Lorsque j’ai pris mes fonctions en février 2012, j’avais une certaine vision de ce qui pourrait être réalisé au cours de mon mandat eu égard à la situation sanitaire régionale. Cinq années passent très vite ; je me suis donc fixé comme priorité, immédiatement après mon élection, de mener une analyse approfondie du développement sanitaire dans la Région et de procéder à une évaluation rapide des défis existants, des lacunes observées et des mesures qu’il faudra prendre, en consultation avec les partenaires et autres parties prenantes régionaux. En mars 2012, à l’issue d’une réunion d’experts de haut niveau, un consensus s’est dégagé sur les défis à relever pour réaliser des progrès tant dans le domaine de la prévention et de la maîtrise des causes principales des problèmes de santé et de la charge de morbidité, que dans celui du renforcement des systèmes de santé, de la santé de la mère et de l’enfant ou également au niveau des orientations stratégiques majeures. Il s’agit du renforcement des systèmes de santé ; de la santé maternelle, génésique et infantile et de la nutrition ; des maladies non transmissibles ; des maladies transmissibles ; de la préparation et de l’intervention en cas de situations d’urgence et enfin de la gestion et de la réforme de l’OMS. D’autres consultations ont donné lieu à l’élaboration du document intitulé « L’avenir de la santé dans la Région OMS de la Méditerranée orientale : renforcer le rôle de l’OMS »1. J’ai partagé ce document avec des ministres de la Santé à Genève juste avant l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2012. Du fait du large consensus obtenu de la part des États Membres sur le contenu de ce document, je me suis vu confier un mandat clairement défini pour agir. Les excellentes observations qu’ils m’ont adressées m’ont fourni une orientation supplémentaire sur certains de ces domaines stratégiques. En octobre, le Comité régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale a discuté des orientations futures et a adopté des résolutions pertinentes concernant le renforcement des systèmes de santé, un cadre d’action sur les maladies non transmissibles et la maîtrise des évènements de santé publique revêtant un caractère international par le biais du Règlement sanitaire international. Le Comité a également appuyé les mesures que j’avais introduites pour mettre en œuvre les principes de la réforme de l’OMS, alors en discussion au niveau mondial ; ainsi que quelques observations importantes des auditeurs de l’OMS et des États Membres eux-mêmes.
Fin 2012, le Bureau régional avait également entrepris une évaluation rapide des progrès accomplis sur la voie de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement 4 et 5 qui ont trait à la santé de la mère et de l’enfant dans les 10 États Membres qui ont la plus forte charge de mortalité dans la Région. Les résultats ont été par la suite présentés à la réunion de haut niveau organisée en janvier 2013 à Dubaï sur le thème « Sauver les vies des mères et de l’enfant », afin d’accélérer les progrès en vue de la réalisation de ces objectifs. Le renforcement de l’information sanitaire, un domaine du système de santé essentiel pour la planification et la surveillance sanitaires, a également fait l’objet d’une attention particulière. En 2012, l’ensemble des États Membres a entrepris une évaluation rapide de leurs systèmes d’enregistrement des actes et des statistiques d’état civil, une réalisation majeure en soi qui donnera lieu d’ici la fin 2013 à l’élaboration de plans nationaux, d’une liste d’indicateurs de base et d’une stratégie régionale pour le renforcement de ces systèmes.
La période de 11 mois entre février et décembre a ainsi été très chargée pour l’OMS et les États Membres. Ce travail préparatoire nous a permis de jeter les bases sur la voie du progrès. Cependant, d’énormes difficultés continuent d’entraver l’amélioration de la santé dans la Région. La mise au point d’une démarche permettant de réaliser la couverture sanitaire universelle par le biais de systèmes de prépaiement qui fonctionnent pour tous est pour moi une question prioritaire. Il est choquant de constater que la Région ne compte que pour 1,6 % des dépenses mondiales consacrées à la santé alors qu’elle représente 8 % de la population mondiale. De nombreuses personnes dans la Région n’ont ni assurance sociale, ni facilité d’accès aux soins de santé. Lorsque leur famille ou eux-mêmes nécessitent un traitement, ils doivent s’en passer, ou bien sacrifier un revenu dont ils ont tant besoin. Il s’agit au XXIe siècle d’une situation peu satisfaisante pour notre Région. Néanmoins, même dans les pays où le financement des soins de santé ne pose pas de problème, les systèmes de santé subissent d’importants déficits sur lesquels il faut se pencher avant que l’accès à des soins de santé de qualité puisse être garanti.
Une autre question importante est l’impact des situations d’urgence causées par les catastrophes naturelles et les crises politiques sur la santé des populations affectées, sur les systèmes de santé et sur le développement socio-économique. Ces deux dernières années, 13 pays de la Région ont connu de telles situations d’urgence, avec plus de 42 millions de personnes touchées. Une des plus marquantes a été la détérioration rapide en 2012 de la situation humanitaire en République arabe syrienne qui, au bout d’une année, a entraîné plus de 6,8 millions de personnes nécessitant une assistance dans l’ensemble du pays, ainsi que 4,25 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et 1,6 million de réfugiés dans les pays voisins.
La transmission de la poliomyélite persiste en Afghanistan et au Pakistan, constituant ainsi une menace pour le programme d’éradication mondiale et pour les États Membres libérés de la maladie. L’année 2012 a vu une intensification des efforts accompagnés d’importantes réalisations, notamment la réduction notable du nombre de cas dans ces deux pays. Cependant, l’insécurité actuelle, la campagne de désinformation contre la vaccination et les récentes attaques à l’encontre d’agents de santé engagés dans la lutte contre la poliomyélite viennent saper tout optimisme résultant de ces réalisations. Cette situation est très grave et exige une vaste intervention.
Les intérêts économiques et géopolitiques qui exercent une influence sur le programme global de santé et de politique étrangère appuient ou entravent de plus en plus les progrès réalisés dans le domaine du développement sanitaire. L’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu ce lien à plusieurs reprises et nombre d’initiatives on vu le jour au sein de l’Organisation afin de mieux préparer les États Membres et le personnel au contexte modifié dans lequel doivent être abordés les défis en matière de santé. Dans ce contexte, le Bureau régional a organisé un séminaire sur la diplomatie sanitaire mondiale qui a été l’occasion de rassembler les représentants des ministères de la Santé et des Affaires étrangères pour examiner les façons de renforcer les capacités en vue d’instaurer une diplomatie de la santé dans la Région. Les participants ont discuté des moyens par lesquels la politique étrangère peut soit entraver, soit aider le domaine de la santé, ainsi que des préoccupations en matière de politique étrangère que posent les maladies infectieuses émergentes, les questions de santé en période de conflit et de reconstruction après les conflits. Cette initiative en est encore à ses débuts et je continuerai de la faire progresser afin de promouvoir le développement de la diplomatie sanitaire dans la Région, notamment la coopération et les partenariats entre les pays sur des questions de santé prioritaires telles que le Règlement sanitaire international et l’éradication de la poliomyélite ainsi que la promotion d’une approche fondée sur les droits dans le cadre de l’action du secteur de la santé, dans le but de renforcer l’équité en santé et la couverture sanitaire universelle.
Le présent rapport annuel définit une nouvelle voie pour la présentation des informations sur l’activité de l’OMS aux niveaux régional et national. Les chapitres suivants sont consacrés aux priorités stratégiques identifiées ainsi qu’à la gestion et à la réforme de l’OMS. Ils présentent les défis spécifiques auxquels s’attaquera l’OMS, sur un ensemble de problèmes existants, ainsi que le travail qui a été amorcé pour y faire face. Dans les prochains rapports, je prévois de rendre compte des progrès accomplis dans chacun de ces domaines en fonction de critères et d’étapes précis. Le présent rapport ne couvre pas tous les programmes techniques de l’OMS mais offre plutôt un aperçu de l’important travail entrepris dans les domaines prioritaires2. J’espère recevoir des commentaires et des observations sur le rapport de la part des États Membres, des partenaires et d’autres parties prenantes.
1. L’avenir de la santé dans la Région OMS de la Méditerranée orientale : renforcer le rôle de l’OMS. Le Caire, Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranées orientale, 2012.
2. 2 Cinq annexes présentant la structure du Bureau régional, le personnel, les réunions, les publications et les centres collaborateurs peuvent être consultées sur le site Web du Bureau régional à l’adresse suivante http://www.emro.who.int/about-who/annual-reports/ .
Introduction et faits saillants du rapport
Le présent rapport est axé sur les activités majeures qui ont été réalisées l’année dernière en rapport avec les priorités stratégiques dans la Région de l’OMS pour la Méditerranée orientale qui avaient été approuvées en 2012 par le Comité régional de la Méditerranée orientale. Il s’agit notamment du renforcement des systèmes de santé en vue de la réalisation de la couverture sanitaire universelle ; de la santé de la mère et de l’enfant ; des maladies non transmissibles ; des maladies transmissibles, et de la sécurité sanitaire ; de la préparation et de la riposte aux situations d’urgence ; ainsi que de la gestion et de la réforme de l’OMS1. Le rapport présente également certains grands défis auxquels la Région est confrontée actuellement ; défis qui ont, dans certains domaines, suscité de nouvelles attentes pour maintenir les progrès et imposé des priorités concurrentes. J’ai néanmoins le plaisir de mentionner tout particulièrement certaines étapes importantes qui ont été franchies dans les domaines principaux.
Début 2013, une initiative menée en collaboration avec l’UNICEF et l’UNFPA qui visait à accélérer les progrès sur la voie de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) 4 et 5, portant respectivement sur la réduction de la mortalité de l’enfant et l’amélioration de la santé des mères, constituait une priorité majeure. Nous l’avons appelée Initiative régionale « Sauver les vies des mères et des enfants » car il s’agissait précisément de ce que nous voulions réaliser. Une réunion de haut niveau à Dubaï (Émirats arabes unis), à laquelle ont participé des ministres de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la Planification, entre autres parties prenantes, a donné lieu à la Déclaration de Dubaï, qui a été adoptée par la suite par le Comité régional et a fourni à l’ensemble des pays une orientation sur l’action à mener. L’OMS a ensuite collaboré avec neuf pays pour lesquels l’action était jugée prioritaire afin d’élaborer des plans d’accélération complets ; et les activités de financement et de mise en œuvre des ces plans ont débuté.
Inéluctablement, les plans d’accélération sont ambitieux et il est possible que certains des neuf pays ne soient pas en mesure de pleinement mettre en œuvre et réaliser les cibles des OMD. Ils offrent cependant à ces pays une meilleure chance d’effectuer d’ici à 2015 des progrès incontestables et d’entamer le programme de l’après-2015 avec une confiance et un engagement renouvelés. Afin d’entreprendre une action immédiate et de lancer la mise en œuvre des feuilles de route au niveau national, un financement initial a été fourni aux neuf pays à partir des ressources de l’OMS, au cours du deuxième semestre 2013.
