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Interventions dans les situations d’urgence

Les flambées épidémiques de maladies infectieuses, les conflits et les catastrophes naturelles font payer un lourd tribut à la Région de la Méditerranée orientale, provoquant des situations d’urgence sanitaire d’une

En 2019, 15 des 22 pays et territoires de la Région ont été confrontés à des situations d'urgence majeures, dont trois au plus haut niveau, à savoir au niveau 3. Plus de 70 millions de personnes avaient besoin d'une aide humanitaire, et la Région était à la fois la source du plus grand nombre de personnes déplacées par la force et l'hôte du plus grand nombre de ces dernières que partout ailleurs dans le monde.

L’OMS a collaboré avec un large éventail de partenaires pour faire face à ces situations d’urgence, en apportant aux pays un soutien direct sous forme d’expertise et de fournitures, et en aidant les partenaires dans la prestation des services de santé essentiels. Nous avons également collaboré avec les pays pour renforcer leur préparation aux situations d'urgence et leur résilience face à celles-ci, ainsi que pour surveiller et examiner les flambées épidémiques potentielles et les autres risques qui y sont liés.

Riposte aux situations d’urgence

Au cours de l’année, l’équipe régionale des opérations d’urgence de l’OMS a effectué des missions d’appui dans 15 pays de la Région, pour un total de 291 personnes/jours, alors que notre équipe chargée du soutien opérationnel et logistique a considérablement étendu les capacités de notre centre logistique de Dubaï, qui sont passées de 3000 à 14 000 mètres carrés. En 2019 seulement, la valeur des produits importés a atteint 26 millions de dollars US tandis que la valeur des marchandises expédiées a dépassé 11 millions de dollars US.

Le personnel chargé du soutien opérationnel et logistique a été déployé à Djibouti, en Jordanie, au Liban, en Libye, à Oman et au Yémen pour fournir un appui aux opérations d’urgence menées dans les bureaux de pays, partager les meilleures pratiques et améliorer la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Des unités mobiles de confinement en laboratoire ont été déployées dans 13 pays de la Région pour renforcer la préparation aux agents pathogènes à haut risque.

Nous avons signé trois accords avec des partenaires pour la prestation des services de santé aux personnes ayant besoin d’aide dans différentes parties de la Région. Par exemple, en 2019, nous avons livré plus de 210 tonnes de fournitures aux partenaires de santé opérant dans le nord-est de la République arabe syrienne qui ont réalisé plus de 2500 interventions chirurgicales. Nous avons également mené des interventions vitales auprès de 5500 patients gravement blessés, apporté un appui pour la prise en charge des maladies chroniques d'une population de 630 000 personnes et fourni des médicaments d'urgence à une population de 558 000 personnes.

Maintien des systèmes et des services de santé

Health worker

Les situations d’urgence augmentent la demande en services de santé tout en perturbant et en fragilisant les systèmes qui les fournissent. L’OMS s’est efforcée de maintenir et de développer les prestations de soins de santé couvrant un large éventail de domaines techniques, même dans les circonstances les plus difficiles.

Notre kit pour la prise en charge des maladies non transmissibles (MNT) fournit un ensemble standard de médicaments et de dispositifs médicaux essentiels pour répondre aux besoins prioritaires de 10 000 personnes atteintes de maladies non transmissibles pendant trois mois dans des situations d'urgence. En 2019, un soutien technique a été fourni à l’Afghanistan, l’Iraq, la Libye, la République arabe syrienne et au Yémen pour l’achat et le déploiement de ce kit.

La fourniture d’un appui en santé mentale et d’un soutien psychosocial a été assurée en Iraq, en Libye et au Yémen, ainsi que dans les pays affectés par la crise syrienne, et ce en coordination et en collaboration avec des institutions partenaires des Nations Unies, des organisations non gouvernementales, des parties prenantes nationales et des institutions universitaires.

