Préparation et riposte aux situations d’urgence |
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Aperçu
On a assisté en 2014 à une recrudescence des situations d'urgence et à une augmentation des besoins sanitaires, qui y sont associés, pour les populations affectées dans de nombreux pays de la Région. Au total, 58 millions de personnes sont touchées par des situations d’urgence dans la Région, dont 16 millions de réfugiés ou de personnes déplacées dans leur propre. Plus de la moitié des réfugiés du monde entier sont originaires de trois pays de la Région de la Méditerranée orientale (Afghanistan, République arabe syrienne et Somalie) et trouvent un accueil dans quatre pays seulement (République islamique d’Iran, Jordanie, Liban et Pakistan). Du fait de la crise syrienne, la population de réfugiés syriens en 2014 a été multipliée par deux en Jordanie et a triplé au Liban. À l’heure actuelle, près de 25 % de la population totale du Liban est constituée de réfugiés. La Région accueille par ailleurs le plus grand nombre de personnes déplacées du fait d'un conflit, l’Iraq, la République arabe syrienne et le Soudan comptant parmi les cinq principaux pays au niveau mondial à héberger des personnes déplacées.
En Iraq, près de 5,2 millions de personnes dans l’ensemble du pays avaient besoin d’aide humanitaire à la date de mai 2015, dont 2,1 millions sont des personnes déplacées. Il s'agit d'une des plus importantes populations de personnes déplacées dans le monde. Dans les zones touchées par l’insécurité, on estime que 80 % des établissements de santé étaient partiellement opérationnels et 4 % n’étaient pas opérationnels en décembre 2014. Le départ de près de la moitié de l'ensemble des professionnels de santé a créé un vide dans la prestation de soins de santé primaires, de chirurgie traumatologique et de soins obstétricaux dans les zones ou la violence prévalait. La fourniture de médicaments et de matériel était irrégulière en raison de l'inaccessibilité des routes et des pénuries d'électricité et d'essence. Dans les trois gouvernorats formant la région du Kurdistan, l'afflux rapide et massif de personnes déplacées a submergé le système de santé, provoquant des pénuries de médicaments critiques et surchargeant les établissements de santé. En raison de l’ampleur, du degré d'urgence et de la complexité sans précédent du conflit, en août 2014, le Comité permanent interorganisations a déclaré que la crise en Iraq constituait un niveau 3 d’urgence, soit le plus haut niveau d'urgence, et le second dans la Région après la classification de la crise en République arabe syrienne au niveau 3 en 2012.
En République arabe syrienne, en décembre 2014, près de 12,2 millions de personnes ont été touchées à l'intérieur du pays, y compris 7,6 millions de personnes déplacées et 4,8 millions de personnes vivant dans des zones difficiles d’accès ou assiégées. Quatre millions de personnes supplémentaires sont des réfugiés trouvant un abri en Égypte, en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie. Selon les informations fournies, sur les 113 hôpitaux publics évalués dans le pays fin mars 2015, 44 % étaient pleinement opérationnels, 36 % partiellement opérationnels et 20 % pas opérationnels. Les populations avaient un accès de plus en plus limité aux services de base, notamment aux soins de santé d'importance vitale, et les établissements de santé en fonctionnement se trouvaient dans l'impossibilité de faire face aux besoins croissants des populations touchées dans les zones de conflit. En raison des conditions de vie dans des lieux surpeuplés ainsi que de la baisse significative de la couverture vaccinale globale, les populations étaient de plus en plus vulnérables aux maladies transmissibles telles que la rougeole, la typhoïde et la coqueluche.