Cette initiative a permis de sauver la vie de davantage de mères et d’enfants. Cependant, le niveau de réalisation dépendra sans conteste de l’engagement politique des gouvernements et de leur capacité à traduire cet engagement en actions concrètes. La solidarité et l’appui des autres pays et partenaires de la Région resteront indispensables.
Le Comité régional, ayant érigé en priorité majeure la couverture sanitaire universelle en vue du renforcement des systèmes de santé en 2012, a approuvé une stratégie régionale ainsi qu’une feuille de route dans ce domaine en 2013. La couverture sanitaire universelle, qui accorde une importance particulière à l’équité et à la qualité, focalise désormais l’ensemble de nos activités relatives aux systèmes de santé. La situation actuelle dans la Région en matière d’accès équitable à des soins de qualité acceptable est très variable d’un pays à l’autre. On observe des lacunes dans l’ensemble des pays, et par conséquent, chacun de ces pays doit déployer d’importants efforts pour améliorer cet accès et promouvoir la santé. Notre objectif est de parvenir à des améliorations tangibles dans les trois dimensions clés requises pour la couverture sanitaire universelle – la protection contre les risques financiers, la couverture par les services et la couverture de la population – ainsi que dans les services de prévention et de promotion de la santé. La feuille de route définit entre autres les mesures que les pays peuvent prendre pour réduire les paiements directs effectués par la population pour les soins de santé, et pour adopter une approche multisectorielle en associant les diverses parties prenantes concernées. À la fin 2013, un cadre d’action régional était également en place pour fournir des orientations aux pays quant aux étapes nécessaires au niveau national, et plusieurs pays sont désormais engagés dans cette voie. Il s’agit de progrès concrets et j’espère être le témoin de davantage de réalisations l’année prochaine.
Deux autres étapes importantes ont été franchies en matière de renforcement des systèmes de santé, notamment dans le domaine de l’information sanitaire. Les systèmes d’information sanitaire sont déficients et fragmentés dans de nombreux pays, et il existe de nombreuses lacunes dans tous les pays. Nous avons adopté une approche pratique pour renforcer les systèmes d’information dans la Région en se concentrant sur les trois composantes clés, à savoir la surveillance desrisques sanitaires et des déterminants de la santé ; le suivi de la situation sanitaire, notamment au niveau de la morbidité et de la mortalité, et l’évaluation de la performance des systèmes de santé. Une liste d’indicateurs de base couvrant ces trois composantes clés a été mise au point dans le cadre de discussions approfondies avec les représentants des secteurs concernés des États Membres et sera présentée dans sa version finale à la soixante et unième session du Comité régional de la Méditerranée orientale. Sur la base d’une analyse approfondie de la situation actuelle en ce qui concerne le suivi de chacun des indicateurs de base, une stratégie régionale visant à combler les lacunes et à renforcer les capacités nationales sera également présentée pour examen et approbation lors du Comité régional.
Des évaluations rapides et exhaustives des systèmes d’enregistrement des actes et de statistiques d’état civil, menées en 2013 dans tous les États Membres, ont mis en évidence d’importantes lacunes et insuffisances. La plupart des pays ne fournissent pas de statistiques de mortalité par cause spécifique qui sont essentielles pour évaluer la situation sanitaire et surveiller l’application des engagements internationaux. En collaboration étroite avec les pays et partenaires régionaux, une stratégie régionale visant à renforcer l’enregistrement des actes et de statistiques d’état civil a été élaborée conjointement avec les pays ainsi que d’autres parties prenantes et a été approuvée par le Comité régional.
Si elles sont mises en œuvre et pleinement utilisées par les pays, ces deux initiatives serviront non seulement de base au renforcement des systèmes d’information sanitaire nationaux, mais permettront également une meilleure prise de décision et renforceront la planification et le suivi du développement sanitaire au niveau national.
Les progrès accomplis dans d’autres domaines sont lents mais toutefois, d’importants jalons ont été posés en vue de l’élaboration d’orientations complètes à l’intention des pays en ce qui concerne les points suivants : les lois relatives à la santé publique, qui sont en effet obsolètes dans la plupart des pays ; ainsi que le développement des personnels de santé ; une approche stratégique de la médecine familiale ; un meilleur accès aux médicaments et aux technologies essentiels ; et la collaboration avec le secteur privé. Étant donné le rôle important que joue le secteur privé en matière de prestation de soins de santé dans la Région, il est à présent primordial de non seulement veiller à ce qu’une bonne gouvernance et une supervision adéquate du secteur privé soient en place, mais aussi d’impliquer ce dernier dans l’appui fourni à la mise en œuvre des politiques de santé publique ainsi que la réalisation de la couverture sanitaire universelle. Parallèlement, des travaux préparatoires ont été menés afin d’examiner les expériences à l’échelle régionale et internationale et d’élaborer des orientations pour les pays afin de les aider à renforcer l’intégration de la prévention et de la prise en charge des maladies non transmissibles et des troubles de santé mentale dans les soins de santé primaires. Deux importantes réunions interpays seront organisées à cet effet en 2014.
La prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles est absolument cruciale dans notre Région où l’épidémie de maladies cardio-vasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques provoquent une augmentation rapide de la charge de décès prématurés et ont déjà entraîné une saturation de nombreux systèmes de santé. Après l’élaboration en 2012 d’un cadre d’action sur les maladies non transmissibles, comprenant des résultats ciblés très clairement définis – sur la base de la Déclaration politique des Nations Unies de 2011 – la priorité est désormais accordée à la mise en œuvre de ce cadre d’action.
Les progrès réalisés dans les pays eu égard à la réduction des facteurs de risque tels que le tabagisme, la mauvaise alimentation et la sédentarité sont insuffisants. Afin d’aider les pays à intensifier leurs efforts, l’essentiel des activités menées en 2013 consistait à fournir des orientations concrètes aux responsables de l’élaboration des politiques quant à la mise en œuvre de mesures ayant fait leurs preuves dans ce domaine, en particulier celles constituant les « meilleures options ». Des orientations techniques portant sur la réduction de l’apport de graisses et de sel dans l’alimentation ont été élaborées et plusieurs pays ont déjà commencé à les appliquer. En principe, cela devrait avoir un impact notable sur la santé des populations.
J’espère que l’on parviendra à un consensus similaire concernant une approche multisectorielle complète visant à améliorer l’alimentation des enfants. La Région doit accélérer son action dans le domaine de l’activité physique pour l’ensemble des groupes d’âge. De plus, l’année 2013 a été caractérisée par les préparatifs en vue d’un forum multisectoriel global sur l’activité physique qui se tiendra en février 2014. L’attention a également été centrée sur les activités de plaidoyer et la fourniture d’un appui technique aux pays dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de lutte antitabac reconnues, notamment les taxes sur le tabac ; mais dans ce domaine également, les progrès ont été lents. Deux pays, le Maroc et la Somalie, n’ont toujours pas ratifié la Convention- cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
Les maladies transmissibles ont figuré en tête des questions de santé publique en 2013. Les flambées épidémiques de poliomyélite en République arabe syrienne et en Somalie, ainsi que la circulation prolongée du poliovirus en Afghanistan, et en particulier au Pakistan, sont autant de graves revers pour le programme d’éradication de cette maladie. Cependant, dans une démonstration d’unité et de solidarité appréciée, les États Membres se sont réunis et sont parvenus à un consensus quant à l’action à mener. La déclaration du Comité régional selon laquelle la propagation du poliovirus sauvage constitue une situation d’urgence pour la Région ainsi que l’élaboration du plan d’action régional ont favorisé un engagement positif et une action efficace à court terme afin d’endiguer les flambées. Parallèlement, les travaux en vue de la mise en place du Groupe consultatif islamique ont conduit à un franc soutien de la communauté islamique pour améliorer la sensibilisation afin d’atteindre les enfants dans les districts touchés par l’insécurité où les militants ont interdit la vaccination et ont intimidé et attaqué les agents de santé. Le programme régional d’éradication de la poliomyélite a été sensiblement renforcé sur le plan de l’expertise et de la capacité de riposte aux flambées, notamment par la mise en place en Jordanie d’une unité technique chargée de la lutte contre les flambées. Néanmoins, bien que nous continuions d’œuvrer de manière soutenue avec l’Afghanistan et le Pakistan pour atteindre les enfants dans les zones touchées par l’insécurité,il sera difficile de parvenir à une éradication de la poliomyélite en l’absence de solutions politiques à une situation qui en 2014 conduira à une déclaration sur la poliomyélite comme urgence de santé publique ayant une portée internationale.
L’émergence du nouveau coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), qui a pris de l’ampleur pendant 2013 et au début de 2014, a parfaitement mis en évidence la valeur du Règlement sanitaire international (2005). Les pays touchés par le MERS-CoV ont accordé la priorité à cette question et ont pris des mesures pour investiguer les cas et s’attaquer au problème ; leur action doit être saluée. Cette action ainsi que l’appui technique soutenu et très coordonné fourni par les trois niveaux de l’OMS ont donné l’exemple qui laisse bien présager de l’avenir de la sécurité sanitaire dans la Région. Tous les États Membres doivent désormais veiller à satisfaire aux principales capacités requises en vue de la mise en œuvre du Règlement sanitaire international d’ici à juin 2016.
En 2013, la situation humanitaire a également occupé le devant de la scène, avec un nombre sans précédent de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire dans l’ensemble de la Région. Fin 2013, quelque 42 millions de personnes, selon les estimations, dans plus de la moitié des pays étaient touchées par des catastrophes naturelles et des conflits politiques. L’OMS a créé en Jordanie une équipe de soutien pour les situations d’urgence afin d’apporter une réponse unique et consolidée à la crise en République arabe syrienne. Cette équipe a depuis sa création fait l’objet d’un examen et a été élargie afin d’apporter une réponse plus efficace. La situation humanitaire dans la Région constitue un vaste défi pour la santé publique, la prestation de services de santé de base, et la réhabilitation permanente des systèmes de santé. Les communautés locales et les personnes déplacées sont non seulement exposées à un risque, mais les agents de santé et les travailleurs humanitaires ainsi que les établissements de santé sont également de plus en plus ciblés par des attaques. Le manque de financement demeure un défi majeur pour ce qui est de garantir une riposte sanitaire efficace aux situations d’urgence ; il existe cependant des mesures encourageantes qui peuvent être prises pour renforcer les capacités nationales en matière de préparation et de riposte. Il s’agit notamment d’adopter une stratégie de gestion des risques liés aux catastrophes tenant compte de tous les dangers et couvrant l’ensemble des secteurs. Cette approche a été concluante dans plusieurs pays du monde ; cependant, peu de pays de la Région disposent d’une telle stratégie en place et j’espère vivement que nous pourrons faire des progrès dans ce sens.