Un cadre d’action pour garantir la qualité des soins de santé dans les situations d’extrême adversité a été élaboré afin de remplir l’objectif suivant : soutenir la mise en œuvre de politiques et de stratégies reposant sur des bases factuelles, visant à garantir la prestation de services de soins de santé sûrs et de bonne qualité dans des situations de fragilité, de conflit et de vulnérabilité. Il a été mis à l’essai en Libye et en Palestine au cours de l’année.

Entre-temps, dans le cadre de la phase de relèvement en Iraq et en République arabe syrienne, un soutien technique a été fourni pour renforcer les capacités techniques concernant les systèmes d’achat et de distribution et l’utilisation rationnelle des médicaments essentiels, afin d’appuyer la transition des dons et des systèmes d’approvisionnement gérés par des organisations internationales aux systèmes d’approvisionnement nationaux.

Amélioration de la surveillance et du suivi des risques

L’équipe de l’OMS chargée de l’information sur les urgences sanitaires et de l’évaluation des risques a poursuivi ses travaux afin de renforcer la capacité à détecter et à gérer les événements de santé publique, à évaluer les risques et informer les points focaux nationaux par l’intermédiaire du site d’information sur les événements. Au cours de l’année, l’équipe a géré 47 événements à travers le système de gestion des événements, et a réalisé 15 évaluations des risques et 33 mises à jour publiées sur le site d’information sur les événements.

Les activités visant à améliorer la surveillance et le suivi des risques comprenaient des sessions de formation pour aider à mettre en place le réseau des systèmes d’information géographique dans la Région. Des modes opératoires normalisés ont été mis au point à l’appui de la surveillance des événements au Maroc, et les lignes directrices relatives à la surveillance en Jordanie ont été développées pour inclure la gestion de tous les types de risques.

Un cours de leadership sur la gestion des incidents, organisé à la fin de l’année, a rassemblé 32 membres du personnel des bureaux de pays et du Bureau régional de l’OMS pour suivre une formation concernant la riposte aux situations d’urgence en utilisant le système de gestion des incidents de l’Organisation.

Renforcement de la préparation aux situations d’urgence

Health worker

Des activités de grande ampleur ont été entreprises pour renforcer la préparation des pays aux situations d’urgence. Une évaluation externe conjointe a été réalisée en Iraq afin de jauger les capacités de santé publique du pays à faire face à tous les risques dans le cadre du Règlement sanitaire international (RSI 2005). Le nombre de pays de la Région ayant fait l'objet d’évaluations conjointes s'élève donc à 18. La République islamique d'Iran, la Palestine, la République arabe syrienne et le Yémen feront également partie des pays qui effectueront ce type d’évaluation.

Les évaluations externes conjointes fournissent à chaque pays une base en vue d’élaborer un plan d’action national pour la sécurité sanitaire adapté à ses besoins spécifiques. Dans le cadre d’un suivi mené en 2019, des ateliers ont été organisés par l’OMS, auxquels ont participé des représentants d'institutions publiques et d'organisations partenaires. Les participants se sont associés en équipe pour couvrir l’ensemble des 19 domaines techniques du RSI afin d’appliquer les recommandations issues des évaluations externes conjointes précédentes. Djibouti, l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Tunisie ont élaboré leur plan d’action national pour la sécurité sanitaire.

Outre cet appui apporté à chaque pays, la préparation transfrontalière et régionale constitue un important axe prioritaire. L’OMS a collaboré avec les bureaux de pays de la FAO et les ministères nationaux de la Santé publique, de la Santé animale et de l’Environnement pour réaliser des évaluations conjointes tripartites des risques pour l’Afghanistan et le Pakistan. Le personnel des bureaux nationaux et infranationaux s’est exercé à la prise en compte des menaces sanitaires partagées à l’interface humain-animal-environnement, en adoptant l’approche « Une seule santé ».