En mars 2015, le conflit au Yémen s’est intensifié, la violence concernant 19 des 22 gouvernorats du pays. En juin, plus de 20 millions de personnes étaient touchées, près de 15 millions de personnes nécessitant des services de soins de santé. Le nombre des personnes déplacées avait presque doublé en mai, atteignant plus d’un million de personnes au total. Des pénuries graves de médicaments et de fournitures médicales, et le manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux et garantir la chaîne du froid pour les vaccins, ont entraîné l’effondrement progressif du système de santé. Les pénuries de carburant ont également eu pour conséquence que 9,4 millions de personnes, selon les estimations, ont un accès limité – ou pas d’accès du tout – à l'eau potable. Des augmentations soudaines de cas suspects de paludisme et de dengue ont été signalées, avec 3000 cas suspects et un certain nombre de décès. Le manque d’accès a empêché l’OMS et les partenaires d’évaluer la situation et de fournir des mesures de lutte antivectorielle. Une incidence non négligeable des maladies diarrhéiques et de la pneumonie a aussi continué d’être notifiée. Les retards et des annulations de campagnes de vaccination ont accru le risque de flambées de rougeole et fait augmenter le risque de réintroduction de la poliomyélite dans le pays, bien que, à la date de juin, aucun cas de poliomyélite n'ait été notifié. Une pause humanitaire de cinq jours en mai a permis à l’OMS et aux partenaires d’intensifier la riposte dans l’ensemble du pays. Toutefois, les appels lancés en faveur de l’organisation d’une seconde pause durant le mois de Ramadan ont échoué.
Au Pakistan, les opérations militaires dans l’agence du Nord-Waziristan ont entraîné le déplacement de 500 000 personnes en juin 2014, portant à un million le nombre total de personnes déplacées, dont 74 % sont des femmes et des enfants. Les mauvaises conditions météorologiques, la promiscuité dans les communautés d'accueil ainsi que la mauvaise nutrition ont augmenté le risque de maladies à transmission hydrique telles que le choléra et les maladies diarrhéiques ainsi que les maladies transmises par l’air comme la pneumonie et la rougeole.
En Libye, en juin 2014, des conflits entre forces rivales ont éclaté dans les villes de Tripoli et Benghazi. En décembre 2014, plus de 2,5 millions de personnes avaient besoin d'aide humanitaire, dont 400 000 personnes déplacées. Les pénuries de médicaments et de fournitures médicales ainsi que l'évacuation de nombreux personnels de santé internationaux œuvrant dans le pays ont affaibli le système de santé et les établissements de santé toujours opérationnels ont été débordés.
En Palestine, 51 jours de combats à Gaza en juillet et août 2014 ont fait 2333 morts et 15 788 blessés parmi la population palestinienne. Un demi-million de personnes ont été déplacées et jusqu'à 22 000 maisons ont été détruites ou rendues inhabitables ; et 100 000 personnes étaient toujours sans domicile à la fin de 2014. Le conflit a provoqué une détérioration étendue des infrastructures, dont les hôpitaux, les dispensaires et les ambulances, ainsi que des installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ce qui s’est traduit par une limitation de l'accès aux services de base.
En Afghanistan, alors que le conflit armé gagnait en intensité et s’étendait géographiquement, le nombre de personnes nécessitant un accès aux services de santé a connu une augmentation, passant de 3,3 millions en 2013 à 5,4 millions en 2014. Le conflit continue de perturber lourdement la prestation de services de santé. Plus de 30 % de la population afghane n’a toujours pas accès, ou alors difficilement, aux soins de santé essentiels.
En Somalie, les Nations Unies ont tiré la sonnette d'alarme au mois de juin 2014 sur la « crise humanitaire imminente ». Près de la moitié de la population du pays n'a pas accès aux services de base et environ 3,2 millions d'hommes et de femmes ont besoin de services de santé d'urgence. Le système de soins de santé demeure faible et il existe un manque important d'agents de santé qualifiés. L'impact de cette insuffisance de services de base est ressenti le plus fortement par les personnes déplacées qui continuent d'être touchées par des flambées épidémiques dues aux mauvaises conditions d'hygiène et aux services de santé limités.