Enfin, dans le cadre de la réforme de l’OMS, nous avons déployés des efforts concertés pour faire face aux obstacles organisationnels qui entravent la performance de l’Organisation. L’examen structurel ainsi que la réorganisation se sont poursuivis aux niveaux régional et national, en vue de renforcer nos activités techniques, et des mesures administratives ont été mises en place pour renforcer la performance gestionnaire et le respect des règles et règlements de l’OMS. Garantir la présence du personnel voulu, là où l’Organisation en a besoin et en temps opportun constitue un véritable défi. La situation sur le plan de la sécurité dans la Région a mis en échec la capacité à attirer et à retenir les qualités et compétences dont l’Organisation a besoin dans le contexte actuel particulièrement difficile. Nous nous attaquons actuellement à ce problème qui cependant exige des solutions plus réfléchies que celles dont nous disposons actuellement.
Le renforcement de la coopération technique avec les pays constitue une composante clé de la réforme de l’OMS adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2013. À cet égard, une réalisation importante a été le passage de la planification traditionnelle à la planification selon une logique ascendante pour l’exercice 2014-2015. La Région a été la première à utiliser cette approche au deuxième semestre 2013 en consultation étroite et approfondie avec les États Membres au plus haut niveau de l’élaboration des politiques. Dans le cadre de la planification budgétaire, nous nous sommes concentrés sur les priorités du douzième programme général de travail. Dix programmes prioritaires en moyenne ont été ciblés pour l’exercice, ce qui s’est traduit par l’augmentation des ressources disponibles pour chacun des programmes, et aura, j’ose espèrer, un véritable impact sur les activités choisies. Le nombre de plans de travail résultant de cet exercice représentait près de la moitié de celui de l’exercice 2012-2013 pour l’ensemble de la Région, y compris les programmes de pays. Le travail de collaboration approfondi avec les États Membres pour les missions conjointes d’examen et de planification des programmes biennales, menées auparavant sur plusieurs jours, a été étendu sur plusieurs mois, aboutissant à des visites de haut niveau sur deux jours dans les pays en vue de tenir des discussions stratégiques. J’ai moi-même personnellement mené cinq visites de ce type et les autres ont été conduites par les différents directeurs du Bureau régional.
Dans l’ensemble, je suis en mesure de faire état de progrès satisfaisants dans des domains spécifiques de la collaboration de l’OMS avec les États Membres en 2013 par le biais d’approches innovantes et de l’intensification de l’action, en particulier dans les domaines de l’élaboration de stratégies, de l’orientation technique en vue de traduire les plans en interventions spécifiques, ainsi que poser les jalons pour aller de l’avant. Parallèlement, des crises sans précédent et des évènements sur le terrain nous ont souvent freinés, ainsi que les États Membres. Ainsi, les progrès se sont ralentis dans certains cas et, inévitablement, l’attention et les ressources se sont portées sur d’autres priorités. Dans l’ensemble de nos activités, il est manifeste que des résultats positifs en matière de santé publique se situent dans le contexte plus large du développement social et politique. Dans chacun des domaines prioritaires stratégiques que j’ai évoqués, le secteur de la santé ne représente qu’un seul acteur. La couverture sanitaire universelle, le succès des soins de santé primaires, la prévention des facteurs de risque et les maladies non transmissibles, la promotion de la santé, la sécurité sanitaire ainsi que la préparation et la riposte aux situations d’urgence requièrent la création de partenariats au sein du gouvernement et par delà.
Une attention particulière a été accordée à ce contexte plus vaste en 2013 dans plusieurs programmes. Nous nous sommes efforcés d’établir le contact avec d’autres secteurs au sein du gouvernement, par exemple en ce qui concerne les progrès en matière de prévention des maladies non transmissibles où nous avons impliqué les ministères chargés de la Planification, du Transport, de l’Éducation, des Affaires étrangères, du Sport, de l’Intérieur et des Finances. Une approche similaire a été suivie dans les activités de l’OMS sur le renforcement des systèmes de santé et l’information sanitaire. Nous avons également cherché à impliquer les acteurs non gouvernementaux de la société civile, les institutions des Nations Unies et d’autres parties prenantes. La stratégie régionale pour les cinq prochaines années sur la santé et l’environnement, approuvée par le Comité régional, témoigne particulièrement du caractère multisectoriel de la santé publique. Il n’existe pas de substitut à des objectifs clairs à long terme articulés dans le cadre de plans de développement nationaux à long terme et traités en coordination avec l’ensemble des secteurs et parties prenantes, y compris la société civile.
Enfin, il est évident que de nombreux défis sanitaires auxquels la Région est confrontée bénéficieraient davantage d’une plus grande sensibilisation aux questions de santé, du développement de la diplomatie sanitaire et d’un débat social et politique constructif. Un nombre croissant de défis sanitaires auxquels nous assistons ne peuvent plus être réglés uniquement au niveau technique ; ces défis exigent en effet des négociations et des solutions politiques aux niveaux mondial, bilatéral et national. La diplomatie sanitaire revêt une importance particulière pour notre Région car les nombreux problèmes de développement auxquels elle est confrontée ont directement trait à la santé, et aussi car la Région est touchée de manière disproportionnée par les crises humanitaires. Il est essentiel qu’ensemble nous poursuivions nos activités de sensibilisation et de renforcement des capacités en matière de diplomatie sanitaire dans les États Membres.
Ala Alwan Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale
1 Cinq annexes du présent rapport concernant la structure du Bureau régional, la dotation en personnel, les réunions, les publications et les centres collaborateurs peuvent être consultées sur le site Web du Bureau régional à l’adresse suivante : //www.emro.who.int/about-who/annual-reports/
Introduction et faits saillants du rapport
J’ai le plaisir de présenter mon rapport annuel sur l’activité de l'OMS dans la Région de la Méditerranée orientale qui couvre l'année 2014 et le début de 2015. Comme les deux dernières années, le rapport est centré sur les priorités stratégiques approuvées par le Comité régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale lors de ma prise de fonctions en 2012 . Les priorités stratégiques sont les suivantes : renforcement des systèmes de santé sur la voie de la couverture sanitaire universelle ; santé de la mère et de l'enfant ; prévention et maîtrise des maladies non transmissibles ; sécurité sanitaire et lutte contre les maladies transmissibles ; et préparation et riposte aux situations d’urgence. En même temps que les cinq priorités stratégiques qui représentent les principaux défis auxquels la Région est confrontée en matière de développement sanitaire, une attention particulière a été accordée à la réforme gestionnaire, l'amélioration des procédures administrativeset au renforcement de la conformité et de la transparence.
Au cours de l'année écoulée, les activités de l'OMS ont continué d'être dominées par la recrudescence des situations d'urgence et humanitaires dans plusieurs pays. L'ampleur des crises dans la Région est sans précédent. On estime à 58 millions le nombre de personnes qui sont désormais touchées par ces différentes crises, dont 16 millions de réfugiés et de personnes déplacées dans leur propre pays. L'OMS a soutenu des actions humanitaires aiguës en Iraq, en Jordanie, au Liban, en Libye, en Palestine, en République arabe syrienne et au Yémen, tout en maintenant ses efforts, avec les partenaires, en vue de renforcer la résilience des systèmes de santé dans les pays se trouvant dans des situations d'urgence prolongées et complexes. La destruction des établissements de santé, le manque d'accès à de nombreuses zones pour maintenir une quantité suffisante de fournitures médicales afin de fournir des soins aux patients atteints de maladies aiguës ou chroniques, et la fuite des personnels médicaux et de leur famille ont eu un impact majeur sur la capacité de certains pays à maintenir ces services. Si certains donateurs ont poursuivi leur engagement humanitaire et leur généreux soutien, le manque de financement durable constitue un obstacle majeur à notre capacité, ainsi qu'à celle de nos partenaires, à maintenir une riposte adéquate. En 2015, cette situation a entraîné l'arrêt des programmes et des activités de santé en Iraq et menace également la suspension des services et des programmes de santé dans d'autres pays.
Nous avons néanmoins continué d'intensifier notre appui à mesure que les crises prenaient de l'ampleur. L'OMS a facilité la livraison de médicaments et de fournitures médicales à des hôpitaux et établissements de santé à Gaza, pendant et après le conflit de 2014 et a dirigé le groupe santé dans le cadre de l'évaluation conjointe du secteur de la santé avec les partenaires. En Iraq, le bureau OMS de pays a été renforcé par l'affectation de membres du personnel international supplémentaires dans tous les domaines d'expertise et des centres d’activités et/ou points focaux sont désormais établis dans 19 provinces. Dix cliniques mobiles ont été établies dans le nord de l'Iraq et, depuis mai 2015, 3,5 millions de personnes ont bénéficié d'un accès direct à des médicaments et matériels médicaux essentiels, et plus de cinq millions d'enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite. En République arabe syrienne, l'OMS a adopté une approche novatrice en faveur d'une collaboration avec divers partenaires pour garantir l'accès aux zones difficiles d’accès. Plus de 13,8 millions de traitements médicaux ont été distribués, dont un tiers sont allés aux zones difficiles d’accès et, l'OMS a également mobilisé plus de 17 000 agents de santé pour mener des campagnes de vaccination contre la poliomyélite et la rougeole. Au Yémen, suite à l’escalade du conflit, l'OMS a distribué 181 tonnes de médicaments et de fournitures médicales et plus de 500 000 litres de carburant entre mars et fin juillet 2015 et a fourni des kits pour l'eau potable et l'assainissement en vue de maintenir le fonctionnement des infrastructures et établissements de santé pour les communautés et les personnes déplacées.
Le Comité régional a approuvé la nécessité de renforcer la préparation aux situations d'urgence ainsi que l'action de riposte par le biais d'une approche prenant en compte tous les risques. Fin 2014, 19pays avaient reçu un soutien pour réviser leurs plans nationaux, en vue d'adopter l'approche complète, et deux pays ont à présent finalisé ces plans. En collaboration étroite avec la Cité humanitaire internationale de Dubaï, l'OMS a désormais conclu un accord avec les Émirats arabes unis afin d'établir un centre spécialisé pour la logistique et les opérations humanitaires de l’OMS , qui permettra l'approvisionnement et la mise à disposition de fournitures médicales et de matériel aux pays connaissant des situations d'urgence dans la Région et ailleurs. Le fonds de solidarité régional pour les situations d’urgence a été mis en place. Il sera financé à hauteur de 4,9 millions de dollars US pour l'exercice 2016-2017, soit 1 % du budget de pays de l'OMS, et sera ouvert à d'autres contributions volontaires. Un soutien a été fourni au développement des capacités des points focaux pour l’action d’urgence et se poursuivra chaque année à mesure que nous continuerons d'accroître la liste régionale d'experts formés pouvant être mobilisés rapidement dans les situations d'urgence.