Dans le cadre des efforts déployés actuellement pour aider les pays à maintenir les principales capacités requises au titre du RSI aux points d’entrée, l’OMS a collaboré avec les Centers for Disease Control des États-Unis et l’Organisation internationale pour les migrations afin d’élaborer un nouveau manuel sur le renforcement des capacités en matière de santé publique et la collaboration transfrontalière aux postes-frontières. Cette ressource mondiale a été mise à l'essai dans le cadre d’un programme de discussion global organisé sur trois jours à Beyrouth (Liban), avec des points focaux nationaux RSI, des hauts responsables travaillant directement sur les questions de santé publique aux postes-frontières, des participants des secteurs concernés et des institutions sœurs de l’OMS au sein des Nations Unies.

Parmi les autres mesures concernant la sécurité transfrontalière, on peut citer les points suivants : la formation du personnel d’Arabie saoudite, de Bahreïn et des Émirats arabes unis sur le renforcement des capacités de santé publique et la collaboration transfrontalière aux postes-frontières, ainsi qu’un examen des postes-frontières en Égypte pour garantir leur préparation suite à une flambée épidémique de fièvre de la Vallée du Rift au Soudan.

À la fin de l’année, la huitième réunion régionale des parties prenantes a rassemblé plus de 140 participants issus des États Membres afin d’examiner la mise en œuvre du RSI. La réunion a fourni une plate-forme pour l’introduction de plusieurs nouveaux outils et innovations visant à soutenir la mise en œuvre du RSI, notamment des modules de formation et des outils pour la hiérarchisation, le suivi et l’évaluation du plan d’action national pour la sécurité sanitaire.

Ses recommandations visaient à renforcer la collaboration multisectorielle, à déterminer les domaines prioritaires, à intensifier les activités de renforcement des capacités et à poursuivre les échanges de connaissances entre les pays, l’OMS réaffirmant de son côté sa volonté de fournir un soutien technique continu. Les principaux résultats de la réunion fourniront également de la matière pour la première réunion portant sur la diplomatie de la sécurité sanitaire qui es t prévue en 2020. Cette dernière constituera un cadre de haut niveau afin de poursuivre la collaboration et la coordination multisectorielles en vue de la mise en œuvre du RSI.

Lutte contre les flambées épidémiques de maladies infectieuses

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Malgré les investissements majeurs réalisés ces dernières années pour renforcer la préparation et les principales capacités au titre du RSI, de nombreux pays de la Région restent vulnérables aux menaces que représentent les maladies infectieuses. Les flambées de maladies infectieuses constituent un risque particulier pour les personnes déplacées internes, les réfugiés et d’autres groupes vulnérables, et ont tendance à avoir des répercussions sociales, économiques et environnementales de grande portée.

En 2019, ce type de flambées épidémiques a provoqué plus de deux millions de cas de maladies et environ 10 000 décès dans la Région. Il y a eu de nouvelles flambées de maladies infectieuses émergentes causées par des agents pathogènes à haut risque, ainsi que des poussées sporadiques de maladies endémiques.

L’OMS a pris des mesures proactives pour réduire leur impact, à savoir : soutien fourni à la mise en œuvre d’interventions éprouvées axées sur le renforcement des capacités nationales de préparation aux situations d’urgence, détection précoce des événements de santé publique, suivi de leurs progrès pour y riposter efficacement et documenter l’impact, et réalisation de recherches avancées pour combler les lacunes en matière de connaissances sur les maladies infectieuses émergentes.

Au cours de l’année, 14 flambées épidémiques de maladies infectieuses émergentes ayant un potentiel de propagation mondiale ont fait l'objet d'une investigation et d’une riposte grâce au soutien technique et financier du Bureau régional. Huit pays ont signalé des maladies à potentiel épidémique, notamment la varicelle, le chikungunya, le choléra, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, la dengue, la diphtérie, la fièvre typhoïde ultrarésistante, l’hépatite A, l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), la rougeole, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient dû au coronavirus, la poliomyélite et la fièvre de la vallée du Rift.