Les catastrophes naturelles ont également fait des victimes supplémentaires. En septembre 2014, les inondations au Soudan ont entraîné le déplacement de plus de 320 000 hommes, femmes et enfants, et les pluies de la mousson ainsi que les crues éclairs au Pakistan ont touché près de 1,8 million de personnes et causé 282 décès et 489 blessés. On estime que plus de 42 000 maisons ont été endommagées ou détruites, tandis qu'environ 976,5 millions d’hectares de terres agricoles ont été inondés, au moment même où les récoltes étaient sur le point de commencer. Certaines zones touchées avaient déjà subi des inondations en 2013.
L’OMS s’est pleinement mobilisée pour fournir une réponse face aux situations d'urgence susmentionnées en prenant la tête du groupe de responsabilité sectorielle Santé des Nations Unies et en mettant en œuvre ses fonctions en matière de renforcement de la surveillance des maladies et des systèmes d'alerte précoce, de renforcement des autres fonctions de santé publique, y compris la lutte contre les flambées de maladie et la vaccination et en aidant à maintenir les soins de santé de base et les services salvateurs de vies humaines.
Enjeux et riposte de l’OMS aux situations d’urgence
L’accès limité du fait de l'insécurité représente l'un des défis les plus importants qui entravent la capacité de l’OMS à organiser une riposte. En République arabe syrienne, l’accès limité a requis des moyens plus novateurs pour atteindre les populations nécessiteuses. Au Yémen, l’accès restreint au pays par tous les ports a retardé la livraison des fournitures sanitaires nécessaires en urgence. À l’intérieur du pays, la violence et l’insécurité ont rendu certaines zones inaccessibles, et ont augmenté le risque de maladies telles que le paludisme et la dengue du fait du manque d’accès des patients aux soins de santé et donc au diagnostic et au traitement en temps voulu. Parmi les défis supplémentaires, on peut citer les attaques ciblées et répétées contre des agents de soins de santé, des établissements sanitaires et des infrastructures de santé. En 2014, le Bureau régional de l’OMS a officiellement condamné ces attaques en Afghanistan, en Iraq, en Palestine, au Soudan, en République arabe syrienne et au Yémen. Le manque de financement durable pour la santé dans les ripostes aux situations d’urgence a aussi représenté un important défi, entravant la capacité de l’OMS et des partenaires en santé à riposter, et faisant courir le risque de la fermeture des services de santé et des programmes de santé existants. En 2014, la santé était financée à 45,6 % dans la Région tandis que la coordination était financée à 84,8 % et l'alimentation à 61,8 %. Malgré l’augmentation des besoins, la santé n’était financée qu’à 12,5 % pour 2015, à la date de mai. Les pays en crise continuent d’être fortement dépendants de l’aide humanitaire et de l’aide financière extérieure, qui peuvent ne pas toujours arriver au moment où les besoins sont les plus urgents.
Alors que les besoins en soins post-traumatiques ont augmenté, la capacité de riposte des partenaires a diminué du fait de l’insécurité. En République arabe syrienne, où un million de personnes ont été victimes de traumatismes durant le premier trimestre de 2015, les partenaires en santé ont été contraints à se retirer complètement des « points chauds », laissant un vide critique dans la prestation des soins post-traumatiques. Les mouvements de population de masse, associés aux faibles taux de vaccination et aux pénuries de vaccins, ont fait courir le risque de flambées épidémiques de maladies à la région dans son ensemble. Les flambées de poliomyélite et de rougeole en République arabe syrienne du fait de la crise ont entraîné la réintroduction de la poliomyélite en Iraq en 2014 après que le pays fût exempt de cette maladie pendant 14 ans.