Suite au discussions et résolutions lors de l'Assemblée mondiale de la Santé en mai 2015, dans le sillage de la flambée de maladie à virus Ebola en 2014, et eu égard à la réforme et au renforcement des capacités de l'OMS en matière de préparation et d'intervention en cas d'urgence, nous avons effectué un examen étroit de nos capacités dans ces domaines. En conséquence, nous avons désormais entrepris d'autres réformes en restructurant et en renforçant les capacités techniques et gestionnaires dans ce domaine en vue de garantir la préparation et l'action aux niveaux national et régional ainsi qu'une coordination efficace. Grâce au soutien du gouvernement jordanien, nous avons établi à Amman un centre régional pour les situations d'urgence et l'éradication de la poliomyélite. Une unité chargée de la préparation institutionnelle est mise en place actuellement au centre à Amman pour renforcer les capacités et veiller à la préparation de l'OMS à répondre aux situations d'urgence de santé publique dans la Région. Une deuxième entité basée au Caire et composée de deux unités, action d'urgence et coordination, assurera le leadership et la coordination et veillera à la mise au point d’un mécanisme efficace de riposte et à la fourniture d’un soutien rapide aux pays en crise.
Depuis 1990, la Région a réussi à réduire considérablement la mortalité de la mère et de l'enfant, comme démontré par les dernières données de surveillance pour les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Néanmoins, ces taux de réduction se situent nettement en deçà des cibles des OMD 4 et 5 d’ici à 2015. Au niveau régional, le taux de mortalité des moins de 5 ans a chuté de 46 % entre 1990 et 2013 (en deçà de la réduction mondiale de 49 %), avec un taux moyen de réduction annuelle de 2,6 %. Ce taux est toutefois inférieur au taux de réduction de 67 % nécessaire pour atteindre la cible de l'OMD 4 d'ici à 2015. Le taux de mortalité maternelle a baissé de 50 % entre 1990 et 2013 (supérieur à la réduction mondiale de 45 %), avec un taux moyen de réduction annuel de 3 %. Ces taux sont également inférieurs à la réduction de 75 % nécessaire pour atteindre l'OMD 5 d'ici à 2015. Les neufs pays affichant les taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés ont progressé dans la mise en œuvre de leurs plans d'accélération visant à réduire davantage cette charge. Cependant, la plupart de ces pays risquent fort de ne pas atteindre les cibles des OMD d'ici 2015. Si la faiblesse des systèmes de santé et le déficit de financement constituent des obstacles majeurs auxquels il faudra s'attaquer de manière efficace, ces pays doivent également accorder une attention accrue ainsi qu'un engagement et un soutien politiques de plus haut niveau à la réduction de la mortalité de la mère et de l'enfant. De plus, un soutien plus efficace est nécessaire de la part des parties prenantes internationales et régionales. Si l'OMS continue à appuyer la mise en œuvre de mesures offrant un bon rapport coût-efficacité et un impact élevé au cours du prochain exercice, une plus grande attention sera accordée au soutien fourni aux États Membres pour s'attaquer aux difficultés des systèmes de santé et mettre en œuvre les interventions à base communautaire.
La situation concernant la malnutrition dans la Région s'est quelque peu améliorée ; toutefois les progrès sont insuffisants et des efforts supplémentaires sont nécessaires pour veiller à ce que toutes les mères et tous les enfants dans l'ensemble des pays soient suffisamment bien nourris pour maintenir la santé et le développement. Selon les Statistiques sanitaires mondiales 2014, la Région a connu en moyenne une baisse de la prévalence de la dénutrition de 22,6 % en 1991 à 13,6 % en 2012. Depuis 1990, 13 pays de la Région, soit plus de la moitié, ont atteint la cible de l'OMD 1 consistant à réduire de moitié la proportion de population qui souffre de la faim. Cependant, seuls deux de ces pays (le Koweït et Oman) ont également atteint la cible fixée lors du Sommet mondial de l'alimentation de 1996, mais la Tunisie est également très proche de cette cible et devrait l'atteindre bientôt. Les taux d'anémie, en particulier chez les femmes en âge de procréer et les enfants sont toujours élevés, tout comme les taux de retard de croissance et de faible poids à la naissance. Également crucial pour les enfants et pour la santé à long terme, la proportion de femmes pratiquant l'allaitement exclusif au sein pendant au moins six mois continue d'être très faible. L'OMS, en coordination avec les partenaires des Nations Unies, apporte un soutien aux États Membres sur la meilleure façon de mettre en œuvre les cibles mondiales de l'OMS pour la nutrition ainsi que les recommandations de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition (CIN2) qui s'est tenue en 2014. Un cadre d'action régional est en préparation et comprendra un ensemble d’options de politique générale et d’interventions d’un bon rapport coût-efficacité pour intensifier la nutrition dans la Région.
Pour l'OMD 6, si des progrès sensibles ont été réalisés dans la Région en matière de lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, ils n'ont pas suffi pour atteindre les cibles. Les problèmes touchant la capacité des systèmes de santé auxquels la Région est confrontée en général, notamment dans les pays à forte charge de maladies transmissibles, et l'impact des situations d'urgence complexes dans la Région sont les principaux facteurs entravant des progrès futurs.
Même si la prévalence globale du VIH demeure faible par rapport à d'autres régions, il importe de reconnaître que le nombre de nouvelles infections à VIH continue d'augmenter dans les groupes de populations clés présentant un risque accru de VIH. Le nombre de personnes sous traitement antirétroviral, qui est crucial pour conserver une qualité de vie et prévenir de nouvelles infections, demeure bien en deçà des cibles mondiales. Nous avons continué d'aider les pays en 2014 à mettre en œuvre l'initiative régionale pour mettre un terme à la crise en matière de traitement contre le VIH et les États Membres devraient continuer à mettre l'accent sur ce point.
La charge palustre régionale a sensiblement baissé, avec une réduction de moitié des décès et du nombre de pays touchés depuis 2000. Sept pays ont atteint la cible relative au paludisme de l'OMD 6 ; dans cinq pays, une évaluation fiable des tendances n'est pas réalisable du fait d’incohérences dans la notification des informations sur le paludisme. Un plan d'action régional a été élaboré pour mettre en œuvre la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030, l’objectif étant d'interrompre la transmission du paludisme dans les zones où ceci est faisable et de réduire la charge de plus de 90 % dans les zones où l'élimination n’est pas possible immédiatement.
Si la Région a atteint les cibles des OMD à savoir, avoir maîtrisé la tuberculose et inversé la courbe de l'incidence, elle n'a toutefois pas encore atteint les cibles du Partenariat Halte à la tuberculose consistant à réduire de moitié la prévalence et la mortalité. Cinq pays contribuent à hauteur de 84,5 % à la charge régionale de la tuberculose. Surtout, on estime que 40 % des cas ne sont pas détectés ou notifiés, ce qui a de graves conséquences sur la lutte globale contre la maladie. En 2014, l'OMS a élaboré des orientations sur la lutte contre la tuberculose dans les situations d'urgence complexes ainsi qu'un ensemble de services pour la lutte transfrontalière. Nous espérons que les pays à forte charge progresseront dans la mise en œuvre de ces importantes mesures en 2015.
Eu égard à l'éradication de la poliomyélite, la situation est restée préoccupante en 2014 ; en effet, la Région demeure endémique et représente 99 % de l'ensemble des cas notifiés dans le monde durant la seconde moitié de 2014. Néanmoins, en 2014, le terrain a été préparé pour des progrès futurs pour l’éradication de la poliomyélite dans la Région en 2015. Fin 2014, l'Afghanistan et le Pakistan avaient élaboré et mis en œuvre des plans d'accélération pour la saison de faible transmission. La riposte de la Région à la flambée au Moyen-Orient en 2013 a été rapide et de qualité ; en effet, 25 millions d'enfants ont été vaccinés lors de nombreuses campagnes menées dans huit pays. La flambée a été endiguée en 36 semaines, en dépit de la situation d’urgence complexe dans la Région, et le dernier cas a été signalé en avril 2014 ; ainsi, plus d'une année s'est écoulée sans l'apparition d'autres cas confirmés. Dans l'intervalle, la riposte à la flambée dans le Corne de l'Afrique avait permis de réduire la transmission à une petite poche fin 2014.
Les programmes nationaux en Afghanistan et au Pakistan ont maintenu leur engagement en faveur de l'éradication de la maladie, et les agents de santé et volontaires ont continué de faire preuve d'un grand courage dans le cadre des activités de vaccination menées dans des situations difficiles. Au 19 août 2015, l'Afghanistan et le Pakistan avaient signalé ensemble 36 cas dus au poliovirus sauvage contre 123 cas confirmés à la même date en 2014, soit une réduction globale de plus de 70 %. Le poliovirus sauvage étant désormais restreint à l'Afghanistan et au Pakistan, les progrès demeureront fragiles jusqu'à ce que tous les enfants dans ces derniers foyers de circulation soient atteints et vaccinés. La mise en œuvre complète des plans d'accélération demeure essentielle pour effectuer des progrès vers l'éradication en 2015. Les pays de la Région sont engagés en faveur du plan pour l’éradication de la poliomyélite dans la phase finale. Par ailleurs, tous les pays qui utilisent actuellement uniquement le vaccin antipoliomyélitique oral sont sur la bonne voie pour introduire le vaccin antipoliomyélitique inactivé en 2015.
La sécurité sanitaire est restée en tête des priorités durant l'année écoulée et les gouvernements et le public ont pu de nouveau réaliser son importance tandis que la flambée de maladie à virus Ebola se propageait dans trois pays d'Afrique de l'Ouest. La possibilité d'une importation dans la Région représentait pour nous une grande préoccupation. En réponse à une recommandation du Comité régional, l'OMS a procédé en urgence à une évaluation des capacités des États Membres à prendre en charge une éventuelle importation de maladie à virus Ebola. Entre novembre 2014 et février 2015, des évaluations rapides des mesures de préparation et de disponibilité opérationnelle ont été menées par les équipes techniques de l'OMS dans 20 pays.
Les évaluations ont permis d'identifier des lacunes critiques dans les domaines de la prévention, de la détection précoce et de la riposte ; et un plan d'action de 90 jours a par conséquent été mis en œuvre dans la Région, à partir de mai 2015, afin d'aider les pays à combler les lacunes urgentes. Plusieurs des lacunes identifiées au cours de l’évaluation avaient trait à la capacité générale des pays à mettre en œuvre les principales capacités requises au titre du Règlement sanitaire international (RSI 2005). L'ultime délai pour assurer que les principales capacités requises sont en place en vue d'appliquer le RSI est juin 2016. Des faiblesses majeures demeurent. À la lumière de ces évaluations, tous les pays doivent redoubler d'efforts afin de combler ces lacunes. L’orientation stratégique de l'OMS pour l’appui aux pays comprend un accent sur la coordination multisectorielle qui sera cruciale pour combler ces lacunes. La quatrième réunion annuelle des parties prenantes pour le RSI qui aura lieu fin 2015 examinera la mise en œuvre des plans nationaux et régionaux pour le renforcement de l'application du RSI dans le contexte d'Ebola.