Pour la troisième année consécutive, des flambées épidémiques de choléra ont continué de sévir en Somalie et au Yémen. Le Yémen es t confronté à la pire flambée de choléra jamais enregistrée, avec plus de 2,2 millions de personnes touchées et près de 4000 morts depuis 2016. En 2019, l'OMS a fourni une aide importante à la Somalie et au Yémen pour la mise en œuvre d'interventions prioritaires visant à endiguer les flambées, notamment le renforcement de la surveillance par l’alerte précoce et le diagnostic en laboratoire, le déploiement d'équipes d’intervention rapide, l'amélioration des activités en matière d'eau et d'assainissement, la mobilisation des communautés et la mise en œuvre de campagnes de vaccination anticholérique orale.

Nous avons collaboré avec le Pakistan et le Soudan pour investiguer et maîtriser rapidement l’une des pires flambées de dengue survenue ces dernières années. L’OMS a également mis en œuvre des interventions ciblées de lutte antivectorielle afin de réduire les gîtes larvaires, renforcer la surveillance entomologique et améliorer les campagnes d’éducation sanitaire ciblant des populations vulnérables.

Quatre pays – Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman et Qatar – ont été confrontés cette année à des cas de syndrome respiratoire du Moyen-Orient, avec une notification de 223 cas confirmés en laboratoire et de 56 décès associés au total. Le nombre de flambées hospitalières a sensiblement diminué au cours de cette période grâce à l’amélioration de la surveillance et de la détection précoces, ainsi qu’aux pratiques de prévention et lutte anti-infectieuses.

Le Soudan a connu de nombreuses flambées épidémiques, mais un changement de politique gouvernementale a poussé le ministère fédéral de la Santé à déclarer officiellement toutes les épidémies conformément aux exigences du RSI, et à communiquer des informations à l’OMS.

Amélioration du réseau d'alerte et d'intervention rapides

De nombreux pays de la Région sont en proie à des crises humanitaires prolongées. Les systèmes de surveillance du réseau d’alerte et d’intervention rapides (EWARN) ont été maintenus dans tous les pays confrontés à des situations d’urgence complexes afin de détecter et de vérifier rapidement toute alerte ou tout signal de maladie à tendance épidémique prioritaire et de procéder aux investigations nécessaires en toute diligence.

Le réseau EWARN a été élargi pour couvrir huit pays, Djibouti rejoignant l'Afghanistan, l'Iraq, la Libye, la République arabe syrienne, la Somalie, le Soudan et le Yémen. L’OMS continue de soutenir la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de ces systèmes EWARN en vue de leur amélioration et de leur développement. Les travaux de renforcement du réseau en 2019 ont également compris le lancement d’une procédure de mise à jour du protocole d’évaluation utilisé pour identifier les lacunes techniques et opérationnelles dans les systèmes EWARN. L’OMS a organisé un atelier interrégional à Amman (Jordanie) du 21 au 24 octobre 2019 afin de partager et d’analyser les expériences des pays qui appliquent le protocole d’évaluation.

Renforcement de la préparation en cas de pandémie

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L'OMS a continué d’accorder la priorité au renforcement des capacités nationales pour détecter la grippe pandémique, s'y préparer et y riposter, et de fournir un appui à cet égard. L’organisation de la cinquième réunion du Réseau de surveillance des infections respiratoires aiguës dans la Méditerranée orientale ( EMARIS), qui s’est tenue parallèlement à la deuxième Conférence scientifique sur les infections respiratoires aiguës dans la Méditerranée orientale en novembre 2019, à Casablanca ( Maroc), a constitué une initiative majeure à cet égard.

Grâce au Réseau EMARIS, les pays de la Région collaborent pour renforcer la surveillance de la grippe, améliorer l'utilisation des données de surveillance afin de consolider les programmes de lutte contre la maladie et mener des recherches sur le virus de la grippe ainsi que d'autres virus respiratoires. Cette dernière réunion biennale a été organisée en collaboration avec les Centers for Disease Control des États-Unis et a porté sur le thème « meilleures données, meilleures politiques, meilleures actions », le but étant de promouvoir la production de données de qualité à partir des systèmes de surveillance locaux afin de permettre l'élaboration de politiques de santé publique éclairées par des bases factuelles.