Parmi les problèmes opérationnels rencontrés par l'OMS et les partenaires en santé, l’on peut citer la désorganisation des systèmes de santé ; l’augmentation du nombre de patients nécessitant des soins traumatiques (en particulier dans les zones difficiles d'accès) ; l’augmentation du nombre de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays ; la grave pénurie de personnels de santé car ceux-ci ont pris la fuite avec leur famille ; l’interruption des systèmes d'orientation-recours en raison de l'insécurité et du blocage des routes ; et le manque important de médicaments essentiels et de vaccins. Les déplacements en masse de population ont augmenté le risque de maladies transmissibles car les personnes déplacées à l'intérieur du territoire ont cherché refuge dans les camps surpeuplés et les espaces publics. De plus, les infrastructures pour l’eau et l'hygiène endommagées ont augmenté le risque de maladies à transmission hydrique. Les systèmes de surveillance des maladies ont été perturbés en raison des données et des informations limitées. Les patients souffrant de maladies non transmissibles chroniques ont été forcés de trouver d'autres lieux de traitement car les établissements de santé ont dû cesser leurs activités ou ont signalé des pénuries de médicaments essentiels. Les besoins en matière de santé mentale ont également augmenté du fait de la violence.
Suite à la classification au niveau 3 de la crise en Iraq, qui a impliqué une riposte organisationnelle mondiale, le bureau de pays de l'OMS a été renforcé par l'affectation de plus de 21 membres du personnel international dans tous les domaines d'expertise à compter de mai 2015. De plus, l'OMS a établi des centres d’activités et/ou points focaux dans l'ensemble des 19 provinces. Grâce au financement de l'Arabie saoudite, l'OMS a mis en service 10 unités sanitaires mobiles dans le nord de l’Iraq, couvrant 300 000 personnes déplacées et leurs communautés d’accueil. Ce projet s'inscrit dans le cadre de l'action plus large consistant à fournir rapidement un panier essentiel de services de soins de santé primaires et secondaires. En mai 2015, un accès direct aux médicaments et au matériel médical essentiels achetés et livrés par l'OMS a pu être garanti à 3,5 millions de personnes en Iraq.
Deux cas de poliomyélite ont été confirmés en Iraq début 2014. L'OMS, en collaboration avec des partenaires de santé nationaux et du système des Nations Unies, a pu vacciner plus de 5 millions d'enfants contre la poliomyélite durant les trois campagnes de vaccination nationales, à la date de mai 2015.
En République arabe syrienne en 2014, l'OMS a distribué plus de 13,8 millions de traitements médicaux aux personnes qui en avaient besoin dans l'ensemble du pays, dont plus de 32 % sont allés aux zones difficiles d’accès et aux zones sous contrôle de l’opposition. L'OMS a également mobilisé plus de 17 000 agents de santé pour vacciner environ 2,9 millions d'enfants contre la poliomyélite à travers 10 campagnes de vaccination et 1,1 million d’enfants ont été vaccinés contre la rougeole.
Au Yémen, de mars à juin 2015, l’OMS a distribué près de 130 tonnes de médicaments et de fournitures médicales et plus de 500 000 litres de carburant pour maintenir la fonctionnalité des principaux hôpitaux, entrepôts de vaccins, ambulances, laboratoires nationaux, centres de néphrologie et d’oncologie, et centres de santé dans 13 gouvernorats, atteignant un total de plus de 4,7 millions de bénéficiaires, dont 700 000 personnes déplacées et 140 000 enfants de moins de cinq ans. L’OMS a aussi livré de l’eau potable et des kits d’assainissement et des fournitures aux établissements de santé et aux personnes déplacées accueillis dans les communautés touchées, et a fourni des services d’approvisionnement en eau saine par camions aux établissements de santé et aux communautés comptant de grands nombres de personnes déplacées. L’OMS a aussi livré des antituberculeux et des antipaludiques et a apporté un appui à la lutte et la riposte contre les flambées de maladies.
