 2018-2019, avec un taux de couverture moyen d’environ 96 %.

Renforcement des laboratoires de santé

Les laboratoires de santé jouent également un rôle crucial dans la prévention, la détection et la lutte contre les maladies, mais le personnel de laboratoire occupant des postes de direction et de gestion ne dispose souvent pas de la formation et de l'encadrement dont il a besoin. Pour remédier efficacement à cette lacune, l’OMS s’est jointe à cinq autres organisations internationales pour mettre au point le Programme mondial pour le leadership des laboratoires (Global Laboratory Leadership Programme, GLLP).

Ce Programme mondial adopte une approche « Un monde, une santé » couvrant à la fois la santé humaine et animale et vise à aider les responsables de laboratoire à développer neuf compétences de base pour la prévention et la lutte contre les maladies, telles qu'énoncées dans le cadre de compétences pour le leadership des laboratoires.

En 2019, sept professionnels de laboratoire des secteurs de la santé humaine et vétérinaire au Pakistan ont achevé avec succès la première des trois phases de validation dans le pays portant sur les compétences en leadership et en communication. La phase 2 aura lieu en 2020.

Faciliter l’accès au diagnostic et au traitement du VIH

En 2019, le Pakistan a connu une flambée sans précédent de VIH touchant plus de 1000 enfants dans la province du Sindh, pour lesquels des injections de mauvaise qualité dans le cadre de soins de santé constituaient la principale source d’infection. L’OMS a coordonné l’assistance technique pour enquêter sur la flambée et y riposter, notamment grâce à la mise en œuvre de la lutte anti-infectieuse, la fourniture de produits de diagnostic et de médicaments, ainsi que de services de qualité pour le diagnostic et le traitement.

Plus généralement, l'équipe régionale a concentré ses efforts sur les interventions visant à améliorer l'accès au diagnostic et au traitement du VIH. Les activités régionales et nationales menées en République islamique d’Iran, au Maroc et au Pakistan ont contribué à accélérer l’introduction de l’autodépistage du VIH en tant qu’approche stratégique pour accroître l’accès aux services de dépistage du VIH. Des approches centrées sur le client et faisant appel à des modèles de prestation de services intégrés et différenciés ont bénéficié d’un appui en République islamique d'Iran et au Pakistan afin d'améliorer le lien avec les services de traitement post-diagnostique et d'améliorer le maintien en traitement, en particulier pour les populations clés à risque accru de VIH. D’autres efforts pour la prestation de services contre le VIH aux réfugiés et autres personnes déplacées comprenaient le soutien à la mobilisation et à la mise en œuvre des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Élimination de l’hépatite dans les pays à forte charge de morbidité

L’OMS estime que 15 millions de personnes vivent avec le virus de l’hépatite C (VHC) dans la Région de la Méditerranée orientale ; seulement 33 % d’entre elles ont reçu un diagnostic et 26 % ont été traitées. Repérer et traiter les cas cachés est donc une priorité.

Des succès encourageants ont été enregistrés à cet égard en 2019. L’Égypte, pays le plus touché de la Région, a mené une campagne nationale visant à éliminer l’hépatite C. Au cours de cette campagne, 60 millions de personnes ont été testées et 3,7 millions ont reçu un traitement. Point crucial, la campagne s'est accompagnée d'une réduction des prix des antiviraux à action directe (AAD) en encourageant la concurrence entre les différentes sociétés qui avaient enregistré leurs médicaments génériques dans le pays.

La même méthode de réduction des prix a été utilisée au Pakistan, ce qui a conduit à l’obtention de certains des prix les plus bas signalés au monde, mais les activités de dépistage et de traitement n’en sont qu’aux prémisses. Le 28 juillet 2019, Journée mondiale contre l'hépatite, le Premier Ministre pakistanais s'est engagé à tester 140 millions de personnes au cours des cinq prochaines années et à traiter toutes les personnes infectées. Un modèle de programme d’élimination de cette maladie est en cours de déploiement dans un district du Penjab, avec l’appui de l’OMS, pour affiner le modèle de prestation de services à utiliser.

D’autres pays de la Région sont désormais encouragés à tirer parti de la disponibilité des médicaments génériques pour lancer des activités similaires. Alors que 12 pays ont élaboré des stratégies visant à éliminer l’hépatite, peu de pays ont commencé à mettre en œuvre ces stratégies.