Tandis qu'Ebola représentait une menace saisissante et réelle pour la santé provenant de l'extérieur de la Région, il existe d'autres menaces plus immédiates pour la santé au sein de la Région. Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) et le virus de la grippe aviaire A(H5N1) sont des menaces émergentes pour la santé auxquelles les pays doivent se préparer car les deux virus peuvent donner lieu à une pandémie. Une augmentation des cas de MERS-CoV dans deux pays de la Région en 2014, du fait principalement de transmissions secondaires et nosocomiales dans des établissements de soins de santé, a mis en exergue la nécessité de garantir la sécurité des patients et des agents de santé, et d'améliorer la lutte contre les infections dans les hôpitaux et autres établissements, ainsi que la nécessité de développer les capacités pour la prise en charge des patients souffrant d'infections à haut risque.
Au regard de ces deux menaces émergentes pour la santé, l'OMS a organisé des missions techniques dans plusieurs pays en 2014 et début 2015 pour évaluer les risques et apporter un soutien pour l’endiguement des flambées en milieu hospitalier. Plusieurs activités de renforcement des capacités ont également été menées et ont abouti à la mise au point et l’application rapide des plans de préparation en vue d'accroître la surveillance pour la détection rapide et d’améliorer les pratiques de lutte contre les infections pour le MERS-CoV et d'autres nouvelles maladies respiratoires dans tous les milieux de soins dans la Région. Des plans de communication sur les risques ont été élaborés et rapidement renforcés afin de sensibiliser les pèlerins, les agents de santé et le public en général et de prévenir une propagation internationale, en particulier pendant le hajj. Nous poursuivons les efforts pour combler les lacunes en matière de connaissances concernant le MERS-CoV afin que le secteur de la santé publique ait une meilleure compréhension de l'épidémiologie et des schémas de transmission du virus et que l'efficacité de la riposte de santé mondiale puisse être améliorée. En mai 2015, nous avons organisé la quatrième réunion d'une série de réunions scientifiques internationales sur le sujet depuis 2013. Cela a permis à la communauté scientifique internationale d'identifier les lacunes auxquels nous sommes confrontés en matière de connaissances et d'informations sur le mode et les facteurs de risque de transmission de cette infection virale émergente chez l'homme et d'identifier les mesures de santé publique les plus essentielles pour mettre fin de manière efficace à la transmission et à la propagation du virus.
La résistance aux antimicrobiens est un risque pour la sécurité sanitaire en augmentation rapide dans le monde que les États Membres de la Région commencent à peine à reconnaître. C’est un problème qui a de graves conséquences dans la Région et qui appelle une action urgente. Dans la continuité des activités menées sur la résistance aux antimicrobiens en 2013, une évaluation rapide de la situation dans les pays dans la Région a été menée en 2014 à laquelle seuls 12 pays ont participé. Les résultats ont montré les lacunes importantes des systèmes et les actions requises au niveau des pays pour faire face à la menace. Le rapport mondial qui en a résulté met en lumière le manque d'informations sur la situation dans les pays de la Région. Alors que les travaux visant à produire une analyse détaillée de la situation dans les pays, couvrant la santé humaine et animale se poursuivent, nous avons également commencé à préparer un cadre opérationnel pour aider les pays à élaborer des plans d'action en vue d'un examen lors d'une réunion ministérielle multisectorielle de haut niveau que nous prévoyons d'organiser en 2016.
Les États Membres, lors du Comité régional, ont reconnu la grave ampleur des maladies cardio-vasculaires, du cancer, du diabète et des affections respiratoires chroniques et ont approuvé un cadre d'action régional fondé sur la Déclaration politique des Nations Unies de 2011. Toutefois, malgré la nécessité urgente de lancer une action énergique et exhaustive, la mise en œuvre des principaux engagements du cadre d'action régional demeure globalement insuffisante et n'est pas proportionnelle à la gravité du problème dans la Région. L'OMS collabore avec les États Membres sur plusieurs initiatives importantes pour mettre en œuvre les principaux engagements inclus dans les quatre domaines du cadre d’action régional, à savoir gouvernance, surveillance, la prévention et soins de santé.
En 2014, les activités de l'OMS ont abouti à l'élaboration de lignes directrices techniques pour la mise en œuvre des mesures les plus économiques ou « options les plus rentables » en matière de prévention et de nombreux pays ont bénéficié d'un soutien technique. Des déclarations de politiques ainsi que des orientations sur la réduction de l’apport en sel et en graisses ont été élaborées et orientent désormais les pays pour prendre les mesures appropriées fondées sur les meilleures pratiques. Un système de surveillance a été lancé pour suivre les progrès accomplis par les pays de la Région. L'expérience internationale en matière d'intégration des maladies courantes dans les soins de santé primaires a été examinée lors d'une réunion interpays. L'action se poursuivra en 2015 et l'accent sera mis sur l'élaboration d'orientations techniques fondées sur des bases factuelles et les meilleures pratiques dans le domaine des soins de santé. Nous collaborons également avec des experts internationaux, notamment l’Université de Georgetown, afin de soutenir les pays dans le domaine de la mise à jour des interventions fiscales et juridiques pour aider à maîtriser les facteurs de risque et à promouvoir de meilleurs soins.
Suite à l'approbation en 2012 et 2013 par le Comité régional des stratégies et actions pour le renforcement des systèmes de santé, les pays ont été invités en 2014 à mettre en œuvre le cadre d'action en vue de progresser vers la couverture sanitaire universelle. Plusieurs pays ont pris des mesures importantes à cet égard et tous les pays ont désormais une idée plus précise des actions nécessaires pour relever ces défis. Ces connaissances ont été augmentées suite à l'élaboration de profils pharmaceutiques des pays qui ont permis de mettre en évidence des lacunes dans des domaines essentiels concernant la réglementation des médicaments, l'accès aux médicaments, la sélection, les achats, la délivrance et l'utilisation rationnelle des médicaments.
Une enquête approfondie sur l’éducation médicale offre également un aperçu précieux sur la marche à suivre pour que les pays améliorent la planification pour les besoins futurs dans le secteur de la santé. Le domaine de la pénurie aigüe de médecins de famille dans la plupart des pays de la Région et de la nécessité d'en intensifier la production pose un défi particulier. Des efforts sont actuellement déployés pour identifier des interventions à court et à long terme fondées sur des données factuelles afin de surmonter la pénurie concernant ces prestataires de soins. L'OMS a mené un examen complet de la situation des soins infirmiers et obstétricaux dans les pays de la Région en 2015 afin de fournir des orientations stratégiques claires pour renforcer ce domaine d'activité. Un cadre comprenant une liste d'actions prioritaires sera recommandé, en tenant compte des divers défis rencontrés par les différents groupes de pays. Le renforcement des soins infirmiers et obstétricaux demeurera une priorité pour l'OMS en 2015 et lors du prochain exercice biennal.
Deux avancées majeures ont été réalisées dans le domaine de l'information sanitaire qui est absolument essentielle à la planification sanitaire et à l'élaboration et à l'application de politiques. Le Comité régional a franchi une étape importante en 2014 avec l'approbation du cadre pour les systèmes d'information sanitaire et les indicateurs de base. Ces derniers sont le résultat des travaux approfondis effectués ces deux dernières années avec les différents secteurs dans les États Membres et avec des experts internationaux. Tous les pays doivent renforcer leurs systèmes d’information sanitaire et le défi pour eux est de mettre en œuvre le cadre et de s'attaquer aux lacunes en créant et en utilisant des données pour les 68 indicateurs de base. La principale tâche de l'OMS lors du prochain exercice sera de fournir un soutien aux pays en ce sens.
La deuxième avancée concerne les travaux effectués jusqu'à présent en matière de renforcement des systèmes d’enregistrement des actes et de statistiques d'état civil, avec un accent particulier sur l'amélioration de la notification de la mortalité par cause spécifique. Des évaluations rapides ont été menées dans tous les pays et des évaluations exhaustives dans 17 pays. Notre Région dispose actuellement des informations les plus complètes sur la situation de l’enregistrement des actes et de statistiques d'état civil dans les États Membres. Les pays ont été informés des lacunes existantes et priés de prendre des mesures à cet égard sur la base de la stratégie régionale approuvée par la soixantième session du Comité régional. Alors que nous développons notre capacité régionale, en collaboration avec d'autres institutions des Nations Unies, la production de données sur la mortalité et les causes de décès doit faire l'objet d'une attention plus importante au sein des systèmes de santé.
L’année 2014 a également été importante pour la réforme gestionnaire de l'OMS ; nous avons en effet continué de mettre en œuvre notre engagement en faveur d'une plus grande efficacité, responsabilisation et transparence. La préparation rapide du budget programme pour 2016-2017 et l'implication précoce des partenaires par le biais de l'approche ascendante a abouti à l'amélioration de la planification conjointe, un nombre mieux défini de priorités identifiées et une allocation budgétaire conforme aux priorités des pays. Une amélioration des compétences en matière d'établissement de priorités et de planification a manifestement pu être observée.
Nous avons poursuivi notre appui à l'augmentation de la participation des États Membres à la gouvernance de l'OMS, en organisant des séances d'information de haut niveau pour les représentants des États Membres et des missions permanentes à Genève et ce, avant chacune des grandes réunions des organes directeurs de l’OMS (Assemblée mondiale de la Santé et Conseil exécutif). Ces séances se sont révélées précieuses sur le plan de la contribution des États Membres de la Région aux discussions mondiales sur la santé et le travail des organes directeurs.
Les efforts visant à renforcer la présence de l'OMS dans les pays se sont également poursuivis, une attention particulière étant accordée à l'amélioration de l'expertise technique et de la gestion globale. Les capacités des bureaux de pays ont été évaluées par rapport aux six catégories d'activités afin de garantir la présence de capacités stratégiques et techniques en matière de leadership. On a constaté en 2014 un élargissement majeur des capacités techniques dans plusieurs bureaux de pays tandis qu'en 2015, l’action s’est concentrée sur le renforcement de l’administration générale et de la capacité administrative sur le terrain. Une stratégie spécifique a été élaborée pour augmenter le respect de la conformité dans plusieurs domaines de nos activités, dans tous nos bureaux, notamment la gestion de la performance et le respect du Statut et du Règlement du Personnel. L'amélioration de la conformité demeurera la première des priorités au cours des prochaines années.