Pendant et après le conflit à Gaza, l'OMS a facilité la livraison de médicaments et de fournitures médicales à des hôpitaux et établissements de santé pour pouvoir traiter des centaines de milliers de patients. Le système de groupe de responsabilité sectorielle Santé des Nations Unies a été réactivé avec l'OMS en tant que chef de file, et avec le ministère de la Santé. L'OMS a pris la tête des activités de la composante santé de l'évaluation multisectorielle, et a dirigé le groupe santé dans le cadre de l'évaluation conjointe du secteur de la santé. Malgré le conflit, l'OMS a veillé à la poursuite des activités de plaidoyer en faveur de l'accès des patients aux systèmes d'orientation-recours à l'étranger, œuvrant au niveau politique pour faciliter l'accès des patients à ces services.
Gestion des risques sanitaires
Le Comité régional a approuvé la nécessité de renforcer l'état de préparation aux situations d'urgence ainsi que l'action d'urgence par le biais d'une approche prenant en compte tous les risques (EM/RC61/R.1). Le Comité régional a demandé un soutien technique renforcé de l'OMS afin de développer les capacités nationales de gestion des risques liés aux situations d’urgence. Fin 2014, 19 pays avaient bénéficié d'un soutien pour réviser leurs plans nationaux existants de préparation et de riposte aux situations d’urgence, en vue d'adopter l'approche complète. Jusqu'à présent, deux pays ont finalisé un plan national de préparation et de riposte aux situations d'urgence sanitaire englobant l’ensemble des risques. En appui au processus de planification, le protocole complet d'évaluation des risques multiples a été testé en République islamique d'Iran ainsi qu'une analyse complète de la vulnérabilité. En Afghanistan, on a renforcé les capacités de prise en charge de grands nombres de victimes, en collaboration avec les partenaires.
En 2014, l’action de l'OMS dans les situations d'urgence dans la Région a été possible grâce à l'appui de plusieurs donateurs, notamment l'Arabie saoudite, l'Australie, le Canada, la Chine, la Commission européenne, la Corée, les Émirats arabes unis, les États-Unis d'Amérique, la Finlande, l'Italie, le Japon, le Koweït, la Norvège, la Fédération de Russie, la Suisse, la Turquie, et le Royaume Uni.
Mise en œuvre des stratégies adoptées par le Comité régional
Des progrès ont été accomplis en ce qui concerne la mise en œuvre des résolutions approuvées par le Comité régional. Le processus consistant à mettre en place un fonds de solidarité régional pour les situations d’urgence a été lancé afin qu’il soit possible de financer une riposte renforcée/rapide pour répondre aux catastrophes naturelles et causées par l'homme dans la Région. Le Comité régional a renforcé cette idée, en exhortant les États Membres à contribuer au Fonds en y consacrant au minimum 1 % du budget qui leur est alloué par l’OMS, en plus des autres contributions volontaires, chaque fois que cela est possible.
Dans le but de créer un fichier régional d’experts formés capables de répondre rapidement et efficacement à toute situation d'urgence, y compris les flambées épidémiques, le Bureau régional a fourni un soutien au renforcement des capacités des points focaux pour l'action d'urgence pour la formation à la mobilisation rapide de personnels en cas de situation d’urgence, et cet appui se poursuivra chaque année. Afin de garantir l'approvisionnement et la mise à disposition de fournitures médicales et de matériels aux pays confrontés à des situations d'urgence dans la Région et au-delà, l'OMS est sur le point de finaliser un accord avec le gouvernement des Émirats arabes unis pour établir un centre spécialisé pour la logistique/les opérations humanitaires de l’OMS.