Des réussites notables enregistrées dans la Région ont été passées en revue, notamment l’élargissement du Cadre de préparation en cas de grippe pandémique, le renforcement des capacités nationales de riposte rapide, l’usage croissant de l’outil d’évaluation de la sévérité de la grippe pandémique pour estimer la gravité de la grippe saisonnière, l’amélioration des compétences en matière de techniques de détection avancées, une augmentation des évaluations de la surveillance et du nombre de publications scientifiques et la finalisation des plans de préparation en cas de pandémie.

Entre autres mesures visant à renforcer la préparation aux pandémies au cours de l’année, l’OMS a organisé une formation approfondie pour renforcer les capacités pour la grippe, y compris l’organisation d’un atelier régional consacré à l’élaboration d’un protocole pour le suivi et l’évaluation des systèmes de surveillance sentinelles de la grippe, une formation sous-régionale sur l’estimation de la charge de morbidité due à la grippe et une réunion des directeurs des laboratoires nationaux de la grippe dans la Région.

Maladies à transmission vectorielle – prévention et lutte

Davantage de pays de la Région ont réalisé l'élimination du paludisme en 2019 ou s’en sont rapprochés. L’OMS a apporté un soutien à la République islamique d’Iran et à l’Arabie saoudite afin que les deux pays puissent valider l’élimination. Nous avons également soutenu les pays exempts de paludisme dans la Région pour empêcher la réapparition de la transmission locale du paludisme, et fourni un appui pour la prise en charge appropriée des cas de paludisme et la préparation à la certification de l’absence de paludisme en Égypte et à Oman.

Des éléments encourageants indiquent une amélioration de la détection dans les pays où le paludisme est encore endémique. Le personnel des trois niveaux de l’OMS a coordonné l’action dans ce domaine avec les ministères de la santé et d’autres partenaires, notamment le Fonds mondial, l’UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) et des partenaires universitaires.

L’accès accru aux tests de diagnostic rapide (TDR) dans la communauté et au niveau plus bas des établissements de santé a entraîné une augmentation du taux de confirmation du paludisme dans les pays d’endémie, en particulier en Afghanistan et au Pakistan. En 2016, moins de 50 % des cas de paludisme notifiés avaient été confirmés en Afghanistan ; en 2019, ce taux était passé à presque 100 %.

L'expérience acquise et les progrès réalisés à long terme dans la lutte contre le paludisme peuvent servir de base à un système intégré solide pour la surveillance du paludisme et d'autres maladies à transmission vectorielle et la lutte contre ces maladies. Le Bureau régional et les bureaux de pays ont coordonné l'appui fourni pour faire face aux flambées, y compris pour la dengue, le chikungunya et la leishmaniose en Afghanistan, à Djibouti, au Pakistan, à Oman, au Soudan, en Somalie et au Yémen. En République islamique d’Iran, un soutien a été apporté à la riposte face aux urgences liées aux inondations et à la prévention des maladies à transmission vectorielle.

Cependant, un soutien logistique et technique supplémentaire est nécessaire dans les pays qui connaissent des niveaux sans précédent de paludisme (par exemple, Djibouti et le Soudan) et d’autres maladies à transmission vectorielle, en particulier les maladies transmises par le moustique Aedes (Djibouti, Pakistan, Somalie, Soudan et Yémen), en raison de catastrophes naturelles et/ ou d’origine humaine et de mouvements massifs de populations. La riposte face à la flambée de paludisme à Djibouti a été multisectorielle et a impliqué de nombreuses organisations, en particulier le PNUD.