Mettre fin à la tuberculose

Les activités de lutte contre la tuberculose se sont efforcées de s’appuyer sur l’élan mondial suscité par la toute première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la lutte contre la tuberculose et sa Déclaration politique historique d’octobre 2018. L’équipe régionale de l’OMS a plaidé pour obtenir des États Membres qu’ils s’engagent à leur tour à accélérer les progrès pour mettre fin à la tuberculose à l’horizon 2030.

Le Président du Pakistan a déclaré l’Initiative Pakistan sans tuberculose en 2019 et le ministère de la Santé du Maroc a annoncé une initiative nationale pour mettre fin à la tuberculose. Les deux pays ont redoublé d'efforts pour impliquer les partenaires extérieurs au secteur de la santé dans la lutte contre la tuberculose, conformément au cadre de responsabilisation multisectoriel mondial.

L’équipe régionale de lutte contre la tuberculose a également collaboré avec les pays et des partenaires pour permettre l’adaptation et l’utilisation rapides des nouvelles lignes directrices de l’OMS sur le traitement de la tuberculose résistante à l’isoniazide et des lignes directrices actualisées sur le traitement de la tuberculose multirésistante et résistante à la rifampicine (TB-MR/RR), 17 pays et d’autres partenaires ayant participé à un séminaire-atelier au mois de mai.

L’Afghanistan, l’Iraq, le Liban, le Pakistan et le Qatar ont bénéficié d’un soutien pour élaborer des plans stratégiques nationaux, tandis que la Jordanie, la République arabe syrienne et le Yémen ont reçu un appui pour actualiser leurs lignes directrices nationales.

Lutte contre le paludisme et
d’autres maladies à transmission vectorielle

Health worker

Davantage de pays de la Région ont réalisé l'élimination du paludisme en 2019 ou s’en sont rapprochés. L’OMS a apporté un soutien à la République islamique d’Iran (zéro cas autochtone notifié en 2018 et 2019) et à l’Arabie saoudite (61 cas autochtones en 2018 et 38 cas en 2019) afin que les deux pays puissent valider l’élimination. Nous avons également soutenu les pays exempts de paludisme dans la Région pour empêcher la réapparition de la transmission locale du paludisme, et fourni un appui pour la prise en charge appropriée des cas de paludisme et la préparation à la certification de l’absence de paludisme en Égypte et à Oman.

Des éléments encourageants indiquent également une amélioration de la détection dans les pays où le paludisme est encore endémique. Le personnel des trois niveaux de l’OMS a coordonné l’action dans ce domaine avec les ministères de la santé et d’autres partenaires, notamment le Fonds mondial, l’UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) et des partenaires universitaires.

L’accès accru aux tests de diagnostic rapide (TDR) dans la communauté et au niveau plus bas des établissements de santé a entraîné une augmentation du taux de confirmation du paludisme dans les pays d’endémie, en particulier en Afghanistan et au Pakistan. En 2016, moins de 50 % des cas de paludisme notifiés avaient été confirmés en Afghanistan ; en 2018, ce taux était passé à 80 %.

Le Bureau régional et les bureaux de pays ont coordonné l'appui fourni pour faire face aux flambées de maladies à transmission vectorielle, y compris la dengue, le chikungunya et la leishmaniose en Afghanistan, à Djibouti, au Pakistan, à Oman, au Soudan, en Somalie et au Yémen. En République islamique d’Iran, un soutien a été apporté à la riposte face aux urgences liées aux inondations et à la prévention des maladies à transmission vectorielle.

Cependant, un soutien logistique et technique supplémentaire est nécessaire dans les pays qui connaissent des niveaux sans précédent de paludisme (par exemple, Djibouti et le Soudan) et d’autres maladies à transmission vectorielle, en particulier les maladies transmises par le moustique Aedes (Djibouti, Pakistan, Somalie, Soudan et Yémen), en raison de catastrophes naturelles et/ ou d’origine humaine et de mouvements massifs de populations. La riposte face à la flambée de paludisme à Djibouti a été multisectorielle et a impliqué de nombreuses organisations, en particulier le PNUD.

Combattre la résistance aux antimicrobiens

Des éléments indiquent un engagement politique fort pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens en 2019. Quatorze pays de la Région ont officiellement approuvé et soumis leurs plans d’action nationaux de lutte contre la résistance aux antimicrobiens sur les plateformes de l’OMS, avec le plein engagement de tous les secteurs gouvernementaux, des organisations non gouvernementales et des organisations tripartites internationales concernés, y compris les bureaux régionaux et de pays de l’OMS et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cinq autres pays ont achevé la mise en œuvre de leurs plans en attendant l’approbation des ministres de la santé.