L'OMS continuera de coopérer avec les États Membres en vue de renforcer la capacité des systèmes de santé à prévenir les situations d’urgence et les crises, en atténuer les effets, s’y préparer et organiser l’action d’urgence et le relèvement en suivant une approche en faveur de la santé globale et multisectorielle, et en mettant particulièrement l’accent sur le renforcement des capacités techniques en matière de préparation. |
Mettre en œuvre les réformes gestionnaires de l’OMS |
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Programmes et définition des priorités
L’OMS a continué de renforcer sa mise en œuvre de la réforme dans la stratégie programmatique et la définition des priorités, avec l’objectif d’améliorer les résultats en matière de santé aux niveaux mondial et régional en se concentrant sur les avantages comparatifs. Le Bureau régional a fourni un appui pour les aspects stratégiques de l’action de l’OMS au niveau des pays en assurant une liaison régulière avec les bureaux de pays de l’OMS et les parties prenantes régionales concernées pour ce qui concerne l’élaboration, le suivi et l’évaluation des stratégies de coopération avec les pays. De nouvelles directives relatives à ces stratégies de coopération avec les pays ont été publiées. Un groupe pilote initial de quatre pays a été constitué et une formation organisée. Les nouvelles directives plaident en faveur d’une appropriation nationale importante et d’un processus de négociation et de développement consultatif et inclusif. Le développement de partenariats a été encouragé, notamment avec la Ligue des États arabes, le Groupe régional des Nations Unies pour le développement, l’Organisation de la coopération islamique et des organisations et institutions régionales des Nations Unies. Le processus de planification opérationnelle régional ascendant a eu lieu à temps pour le Dialogue sur le financement de l’OMS qui s’est tenu à Genève en novembre 2015 et a ainsi permis d’initier la mise en œuvre pour l’exercice biennal 2016-2017 de manière tout aussi précoce.
Les résultats du rapport de fin d’exercice biennal sur l’appréciation de l’exécution du budget programme 2014-2015 ont montré que le budget régional de base de USD 268 millions avait été financé à hauteur de 84 %, tandis que le budget d’urgence alloué, d’un montant de USD 585 millions, avait été financé à 89 %. L’utilisation du budget programme de base (dépenses et charges financières) a été de 83 % et l’utilisation des financements réellement disponibles a atteint 99 %. Quant au budget du programme d’urgence pour la Région dans son ensemble, son utilisation a été de 85 % et celle du financement de 96 %, l’OMS au niveau régional atteignant un taux global élevé d’utilisation des financements de 97 % à la clôture de l’exercice biennal. En ce qui concerne l’investissement dans les domaines d’action prioritaires au niveau des pays, 85 % des financements souples ont été alloués aux priorités nationales.
La livraison des produits techniques a également atteint un niveau élevé, en particulier au regard des efforts constants déployés par le Bureau régional et les bureaux de pays pour répondre aux situations d’urgence liées à des événements, 78 % des objectifs ayant été réalisés en totalité et 22 % en partie.
Le Bureau régional a été un partenaire actif dans le renforcement des réseaux mondiaux de catégories et de secteurs de programme, qui contribuent à la cohérence programmatique et technique aux niveaux mondial, régional et national. Les réseaux de catégories et de secteurs de programme jouent un rôle essentiel dans l’harmonisation des priorités pour la planification ascendante au niveau des pays, avec des engagements émanant, entre autres, de résolutions régionales et mondiales visant à assurer l’exhaustivité et la complétude des plans de travail.
Dans la perspective de l’adoption en septembre 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies du nouveau programme de développement pour la période 2016-2030 exprimé dans le cadre des 17 objectifs de développement durable (ODD), dont un (l’Objectif 3) concerne spécifiquement la santé et comporte 13 cibles, des travaux ont débuté en vue de préparer des plans pour aborder les OMD non terminés et le programme intégré des ODD. Ils ont été présentés lors de la soixante-deuxième session du Comité régional.
Dans le cadre des examens programmatiques périodiques en cours, une consultation d’experts s’est tenue début 2016 sur le Programme mondial en langue arabe. Des participants régionaux possédant des compétences en traduction, publications et santé publique ont examiné l’action du programme et les réalisation des deux dernières décennies. Prenant en compte le contexte actuel, la pression sur les ressources disponibles et la nécessité de rationaliser l’orientation stratégique du programme, il a été recommandé de concentrer les ressources sur la traduction des publications de l’OMS dans les domaines prioritaires stratégiques et de mettre à jour le Dictionnaire médical unifié.