Poliomyélite – une menace permanente

La Méditerranée orientale a été la seule Région au monde à détecter des cas de poliovirus sauvage en 2019. Le poliovirus sauvage demeure endémique dans la Région, et le risque d’une propagation internationale du poliovirus demeure une urgence de santé publique de portée internationale. L'équipe de l'OMS et nos États Membres sont fermement résolus à éradiquer cette menace mondiale.

Toutefois, 2019 a été une année difficile pour le Programme de lutte contre la poliomyélite. La transmission du poliovirus sauvage a repris en 2019 dans les deux pays d’endémie restants, l’Afghanistan et le Pakistan, avec un total de 176 cas signalés (29 en Afghanistan et 147 au Pakistan ; voir Fig. 4). Les caractéristiques des cas humains et des échantillons environnementaux positifs indiquent que la circulation du virus s’est étendue à partir des réservoirs connus dans les deux pays. Des flambées de poliovirus dérivé d’une souche vaccinale ont également été observées au Pakistan et en Somalie.

Cette situation représente à la fois un revers décevant et un élément très préoccupant. Grâce au dévouement des donateurs, des gouvernements, des agents de santé et des partenaires, la Région – et le monde en général – ont fait des progrès incroyables contre la poliomyélite au cours des dernières décennies. Mais tant que le poliovirus sauvage continuera de circuler en quelque lieu que ce soit, le virus pourrait réapparaître.

Trois pays de la Région – la République arabe syrienne, la Somalie et le Yémen, sont considérés à très haut risque de flambées de poliomyélite, tandis que quatre autres – Djibouti, l’Iraq, la Libye et le Soudan – sont à haut risque (voir Fig. 5). Tous connaissent, à des degrés divers, des situations d’urgence complexes et rencontrent des contraintes d’accès et de sécurité, qui entravent les efforts visant à maintenir une immunité élevée parmi les populations et une surveillance sensible. L’OMS apporte un soutien technique et logistique à ces pays pour la mise en œuvre d’activités de vaccination et de surveillance supplémentaires. L’éradication de la poliomyélite en Afghanistan et au Pakistan, la lutte contre les flambées et l’intensification de la vaccination systématique constituent une priorité régionale essentielle.

Renforcement de la lutte contre le poliovirus sauvage

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Avec l'augmentation du nombre de cas, le programme de lutte contre la poliomyélite a commencé à remanier systématiquement ses opérations pour remédier aux vulnérabilités du programme et améliorer la couverture vaccinale. Les gouvernements afghan et pakistanais se sont engagés à assurer un avenir exempt de poliomyélite à leurs populations. Ils ont mis en œuvre des examens complets des programmes au cours de 2019.

Les défis à relever dans le cadre des efforts d'éradication comprennent l’accès à l’ensemble des populations (affectées par l’insécurité et l’interdiction partielle des campagnes de vaccination en Afghanistan), la qualité des campagnes de vaccination dans les réservoirs, les mouvements de population et les inquiétudes quant à la sécurité des agents de première ligne. Les réticences croissantes face à la vaccination, qui sont souvent liées à la propagation d’informations erronées par les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux, compliquent davantage les efforts déployés pour administrer à chaque enfant le vaccin antipoliomyélitique.

En réponse, l’OMS et ses partenaires mettent en place des changements transformateurs pour faire reculer les menaces que pose le virus, y compris une meilleure gestion des programmes, une attention particulière portée aux réservoirs de poliovirus persistant, des mesures visant à accroître l’engagement des communautés et des efforts visant à surmonter les obstacles à l’accès.

Le programme de lutte contre la poliomyélite s’est également engagé à collaborer avec les programmes de vaccination systématique et à former de nouveaux partenariats avec des initiatives sanitaires plus larges.