Des progrès encourageants ont également été enregistrés dans la production de données de surveillance, des données infrarégionales sur l’utilisation des antimicrobiens étant générées pour la première fois dans la Région. Sept pays de la Région, comprenant 127 hôpitaux, ont mené des enquêtes de prévalence ponctuelle afin d’évaluer les pratiques de prescription d’antibiotiques par les médecins chez les patients hospitalisés, au moyen d’une méthodologie standardisée. Les résultats ont révélé une prévalence comprise entre 30 % en Tunisie et plus de 85 % en Iraq et au Soudan. Les données générées fournissent des éléments factuels permettant aux pays de concevoir et de mettre en œuvre des projets d’amélioration de la qualité afin de renforcer leurs pratiques de prescription d’antibiotiques, en mettant particulièrement l’accent sur les programmes de gestion des antimicrobiens au niveau national et au niveau des établissements. À ce jour, la Jordanie est le seul pays à utiliser les données infrarégionales pour concevoir et sélectionner des interventions.

Amélioration des systèmes de surveillance
des maladies non transmissibles

Les maladies non transmissibles (MNT) telles que le cancer, les maladies cardio-vasculaires et les troubles mentaux sont responsables d’environ deux tiers de tous les décès dans la Région et représentent une lourde charge de maladies chroniques. Des systèmes de surveillance efficaces sont essentiels pour prévenir et prendre en charge les MNT.

L’OMS s’emploie à aider les pays à mettre en œuvre et intégrer le suivi des maladies non transmissibles dans leurs systèmes nationaux d’information sanitaire.Le Cadre mondial de suivi de l’OMS identifie les trois piliers suivants pour la surveillance des MNT :

1) suivi de la mortalité (en mettant plus particulièrement l’accent sur la mortalité prématurée due aux maladies cardio-vasculaires, au cancer, au diabète et aux maladies respiratoires chroniques) et de la morbidité (incidence du cancer) ; 2) suivi des facteurs de risque ; et 3) suivi de la réponse du système national (dont l’une des composantes centrales est la réponse et la capacité des systèmes de santé). En 2019, l'accent a été mis sur l'intensification des sources existantes de collecte de données sur la mortalité et la morbidité, les facteurs de risque et la réponse des systèmes de santé.

Les informations ainsi obtenues aideront les pays à définir les priorités et à mettre au point des interventions ciblées pour inverser le cours de l’épidémie de maladies non transmissibles.

Entre-temps, des accords et des mémorandum d’accord ont été renouvelés avec les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et le CDC Foundation pour poursuivre la mise en place du Système mondial de surveillance du tabagisme dans la Région, en particulier l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes, l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes et les questions sur le tabagisme à utiliser dans les enquêtes.

La collaboration s’est poursuivie avec le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’institution sœur de l’OMS, afin de renforcer la surveillance du cancer et les capacités dans le domaine de la recherche sur cette maladie. Des données sur les progrès réalisés dans la lutte contre les MNT au niveau des pays ont été présentées dans un nouveau rapport régional intitulé, Évaluation des capacités nationales de prévention et de lutte contre les maladies non transmissibles. L’enquête vise à apporter un soutien supplémentaire aux pays en identifiant les progrès réalisés jusqu’à présent et les lacunes qui subsistent, en mettant en évidence les enseignements tirés et en recommandant des possibilités d’amélioration.

Intensification des soins de santé mentale

Les troubles mentaux, neurologiques et liés à l'utilisation de substances psychoactives sont très répandus dans la Région et contribuent fortement aux maladies, aux décès prématurés et aux incapacités. Ils sont aussi fréquemment associés à une forte stigmatisation et à des violations des droits de l'homme, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Il y a récemment eu des signes de progrès encourageants. Par exemple, les taux de suicide ont considérablement diminué (voir la figure 3). Malheureusement, il existe toutefois encore un important écart entre les ressources disponibles et les ressources nécessaires d’urgence pour faire face à la charge que représentent ces troubles mentaux. L’OMS collabore avec les pays pour combler ce fossé ainsi que pour aider les personnes souffrant de troubles mentaux à obtenir le soutien dont elles ont besoin. En 2019, nous avons produit une série de fiches d'information en arabe et en anglais donnant des informations de base sur une série de troubles, afin de sensibiliser le grand public. Nous avons également intensifié le programme d'action Combler les lacunes en santé mentale, qui vise à pallier aux lacunes en matière de traitement des problèmes de santé mentale prioritaires grâce à l'intégration dans la plateforme de soins de santé primaires de chaque pays.