Maladies non transmissibles | Ressources | MNT au cours des situations d'urgence

MNT au cours des situations d'urgence

Imprimer PDF

ncds_in_emergencies_updated

Qu’est-ce qu’une situation d’urgence ?

Une situation d’urgence est un événement soudain et généralement imprévu qui nécessite de prendre des mesures immédiates pour minimiser ses conséquences néfastes. Les situations d’urgence comprennent les catastrophes naturelles, telles que les tremblements de terre et les événements météorologiques graves, mais aussi les « situations d'urgence complexes » résultant d’un conflit armé et de ses conséquences, telles que les troubles civils et les crises de réfugiés (1).

Pourquoi les personnes atteintes de maladies non transmissibles sont-elles plus vulnérables à l’impact sanitaire des situations d’urgence ?

Les caractéristiques communes des maladies non transmissibles indiquent les raisons pour lesquelles les personnes atteintes de ces maladies sont plus vulnérables face à l'impact sanitaire des situations d'urgence.

Les maladies non transmissibles constituent des affections chroniques :

  • qui nécessitent la prestation de soins continus sur une longue période (souvent tout au long de la vie) ;
  • qui créent souvent une dépendance par rapport à un médicament, une technologie médicale ou un appareil ;
  • dont l’évolution entraîne des complications graves qui nécessitent des soins médicaux spécialisés, engendrent des coûts de santé et peuvent limiter la mobilité, affecter les activités quotidiennes et réduire l’espérance de vie ;
  • qui nécessitent une coordination de la prestation de soins et une intégration entre différents prestataires et contextes, avec un suivi médical régulier.

Les personnes âgées, les enfants atteints de maladies non transmissibles et les personnes ayant besoin de soins palliatifs sont particulièrement vulnérables.  

Quels sont les défis liés au traitement et à la prise en charge des maladies non transmissibles dans les situations d’urgence

Les maladies non transmissibles nécessitent une prise en charge continue pour obtenir des résultats optimaux, ce qui est difficile à réaliser dans les situations d'urgence. En outre, des catastrophes naturelles ou des conflits peuvent accroître le risque d’exacerbations aiguës de maladies non transmissibles et diminuer la capacité de riposte des systèmes de santé. Enfin, les situations d’urgence complexes peuvent compromettre la prévention de ces maladies et la lutte contre celles-ci sur une période prolongée ; entraîner un manque d’accès à un traitement en temps utile et de mauvais résultats pour les patients ; et augmenter les coûts de prise en charge des complications pour les organismes humanitaires.

Il existe de multiples mécanismes potentiels à travers lesquels les situations d'urgence peuvent accroître la charge ou interférer avec la prise en charge des maladies non transmissibles.

Traumatismes physiques

L'interaction entre les maladies non transmissibles et les traumatismes physiques subis lors des situations d’urgence peut entraîner des complications potentiellement mortelles. Par exemple, après le tremblement de terre du Sichuan en mai 2008, les équipes médicales de première ligne ont constaté que jusqu’à 38 % des survivants avaient besoin d’une prise en charge aiguë d’une maladie préexistante avant d’être opérés pour une blessure liée au tremblement de terre (2).

Dégradation des conditions de vie

Le fait de perdre son logement, la pénurie d'eau et de nourriture, le manque de capacité de stockage des médicaments et de nourriture adaptée aux restrictions alimentaires liées à la maladie, les déplacements forcés, le chômage et le besoin de sécurité physique (face aux combattants) sont autant de facteurs qui peuvent réduire la capacité des personnes touchées à prendre en charge leur maladie de manière appropriée.

Interruption du traitement

La destruction des principales infrastructures sanitaires et de la chaîne d'approvisionnement médicale ; la pénurie de prestataires de soins de santé (qui peuvent avoir été blessés ou tués) et le manque d'accès à des établissements de soins sûrs sont tous des facteurs qui peuvent empêcher une prise en charge appropriée des maladies non transmissibles dans les situations d'urgence. Même lorsque l’infrastructure sanitaire n’est pas endommagée et qu’elle est accessible, l’absence d’accès systématique à l’électricité ou à l’eau peut se traduire par l'impossibilité d'administrer des traitements vitaux, tels que l'hémodialyse. 

En général, la capacité et le niveau de sophistication du système de santé avant une situation d'urgence détermineront la probabilité de recevoir des soins après celle-ci. Les faiblesses systémiques, telles que l'absence ou le caractère incomplet de la stratégie nationale de lutte contre les maladies non transmissibles, la fragmentation des services médicaux et les ressources humaines limitées, souvent observées dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire, sont amplifiées par les situations d’urgence. Dans de nombreux États fragiles, la capacité de prise en charge des maladies peut rester bien inférieure à ce qu'elle était avant les situations d'urgence, et ce bien après la fin de la phase aiguë.