Pour soutenir les efforts des pays, le Programme de lutte contre la poliomyélite a mis en place à l’automne 2019 le Centre de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP). Ce Centre se trouve à Amman (Jordanie), et est doté d’une équipe d’experts dévoués, ayant des dizaines d'années d'expérience dans la lutte contre le poliovirus. Il a été mis en place spécifiquement pour soutenir les équipes du Pakistan et de l'Afghanistan pendant que les pays remanient les opérations et examinent les zones de faiblesse opérationnelle. Ce Centre assurera une meilleure coordination au sein du partenariat de l’IMEP ; il permettra de fournir plus rapidement un appui renforcé et une expertise technique en Afghanistan et au Pakistan, et garantira une prise de décision rapide et plus proche du terrain.

Des nouvelles encourageantes sont parvenues le 24 octobre 2019 lorsque la Commission mondiale de certification de l’éradication de la poliomyélite a déclaré l’élimination mondiale du poliovirus sauvage de type 3. Il s’agit d’une réalisation majeure, étant donné que sur les trois sérotypes du poliovirus sauvage, un seul type subsiste. Ce fut pour la Région de la Méditerranée orientale une autre preuve que l'on peut parvenir à un monde exempt de Rapport annuel du Directeur régional pour 16 poliomyélite en investissant dans la formation des personnels qualifiés, des outils innovants et la mise en œuvre de la vaccination systématique.

Lutte contre les PVDVc

Des flambées concomitantes de poliovirus circulants de type 2 et 3 dérivés d’une souche vaccinale (PVDVc) se sont poursuivies en Somalie en 2019, et une flambée de PVDVc de type 2 a été détectée au Pakistan. Au total, 25 cas de PVDVc ont été signalés dans l’ensemble de la Région en 2019 (22 au Pakistan et trois en Somalie).

Les caractéristiques des cas humains et des échantillons environnementaux positifs indiquent une circulation continue du virus dans les réservoirs connus dans les deux pays.

La détection continue des PVDVc en Somalie indique une protection immunitaire très insuffisante de la population, due principalement au grand nombre d’enfants inaccessibles qui vivent dans des zones contrôlées par des groupes armés non étatiques.

En 2019, le Programme de lutte contre la poliomyélite a élaboré une nouvelle stratégie mondiale visant à cibler les flambées de PVDVc. Dans le cadre de cette stratégie, le Programme déploiera, vraissemblablement à partir de juin 2020, un nouveau vaccin oral mis au point pour lutter contre les flambées dérivées d’une souche vaccinale. Cette décision a reçu l’appui du Conseil exécutif de l’OMS en février 2020.

Entretemps, la République arabe syrienne est demeurée exempte de poliomyélite après avoir endigué une flambée de cas dérivée d’une souche vaccinale grave en décembre 2018. Le Programme de lutte contre la poliomyélite, conjointement avec des partenaires régionaux, a réussi à mettre fin à une flambée de PVDVc qui s’était installée dans des zones de conflit de la République arabe syrienne, paralysant 74 enfants. Dans un contexte d’insécurité permanente et de vastes mouvements de population, le Programme s’est efforcé tout au long de 2019 de maintenir et d’accroître les niveaux d’immunité dans la population des moins de 5 ans. Il a notamment mené des campagnes de vaccination régulières avec l’aide de partenaires des Nations Unies dans des camps de populations déplacées à l’intérieur du pays. La surveillance environnementale se poursuit dans le pays afin de dépister les poliovirus.

Renforcement de la collaboration entre le Programme de lutte contre la poliomyélite et les autres programmes de santé

Le Programme de lutte contre la poliomyélite s’est engagé à collaborer avec les Programmes de vaccination systématique et à former de nouveaux partenariats avec des initiatives de santé plus larges. En 2019, Gavi, l'Alliance du vaccin, a collaboré avec le partenariat pour la poliomyélite afin de fournir une expertise à ce projet, en particulier dans les pays d’endémie que sont l’Afghanistan et le Pakistan.