La complexité des questions liées aux opérations et à la sécurité dans la Région continue de constituer des défis et des obstacles aux opérations de l'OMS, tant sur le plan technique que gestionnaire. La situation dans la Région globalement a également eu des conséquences regrettables sur notre capacité à attirer des effectifs expérimentés pour gérer le volume de travail croissant et les besoins en matière d'action dans tous les domaines d'activités avec les États Membres. Tandis que nous prenons des mesures pour trouver une solution à cet égard, nous prenons également des mesures pour soutenir les besoins à venir des pays dans plusieurs domaines clés.
Le renforcement des capacités de santé publique dans les États Membres continue d'être privilégié. Suite au lancement en 2013 d'une initiative régionale visant à évaluer les capacités de santé publique dans les pays, deux évaluations de pays ont été menées avec succès, avec le soutien de l'OMS et d'une équipe d’experts en santé publique internationale. L'outil d'évaluation a été examiné début 2015 et sera davantage précisé avant d'élargir davantage l'initiative. Un nombre croissant d'États Membres demandent à l'OMS de mener l'évaluation et de les aider à mettre en œuvre ses recommandations.
Un Programme de leadership pour la santé a aussi été lancé début 2015, visant à former les futurs hauts responsables de la santé publique qui pourront s'attaquer de manière proactive aux questions de santé à l'échelle nationale et locale qui ont des répercussions directes sur la santé de la population et jouer un rôle actif dans le contexte de la santé publique mondiale. La première partie d'une durée de quatre semaines, réalisée en deux temps à Genève et à Mascate, a connu un grand succès et a été très appréciée par les participants. La deuxième partie débutera fin 2015.
Nous avons également continué d'accueillir le séminaire régional annuel sur la diplomatie sanitaire qui s'est avérée hautement utile pour rassembler les représentants des ministères de la Santé et des Affaires étrangères, des parlementaires et des universitaires dans des discussions autour de la convergence entre le secteur de la santé et les autres secteurs. Des séminaires-ateliers successifs ont montré l'importance continue de ce type de dialogue pour sensibiliser et faire comprendre les questions sanitaires essentielles auxquelles notre monde est confronté et le rôle de l'ensemble des secteurs dans la diplomatie sanitaire aux niveaux mondial, régional et national. Nous continuerons à aider les pays dans leurs efforts pour le renforcement des capacités et l'amélioration de la santé des populations de la Région.
Ala Alwan Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale
MERS-CoV
Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) est un nouveau coronavirus qui a été détecté pour la première fois chez un patient en Arabie saoudite en septembre 2012.
Pour un nombre de patients, notamment ceux qui sont atteints d’une maladie chronique, le virus peut causer de symptômes graves qui requièrent un soin intensif à l’hôpital.
Les symptômes communs sont les suivants : une maladie respiratoire aiguë avec de la fièvre, la toux et une insuffisance et des difficultés respiratoires. La présence d’une pneumonie virale ainsi que des symptômes gastro intestinaux, dont la diarrhée, est fréquente pour la plupart des patients.
Dans la Région de la Méditerranée orientale, certains pays (Égypte, Jordanie, Kuweit, Liban, Oman, Arabie saoudite, Tunisie, Qatar, Émirats arabes unis et Yémen) ont, jusqu’ici, notifiés des cas confirmés au laboratoire du MERS-CoV. La source de l’infection humaine reste inconnue. Cependant, les données scientifiques actuelles suggèrent que le virus est transmis à travers des chameaux, mais la mode de transmission du virus des chameaux à l’homme demeure inconnue quoique les contacts direct et indirect avec les chameaux soient présumés être un facteur de risque pour la transmission du virus à l’homme.
Renforcement des systèmes de santé en vue de la couverture sanitaire universelle
Couverture sanitaire universelle
En 2015, l’OMS a intensifié son soutien aux États Membres afin d’accélérer les progrès sur la voie de la couverture sanitaire universelle, de s’acquitter des engagements pris par le Comité régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale dans la résolution EM/RC60/R.2 (2013) et de mettre en œuvre le cadre d’action régional en vue de faire progresser la couverture sanitaire universelle (EM/RC61/R.1). Le cadre se concentre sur quatre aspects principaux : développer une vision et une stratégie pour atteindre la couverture sanitaire universelle ; améliorer la protection contre les risques financiers ; élargir la couverture des soins de santé indispensables ; et garantir l’extension et le suivi de la couverture de la population.
Financement de la santé, extension de la couverture de la population et amélioration de l’accès aux services
Malgré des progrès notables, les pays continuent de se débattre avec les manques d’efficacité, les inégalités et les problèmes liés à pérennité des systèmes de financement de la santé. Il est essentiel de surmonter ces obstacles pour atteindre les objectifs de la couverture sanitaire universelle. En 2015, le soutien de l’OMS s’est concentré sur les éléments suivants : la poursuite de l’analyse des systèmes de financement de la santé dans les pays ; la conduite d’examens techniques de haut niveau pour les réformes en cours portant sur les systèmes de santé et les modes de financement ; la mise en place de dialogues politiques pour identifier les options de financement de la santé propres à chaque pays ; et le renforcement des capacités régionales et nationales dans des domaines spécialisés du financement de la santé.
Les systèmes de financement de la santé de sept pays ont été analysés à l’aide de l’outil OASIS (Analyse organisationnelle en vue de l’amélioration et du renforcement du financement de la santé) de l’OMS pour évaluer les pratiques institutionnelles et organisationnelles concernant les fonctions de collecte, de mutualisation et d’achat dans le cadre du financement de la santé. Deux missions d’examen de haut niveau ont été organisées, l’une en République islamique d’Iran pour évaluer la pertinence et l’impact du plan de transformation sanitaire lancé en 2014, l’autre en Tunisie pour guider la stratégie sanitaire nationale du pays. Des sessions de dialogue politique de haut niveau ont été organisées dans quatre pays afin d’identifier les options de financement de la santé en vue de la couverture sanitaire universelle. Les efforts de renforcement des capacités se sont concentrés sur les achats stratégiques pour réformer les méthodes de paiement des prestataires, et sur l’évaluation de la protection des risques financiers pour suivre les progrès en vue de la couverture sanitaire universelle.
Une consultation d’experts et une réunion régionale sur l’élargissement de la couverture aux groupes les plus vulnérables et issus du secteur informel a conduit à l’élaboration d’un projet de feuille de route visant à étendre la couverture sanitaire à ces groupes dans la Région. Des notes d’orientation sur les méthodes de paiement des prestataires et sur le financement de la demande ont été produites et diffusées.
Le Bureau régional a également instauré une collaboration stratégique avec un large réseau d’experts internationaux au moyen du projet Disease Control Priorities 3 (DCP3) afin d’élaborer un ensemble prioritaire de services essentiels aux fins de la couverture sanitaire universelle. L’inclusion d’interventions dans cet ensemble est fonction de critères tels que leurs répercussions effectives, le rapport coût-efficacité et l’accessibilité. Les avancées réalisées dans le cadre de cette initiative seront examinées lors d’une session extraordinaire en marge de la soixante-troisième session du Comité régional. Les pays ont accompli des progrès en vue de la couverture sanitaire universelle en manifestant un engagement politique de haut niveau, en élaborant une stratégie bien définie et en adoptant des approches novatrices pour mobiliser des ressources supplémentaires. Il existe un certain nombre de preuves de la réduction de la part de paiements directs. L’inclusion de la couverture sanitaire universelle comme cible du troisième objectif de développement durable a donné un nouvel élan à la marche vers le progrès. En 2016-2017, les efforts porteront tout particulièrement sur l’examen des moyens innovants de mobiliser les ressources, sur l’élargissement de la protection du risque financier pour les segments informels et vulnérables de la population, sur la réduction des gaspillages de ressources via une meilleure traçabilité des dépenses, et sur l’amélioration du suivi du progrès des pays en vue de la couverture sanitaire universelle.
Gouvernance de l’action sanitaire et droits de l’homme
Une évaluation régionale des capacités des ministères de la Santé en matière de formulation de politiques et de planification stratégique a été menée, suivie par un séminaire-atelier de renforcement des capacités sur la planification stratégique. L’évaluation a mis en lumière certains problèmes en matière de planification, comme notamment, des équipes et des compétences limitées dans de nombreux domaines de l’analyse et de la planification des politiques sanitaires ; des plans sanitaires multiples avec différents degrés d’engagement financier ; différentes structures de planification à l’intérieur des ministères et des défis de communication entre elles ; et de fréquents changements de leadership, affectant souvent la continuité des priorités en matière de planification.
Une évaluation régionale de l’aide extérieure et de l’efficacité de l’aide au développement a été conduite dans huit pays, utilisant des outils et des instruments spécifiques pour la collection des données provenant de gouvernements, de partenaires de développement (organismes bilatéraux et multilatéraux) et d’organisations non gouvernementales. Les résultats de cette étude ont été présentés lors d’une consultation de haut niveau rassemblant les principaux donateurs et les partenaires de développement début 2016. Il est attendu que la collaboration entre les donateurs et les partenaires de développement connaisse une amélioration via la création d’un forum des partenaires de développement régionaux.
Le travail sur la réglementation du secteur de la santé, en particulier le secteur privé, a impliqué la réalisation d’études d’évaluation dans trois pays supplémentaires. Celles-ci ont été suivies par une activité de développement des capacités régionales et par l’élaboration d’un manuel sur la réglementation du secteur privé. Un cours régional de renforcement des capacités sur les droits de l’homme et l’équité en santé, axé sur l’importance de la santé en tant que droit de la personne et dédié aux responsables politiques et aux administrateurs, a été piloté en Égypte et mis en place au Pakistan.
En 2016 et en 2017, l’accent sera mis sur le renforcement des capacités institutionnelles des unités d’analyse des politiques de santé et de planification sanitaire dans les ministères de la santé. Une attention particulière sera accordée au renforcement des capacités de mise à jour des législations sanitaires, au renforcement des capacités des organismes de réglementation pour les institutions des secteurs privé et public, au plaidoyer en faveur de la valeur de la santé comme droit de la personne, et à la coordination entre partenaires de développement, ainsi que l’utilisation efficace de l’aide extérieure dans les établissements de développement et humanitaires.
Développement des personnels de santé
Dans ce contexte de renforcement des capacités des systèmes de santé et de progrès en vue de la couverture sanitaire universelle, le développement des personnels de santé constitue une priorité. La situation des personnels de santé dans la Région reflète les tendances mondiales, avec des pénuries d’effectifs, une distribution inégale, et des défis de qualité, de fidélisation et de performance, accompagnés par un nombre diminuant des personnels de santé dans les pays en situation d’urgence prolongée. Une grave pénurie de personnels existe dans les pays du groupe 3, tandis que les pays du groupe 1 sont grandement dépendants des professionnels de santé expatriés . Les principaux problèmes incluent des capacités de gouvernance limitées, un manque de coordination cohérente entre les parties prenantes/les partenaires au niveau national, et un manque d’information fiable. La situation diversifiée de la Région signifie que différents pays sont confrontés à différents problèmes, qui doivent être traités au cas par cas.