Quels devraient être les aspects prioritaires de la prise en charge des maladies non transmissibles durant les situations d'urgence ?

Les actions humanitaires dans les situations d'urgence peuvent être divisées en trois phases : préparation/atténuation, secours d’urgence et période suivant la situation d'urgence /reconstruction.

La prise en charge efficace des maladies non transmissibles dans les situations d'urgence nécessitera d'inclure les soins concernant les maladies non transmissibles dans les modes opératoires normalisés, idéalement intégrées avec d'autres aspects liés aux efforts de secours. 

Les interventions du secteur de la santé pour la prise en charge des maladies non transmissibles au cours de ces différentes phases des situations d'urgence doivent être axées sur la prévention et la réduction de la morbidité, de la mortalité et de la souffrance excessives dues aux maladies non transmissibles.

Dans la phase aiguë des situations d'urgence ou dans les situations d'urgence soudaines, le maintien de l'accès aux traitements préalables à la situation d'urgence pour les personnes vivant avec une maladie chronique avant la crise doit constituer le pilier de la riposte. Les normes minimales pour la prise en charge des maladies dans les situations d'urgence s'articulent autour de quatre actions prioritaires. Premièrement, identifier les personnes chez lesquelles on a diagnostiqué des maladies non transmissibles et déterminer si elles ont toujours accès aux traitements qu'elles recevaient avant la situation d’urgence. Deuxièmement, identifier les options de traitement pour les personnes présentant des exacerbations aiguës mettant en jeu le pronostic vital (ex. infarctus du myocarde) ou celles pour lesquelles l'interruption du traitement pourrait menacer le pronostic vital ou causer des souffrances évitables importantes (par ex. patients diabétiques nécessitant de l'insuline, patients nécessitant une dialyse rénale ou patients transplantés). Troisièmement, dans les situations où les traitements des maladies non transmissibles ne sont pas disponibles, il importe de mettre en place des modes opératoires normalisés efficaces et réalisables pour l’orientation-recours des patients. Enfin, évaluer et faciliter la disponibilité de médicaments, d’équipements de diagnostic et de tests de laboratoire de base essentiels pour la prise en charge systématique et continue des maladies non transmissibles, par le système de soins de santé primaires, sur la base de la liste modèle de l’OMS des médicaments essentiels.

Les soins anticancéreux, en particulier, nécessitent une configuration complexe de diagnostic et de prestation de services. Dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire, les capacités de soins du cancer peuvent déjà être limitées avant une situation d’urgence. Des efforts doivent donc être consentis par les acteurs humanitaires et le ministère de la Santé de chaque pays pour intégrer la prise en charge des maladies non transmissibles dans sa planification de la préparation et de la riposte face aux situations d’urgence pour le secteur de la santé, afin d'identifier et de résoudre les dilemmes éthiques liés aux ressources limitées, aux priorités concurrentes et à la justice distributive.

Pendant la phase de rétablissement après des situations d'urgence ou pendant des situations d'urgence prolongées, telles que des situations à long terme de populations déplacées, la prise en charge des maladies non transmissibles devrait s'étendre pour inclure la prise en charge des présentations subaiguës et chroniques de maladies non transmissibles précédemment identifiées, ainsi que les soins continus, à savoir la prévention des maladies liées au mode de vie et les soins palliatifs. 

La phase qui suit la situation d'urgence pourrait également être l'occasion d'améliorer les soins par rapport à la situation de départ, notamment à travers l'intégration délibérée de la prise en charge des maladies non transmissibles dans le système de soins de santé primaires et une action concertée de santé publique pour contrôler les facteurs de risque au niveau de la population. L’ensemble d’interventions essentielles de l’OMS pour lutter contre les maladies non transmissibles dans le cadre des soins de santé primaires et dans un contexte de ressources limitées fournit un ensemble de protocoles, de médicaments et de matériel pour prendre en charge les quatre maladies non transmissibles courantes (3). Ces interventions peuvent servir de guide et être adaptées au contexte local.

Références

1. Definitions: emergencies. In WHO/Humanitarian Health Action. Geneva: World Health Organization; 2015 

2. Chan, E. Y., and Kim, J. Chronic health needs immediately after natural disasters in middle-income countries: the case of the 2008 Sichuan, China earthquake. European Journal of Emergency Medicine. 2011;18(2), 111–114.

3. Package of essential noncommunicable (PEN) disease interventions for primary health care in low-resource settings. Geneva: World Health Organization; 2010