Le centre pour l’éradication de la poliomyélite a pour fonction spécifique de renforcer les services au-delà de la poliomyélite en Afghanistan et au Pakistan, sous la direction de l’UNICEF et avec le soutien de l’OMS et d’autres partenaires. Jusqu’à présent, les activités portent essentiellement sur le développement des services de vaccination en fournissant un soutien technique, en augmentant les services dans les zones où les ressources sont insuffisantes, et en renforçant les capacités, y compris le soutien à la formation des agents de santé.

Dans plusieurs pays de la Région, le personnel financé par le Programme de lutte contre la poliomyélite soutient le Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de l’OMS et les Programmes élargis de vaccination nationaux.

Une étude menée au Soudan début 2019 a révélé que les médecins nationaux soutenus par le Programme de lutte contre la poliomyélite consacraient jusqu’à 45 % de leur temps à soutenir d’autres projets de santé.

Intégrer les questions de parité homme-femme dans le programme de lutte contre la poliomyélite

Les questions de parité homme-femme représentent un déterminant important de la santé, ayant un impact à la fois sur les personnes qui fournissent des services de santé et sur celles qui en bénéficient. Le Programme de lutte contre la poliomyélite est le premier Programme spécifique à une maladie au sein de l’OMS à élaborer une stratégie dédiée à la sexospécificité. En 2019, le Programme a lancé sa stratégie en matière d'égalité des sexes et s'efforce maintenant d'intégrer une perspective sexospécifique dans tous les domaines de travail. Au niveau régional, il s'agit notamment de recueillir des données ventilées par sexe sur la couverture vaccinale et la prestation des services, et de mener des analyses pour renforcer encore la portée des services de vaccination. Des plans d’action ont été élaborés pour réaliser les objectifs stratégiques en matière d’égalité entre les sexes.

Dans la Région, les indicateurs montrent que les statuts vaccinaux des garçons et des filles de moins de cinq ans au regard de la poliomyélite sont tout à fait similaires et que les deux catégories sont généralement aussi bien représentées en ce qui concerne la surveillance. Des progrès importants ont été accomplis au Pakistan ainsi qu’en Afghanistan (bien que dans une moindre mesure) en ce qui concerne le recrutement local d’agents de supervision et de vaccination communautaires de sexe féminin. Cette mesure permet de renforcer la capacité à atteindre chaque enfant dans le cadre des campagnes de vaccination porte-à-porte.

Endiguer les risques à long terme de propagation de la poliomyélite

D’importants progrès ont été accomplis en 2019 pour confiner les poliovirus de type 2, conformément au Plan d’action mondial de l’OMS visant à réduire au minimum le risque d’exposition au poliovirus associé aux établissements, après l’éradication des poliovirus sauvages par type et l’arrêt progressif de l’utilisation du vaccin antipoliomyélitique oral. Tous les pays qui ont détruit des matériels contenant le PVDV2 ont documenté les procédures de destruction.

Trois établissements de la Région de la Méditerranée orientale ont été désignés comme établissements essentiels pour la lutte contre la poliomyélite. Dans les deux pays où se trouvent ces établissements (République islamique d’Iran et Pakistan), des autorités nationales chargées du confinement ont été désignées pour garantir la mise en œuvre stricte des mesures de confinement. L’OMS aide ces deux pays à se préparer à une vérification préliminaire dans le cadre du processus de certification et à atteindre d’autres cibles en matière de confinement.

Entretemps, plusieurs pays de la Région ont commencé à surveiller les enfants souffrant de déficits immunitaires primitifs (DIP), un groupe de maladies causées par des défauts génétiques du système immunitaire. Certains types de DIP sont associés à un risque d’excrétion prolongée de poliovirus et donc à un risque de propagation. Il s’agit là d’une menace réelle pour le Programme de lutte contre la poliomyélite après son éradication, car les niveaux d’immunité de la population diminueront après l'arrêt progressif de l'utilisation du vaccin. La surveillance sensible permettra de détecter en temps utile l’excrétion de poliovirus par n’importe quel patient atteint de DIP, créant ainsi la possibilité de prendre des mesures de santé publique préventives et de traiter les patients.