Pour faire face aux défis et aux principaux problèmes, un projet de document de travail pour le développement des personnels de santé a été élaboré dans le cadre d’une série de consultations qui ont eu lieu depuis 2014. Le projet de cadre stratégique qui en est ressorti est aligné avec la stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la santé approuvée par l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2016 et sera discuté par les États Membres en marge du Comité régional en octobre 2016.
Le renforcement de l’enseignement médical constitue une priorité dans la Région. Une évaluation de la situation de l’enseignement médical a été conduite dans différents pays, en collaboration avec la Fédération mondiale pour l’éducation médicale et par le biais d’une enquête réalisée dans les établissements d’enseignement médical accompagnée d’une série de consultations sur le sujet. Sur la base des résultats, un cadre d’action régional sur l’enseignement médical a été élaboré et approuvé par le Comité régional. La mise en œuvre du cadre sera discutée avec les ministres de la santé et de l’enseignement supérieur et sera planifiée au cours d’une réunion de haut niveau prévue début 2017.
Un programme de leadership en santé a été lancé début 2015 en collaboration avec la Harvard School of Public Health, pour renforcer les capacités des leaders actuels et futurs du domaine de la santé publique dans la Région. Le programme intensif de quatre semaines a été conduit en deux fois, dans deux lieux (Genève et Mascate). Face au succès du premier cycle, le deuxième cycle a été mis en place en novembre 2015/janvier 2016.
Dans le domaine des soins infirmiers et obstétricaux, un examen approfondi des enjeux et des obstacles faisant frein au développement des personnels infirmiers et des sage-femmes a été mené. Les résultats ont été discutés lors d’un forum régional sur le futur des soins infirmiers et obstétricaux dans la Région, et une réunion ultérieure d’un groupe d’experts internationaux a défini les actions à entreprendre pour traiter ces problèmes. Le cadre d’action régional sur le renforcement des soins infirmiers et obstétricaux 2016-2025 a été présenté au Ministres de la Santé et aux hauts responsables du secteur de la santé des États Membres de la Région en marge de l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2016. Une consultation s’est aussi tenue en 2015 pour examiner la réglementation des personnels infirmiers, obstétricaux et paramédicaux. Des priorités et des options ont été identifiées pour renforcer la réglementation avec des politiques solides prévues pour protéger la santé du public.
La compréhension de la situation d’autres professionnels de santé devient une question de plus en plus importante. Des outils et des instruments ont été élaborés afin de mener une étude axée dans un premier temps sur trois groupes : les professionnels de laboratoire médical, les professionnels d’imagerie médicale et les professionnels de service de réadaptation. L’étude, la première de cette nature dans la Région, sera conclue en 2016.
Le travail sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement médical via la validation des connaissances, entre autres choses, et le renforcement des soins infirmiers et obstétricaux au moyen de la mise en œuvre du cadre d’action, va se poursuivre. Les efforts seront intensifiés pour renforcer les capacités nationales des ressources humaines pour la gouvernance en santé, qui sera nécessaire pour mettre en œuvre le cadre stratégique régional pour les ressources humaines. Une attention sera portée au renforcement des compétences des personnels de soins de santé primaires, à la réglementation de l’enseignement des professionnels de santé et de la pratique via une validation des connaissances et d’autres moyens, à l’amélioration des capacités d’enseignement pour les professionnels de la santé, à la résolution des problèmes rencontrés par ces professionnels dans les situations d’urgence, et à l’amélioration de l’information et des données factuelles sur les professionnels de la santé via des observatoires des personnels de santé.
Technologies et médicaments essentiels
L’accès à des produits médicaux de qualité garantie et sûrs (médicaments, vaccins et dispositifs médicaux) est un problème majeur dans le domaine des technologies sanitaires du fait de la faiblesse des systèmes de réglementation nationaux et des fonctions afférentes pour assurer la qualité, l’innocuité et l’efficacité des produits médicaux circulants sur les marchés locaux. La réglementation des produits médicaux constitue une priorité pour les pays.
L’harmonisation et le renforcement des fonctions de réglementation pour la post-commercialisation et la vigilance relatives aux médicaments, aux vaccins et aux dispositifs médicaux ont été spécifiquement préconisés durant les discussions d’une réunion régionale sur le renforcement des systèmes de pharmacovigilance. En outre, des orientations régionales sur la façon dont les États Membres peuvent développer et renforcer la réglementation des dispositifs médicaux au moyen d’une approche progressive ont été élaborées, sur la base des pratiques de réglementation existantes en vigueur en Arabie saoudite, en Jordanie et au Soudan. Les produits médicaux de qualité inférieure/faux/ faussement étiquetés/falsifiés/contrefaits constituent une menace pour la santé publique dans tous les pays de la Région. Les États Membres participent activement au comité d’orientation du mécanisme mis en place par les États Membres pour lutter contre ce type de produits médicaux.
Le travail a progressé dans le domaine de la bonne gouvernance dans le secteur pharmaceutique avec cinq pays dorénavant en phase I, sept en phase II et trois en phase III. Un soutien a été apporté aux réunions de l’Équipe spéciale en Afghanistan et au Pakistan pour discuter des résultats des évaluations nationales sur la transparence et pour rédiger des projets de cadres nationaux. Une réunion interpays s’est tenue avec les pays de Phase I durant laquelle des plans d’action nationaux s’étendant jusqu’à fin 2016 ont été élaborés. L’OMS a travaillé en étroite collaboration avec les équipes nationales sur la finalisation de leurs rapports d’évaluation nationale. La diversité de la Région et l’instabilité politique de nombreux pays posent des défis spécifiques. Le Tableau 1 montre les mesures du risque de corruption sur la base d’une analyse d’évaluations conduites dans 11 pays en 2015.
Tableau 1 Bonne gouvernance dans le secteur pharmaceutique : risque de corruption dans 11 pays
Niveau de risque
Fonctions de réglementation (nombre de pays)
Enregistrement
Autorisation
Inspection
Promotion
Essais cliniques
Sélection
Approvisionnement
Distribution
Extrême
1
1
5
3
1
Très élevé
3
2
2
4
1
1
Modéré
3
5
5
6
5
3
1
Léger
4
4
3
3
1
6
5
Minime
1
4
Total
11
9
11
11
8
11
11
11
Les fonctions de réglementation liées à la promotion et aux essais cliniques ont été classées à un niveau de risque de corruption extrême dans cinq et trois pays respectivement. L’inspection, la sélection et l’enregistrement ont été classés à un niveau de risque de corruption compris entre modéré et extrême dans la plupart des pays évalués. L’engagement politique, illustré par la présence de lois sur les médicaments et un meilleur accès aux médicaments, a été identifié comme un atout commun aux pays. L’absence de politiques et de modes opératoires normalisés pour des questions de conflits d’intérêt, ainsi qu’un manque d’adoption et de mise en œuvre collectives des codes de conduite ont été rapportés comme des lacunes courantes en matière de gouvernance. La présence d’évaluateurs nationaux compétents a été identifiée comme un facteur de succès, de même qu’un soutien politique de haut niveau conduisant à l’institutionnalisation de la bonne gouvernance dans le secteur pharmaceutique au sein des ministères de la Santé.
L’importance du renforcement des capacités techniques nationales en matière d’évaluation des technologies sanitaires a été soulignée durant la session préliminaire au Comité régional. Par la suite, plusieurs pays ont demandé un soutien pour l’amélioration et la création d’unités d’évaluation au sein de leurs systèmes de santé nationaux, et un soutien interrégional pour le développement de programmes dans d’autres régions OMS (Asie du Sud-Est et Pacifique occidental) a également été demandé ; le réseau régional créé en 2014 a été élargi pour inclure les pays de ces deux régions. Le réseau compte à présent plus de 100 experts et défenseurs nationaux dans ce domaine. Le renforcement des capacités pour améliorer l’accès aux dispositifs médicaux ainsi que leur qualité et leur utilisation a continué, avec plus de 70 personnels formés en Afghanistan et en Iraq.
Une nouvelle initiative a été lancée pour identifier les dispositifs médicaux prioritaires à bas prix afin d’améliorer l’accès des utilisateurs aux services de soins de santé de qualité. Pendant la première phase, un inventaire des dispositifs médicaux essentiels a été mis au point sur la base des priorités régionales. Cette initiative, qui aura la priorité entre 2016 et 2017, vise à proposer une solution à la demande non satisfaite de certains dispositifs médicaux et devrait aider les donateurs et les fabricants potentiels à rendre ces dispositifs disponibles à un prix abordable. Une étude basée sur les perceptions concernant la disponibilité et l’accessibilité des médicaments contre le cancer dans la Région a été conduite, en collaboration avec la Société européenne d’Oncologie médicale. Des campagnes de sensibilisation ont constitué la première activité de la mise en œuvre du plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens dans la Région. Le très faible niveau de disponibilité et d’accessibilité des médicaments sous contrôle reste un obstacle majeur à la fourniture de soins de qualité, tels que la gestion de la douleur appropriée, aux patients suivant un traitement contre le cancer ou subissant des interventions chirurgicales lourdes.
En 2016, nous nous concentrerons sur le renforcement des systèmes de réglementation pour tous les produits médicaux au moyen d’auto-évaluations suivies par des visites d’experts. Un appui sera également fourni pour remédier à la pénurie de médicaments essentiels et d’autres produits médicaux, et pour assurer l’équilibre des politiques nationales sur la disponibilité et l’accessibilité des médicaments contrôlés, en particulier pour les soins palliatifs L’initiative pour des dispositifs médicaux à faible coût identifiera et compilera un résumé des dispositifs prioritaires peu onéreux qui soutiendra les pays dans leur processus d’approvisionnement. Les profils de pays du secteur pharmaceutique seront mis à jour pour identifier les lacunes dans des domaines clés, tels que la réglementation, l’élaboration de politiques et les capacités techniques, les ressources humaines et l’accès aux médicaments. Sur la base des progrès réalisés en matière de politiques sur les technologies sanitaires, l’accent sera mis sur la création d’unités d’évaluation des technologies sanitaires dans les ministères de la santé à l’appui des prises de décisions et des investissements judicieux, et sur la création d’organismes de réglementation pour les dispositifs médicaux.
Prestation de services intégrés
La qualité insatisfaisante des soins de santé primaires constitue un problème courant pour tous les pays de la Région. Dans certains pays à revenu faible, l’accès géographique demeure un défi, et l’accessibilité financière pose problème dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire. Bien des pays peinent à reconfigurer leurs systèmes de soins de santé primaires pour répondre à la charge de morbidité associée aux maladies non transmissibles et aux problèmes de santé mentale. L’expansion non réglementée des prestataires de soins de santé privés pose des problèmes supplémentaires. Dans de nombreux pays affectés par les conflits, les systèmes de soins de santé ont été interrompus, ce qui complique considérablement l’accès aux services de soins de santé primaires.
Garantir l’accès à des services de soins de santé de qualité pour tous constitue un élément intégral de la stratégie pour réaliser la couverture sanitaire universelle. L’OMS a adopté la médecine familiale comme approche principale pour les soins de santé primaires et pour la promotion de services de santé intégrés centrés sur la personne dans la Région. De la même manière, le rôle des agents de santé communautaires, des soins de santé à domicile et de villes-santé reste primordial pour l’action entreprise en matière de soins primaires et communautaires. Plusieurs initiatives ont été soutenues pour augmenter la production de médecins de famille et renforcer les capacités des prestataires existants, telles que l’élaboration d’une document stratégique sur l’intensification de la production des médecins de famille dans la Région, et un cours sur six mois consacré aux principes et aux pratiques de la médecine familiale pour les généralistes, en partenariat avec l’Université américaine de Beyrouth. Le soutien à l’échelle nationale a inclus un examen des prestations de soins de santé dans plusieurs pays de la Région.
Le travail sur le secteur privé de la santé s’est poursuivi avec un séminaire-atelier régional axé sur le renforcement des capacités des pays à évaluer, réglementer et créer des partenariats avec le secteur privé. Dans le domaine de la gestion hospitalière, un examen des hôpitaux du secteur public a été effectué, suivi par un cours sur 10 jours en gestion hospitalière. Sur la base de cette évaluation et des retours reçus, le cours, qui est le premier du genre dans la Région, sera proposé aux pays en 2016.
Dans le domaine de la qualité et de la sécurité, l’outil d’évaluation pour la sécurité des patients a été revu et un manuel des interventions essentielles a été publié. Un cadre pour l’amélioration de la qualité des soins de santé primaires a été mis au point, soumis à une évaluation indépendante par des pairs et des experts, et piloté dans 40 établissements de soins de santé primaires dans quatre pays. L’outil est prêt à l’emploi pour les pays. En outre, un outil d’évaluation de l’Initiative pour la sécurité des patients à l’hôpital a été revu et mis à disposition des pays pendant la consultation régionale. Une réunion d’experts sur les principes et les pratiques de l’accréditation des soins de santé a examiné en profondeur les données actuelles et la valeur de l’accréditation dans le processus d’amélioration de la qualité des soins.
Le programme des villes-santé a été relancé avec succès, et la ville de Sharjah a été certifiée première ville-santé de la Région par l’OMS, suite à une évaluation externe. L’OMS continuera de préconiser et d’appuyer l’expansion des programmes de médecine familiale au plan technique comme stratégie globale pour la prestation de services en vue de la couverture sanitaire universelle. Un appui sera offert pour améliorer la gestion hospitalière et la performance des hôpitaux, ainsi que la qualité des soins de santé primaires. Les pays en situation de crise seront soutenus afin d’améliorer la résilience de leurs systèmes de santé et de garantir la disponibilité de soins de santé dans les situations d’urgence.
Systèmes d’information sanitaire
Dans le cadre des efforts menés pour améliorer les statistiques de mortalité, et conformément à la stratégie régionale sur les systèmes d’enregistrement des faits et de statistiques d’état civil (CRVS), des orientations techniques ont été mises au point pour soutenir les pays dans la conception de systèmes de statistiques de mortalité plus performants, et un groupe d’experts régionaux est en cours de formation en vue d’un déploiement dans les pays pour soutenir l’amélioration des statistiques de mortalité, en collaboration étroite avec les Commissions économiques et sociales pour l’Asie occidentale et l’Afrique. Des évaluations supplémentaires des systèmes d’enregistrement des faits et de statistiques d’état civil ont été menées, et seuls trois pays n’ont pas encore mené à bien ces évaluations. L’OMS procède à un suivi des pays afin que ceux-ci rendent compte de leurs plans de mise en œuvre, sur la base des priorités des pays identifiés durant les évaluations. Un soutien technique a été apporté dans l’évaluation de la qualité des données sur la mortalité par cause spécifique. D’importants progrès ont été réalisés à ce jour. En 2015, plus de 20 ensembles de données de 12 pays ont été reçus et évalués pour compléter l’utilisation d’outils standards. Les formulaires de notification et d’enregistrement des décès actuels utilisés par les pays ont été examinés selon les normes internationales. Le renforcement des capacités a été soutenu pour la certification des décès et le code selon la classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (Dixième révision CIM-10) dans plusieurs pays.
Dans le cadre des efforts pour renforcer les systèmes de collecte systématique d’informations sanitaires, pour permettre aux pays de rendre compte des 68 indicateurs de base approuvés par le Comité régional en 2014 et des objectifs de développement durable, une consultation technique a été organisée pour définir les contenus d’un outil d’évaluation harmonisé qui sera testé dans la Région en 2016. Le renforcement des capacités a été soutenu pour encourager l’utilisation du système d’information pour la gestion sanitaire DHIS2 comme plateforme pour la collecte, la notification et la diffusion de données. Afin de remédier aux principales lacunes des indicateurs de notification, le plus souvent générés sur la base d’études populationnelles, des outils ont été élaborés pour soutenir les enquêtes sur les examens de santé, couvrant les facteurs de risques comportementaux et biologiques, l’unification des soins de santé, la situation sanitaire et les dépenses de santé des ménages. L’enquête sera lancée en Tunisie en 2016, avec le soutien du gouvernement.
Le travail sur les 68 indicateurs de base s’est poursuivi avec l’élaboration d’un bref registre des métadonnées liées aux indicateurs, en plus de l’élaboration d’une liste d’indicateurs élargie incluant la liste mondiale et des indicateurs du troisième objectif de développement durable. L’OMS continuera à soutenir les États Membres dans le renforcement de leurs systèmes d’information sanitaire en rendant compte des indicateurs de base dans les trois composantes clés du système d’information sanitaire (les déterminants de la santé et les risques sanitaires ; la situation sanitaire incluant notamment la morbidité et la mortalité ; et la réponse des systèmes de santé), afin de faire la promotion de processus d’élaboration et de prises de décisions politiques efficaces. L’observatoire régional pour la santé a été davantage renforcé pour soutenir une meilleure diffusion et une meilleure utilisation des statistiques sanitaires dans la Région. Des profils sanitaires complets documentant la situation actuelle, les défis, les lacunes, les opportunités et la marche à suivre dans chaque pays et pour chaque programme de santé, ont été élaborés en collaboration avec les États Membres. Ils continueront de faire l’objet d’une mise à jour annuelle.
Plusieurs défis demeurent. La mortalité par cause spécifique et le codage selon la classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes doivent être améliorés par le biais de formations continues et d’une évaluation de la qualité des données. Des études populationnelles et des évaluations de la performance des systèmes de santé doivent être menées sur une base régulière. Les pays seront encouragés à mettre au point des plans d’investissement pour répondre à leurs besoins en capacités, et à développer des observatoires nationaux de la santé capables d’assurer une diffusion des données globale au niveau infranational pour combattre les inégalités en matière de santé.
Développement de la recherche et innovation
Un certain nombre de réunions importantes et d’activités de renforcement des capacités ont été organisées dans le domaine du développement de la recherche et de l’innovation. Le Comité consultatif de la recherche en santé pour la Méditerranée orientale a été remanié et s’est réuni pour discuter du rôle de la recherche dans le soutien des priorités sanitaires stratégiques. Il a recommandé de renforcer les capacités institutionnelles, de soutenir les carrières dans le domaine de la recherche institutionnelle, de faire la promotion de la recherche et de la déontologie pour les professionnels de santé, d’encourager la recherche collaborative intersectorielle et conjointe (nationale, régionale, internationale), de développer des bases de données extensives pour la recherche et d’utiliser la recherche pour tenir les responsables politiques de la santé informés.
Le Comité d’évaluation éthique de la recherche pour la Méditerranée orientale s’est réuni pour soutenir un examen éthique de la recherche financée par l’OMS portant sur des sujets humains. La réunion s’est attachée à assurer la compatibilité de son travail avec les directives internationales pour l’examen de la recherche en santé sur des sujets humains ; à mettre à jour les processus d’évaluation actuels pour la recherche en santé soutenue par l’OMS ; et à relever les nouveaux défis de la recherche en santé, notamment la recherche sur les politiques sanitaires et les systèmes de santé. Une consultation d’experts sur l’élaboration et l’adaptation de directives reposant sur des bases factuelles a été organisée et a conduit à l’établissement de recommandations visant à renforcer les capacités, à répondre aux besoins des États Membres, à recenser les activités liées aux directives et à élaborer des directives pour les situations spécifiquement régionales pour lesquelles il n’existe pas encore de directives. La première réunion, en plus de 10 ans, des directeurs des centres collaborateurs de la Région a conduit à la création d’un réseau. Quarante-cinq centres collaborateurs de l’OMS sont actuellement actifs dans la Région.
En collaboration avec le Norwegian Knowledge Centre for Health Services, un renforcement des capacités des chercheurs a été soutenu, l’accent étant mis sur la préparation de comptes-rendus accessibles des examens systématiques des données factuelles sur les systèmes de santé pour les responsables politiques et les parties prenantes dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ainsi que sur la préparation de résumés SUPPORT (Appui aux examens et aux essais pertinents pour les politiques). Huit compte-rendus structurés traitant des problèmes majeurs de santé publique dans la Région ont ensuite été produits. L’OMS continue de soutenir trois types de subventions à la recherche : les priorités de recherche en santé publique ; l’amélioration de la mise en œuvre des programmes par l’intégration de la recherche (iPIER), proposée en collaboration avec l’Alliance pour la recherche sur les politiques et systèmes de santé ; et les petites subventions pour la recherche sur les maladies tropicales.
Ces trois groupes ont été définis sur la base de l’état de santé de la population, de la performance des systèmes de santé et du niveau des dépenses de santé : 1) les pays dont le développement socioéconomique a progressé considérablement au cours des quatre dernières décennies, soutenus par un revenu élevé ; 2) les pays, principalement à revenu intermédiaire, qui ont mis en place de grandes infrastructures de prestation de services de santé publique mais qui sont confrontés à des contraintes budgétaires ; 3) les pays qui font face à des contraintes majeures pour améliorer les résultats sur le plan de la santé de leur population du fait du manque de ressources pour la santé, de l'instabilité politique, de conflits et d'autres défis complexes de développement.