Gouvernance
Conformément aux pratiques de ces dernières années, une réunion de haut niveau des ministres et des représentants des États Membres et des missions permanentes à Genève s’est tenue avant la réunion de l’Assemblée mondiale de la Santé. Ces réunions offrent à chaque fois l’occasion d’évaluer, en présence des ministres de la Santé et des représentants des gouvernements, les progrès réalisés dans la gestion des principales priorités depuis la dernière réunion du Comité régional. Elles renforcent également la participation des États Membres aux discussions mondiales sur la santé et sur la réforme de l’OMS. Des réunions quotidiennes pendant la session du Conseil exécutif et l’Assemblée mondiale de la Santé ont fourni aux États Membres de la Région des opportunités supplémentaires d’entrer en contact et de convenir de positions communes qui affectent la Région.
Lors de sa soixante-deuxième session qui a eu lieu en octobre, le Comité régional a adopté cinq résolutions en relation avec les priorités stratégiques régionales. Immédiatement avant la session, une journée de réunions techniques a eu lieu en vue de tenir des discussions sur les sujets actuels qui présentent un intérêt pour la Région. En fonction de la pertinence de l'issue des débats, ces sujets ont fait l'objet de discussions approfondies au Comité régional. Ce processus, qui suit la révision du règlement intérieur approuvée par le Comité régional lors de sa cinquante-neuvième session, s’est avéré être un forum de discussions techniques de haut niveau avec les États Membres.
Gestion
Le Bureau régional a continué de développer des instruments essentiels pour le renforcement du processus de réforme de l’OMS en mettant particulièrement l’accent sur la réforme gestionnaire, en travaillant en étroite collaboration avec tous les autres niveaux de l’Organisation en vue d’atteindre les objectifs du douzième Programme général de travail. Le Bureau régional a également continué d’améliorer ses capacités en matière de planification, prévision, mise en œuvre, suivi et évaluation, de manière à parvenir à une utilisation et à une distribution plus efficaces des ressources limitées, afin que l’OMS dans la Région soit mieux adaptée à son objectif.
Les mesures gestionnaires, associées au processus de réforme en rapport avec la mobilité et de la rotation des équipes, la gestion de la performance et la planification et la gestion des ressources humaines ont été renforcées par la promotion d’une culture favorisant la redevabilité. Cette dernière et les contrôles ont continué de constituer le cœur des efforts d’amélioration, l’accent étant mis sur les cinq domaines concernés par le contrôle de la conformité qui ont été mentionnés à plusieurs reprises au cours d’observations issues des vérifications internes et externes les années passées : les contributions financières directes, la mise en œuvre directe, les ordres d’achat sur le compte d’avance, les inventaires de stocks et les méthode de contractualisation des employés n’ayant pas le statut de membres du personnel. Ces domaines ont été suivis de près tout au long de l’année au moyen de tableaux de conformité mensuels. L’objectif consistant à réduire au minimum les observations des vérifications et à classer toutes les observations des vérifications en cours depuis longtemps a été atteint en totalité à la fin de l’année, avec plus de 230 recommandations classées. Cette tâche a été accomplie tandis que la Région accueillait un nombre jamais atteint de missions de vérification (sept, dont deux au Bureau régional) au cours de la même année. Toutes les vérifications ont donné lieu à des évaluations satisfaisantes ou partiellement satisfaisantes, montrant une nette amélioration des contrôles par rapport aux années précédentes et un engagement profond en faveur de la tolérance zéro envers la non-conformité dans l’ensemble de la Région.
Plusieurs initiatives lancées au cours du dernier exercice biennal se sont également avérées utiles pour d’autres régions. Il s’agit notamment des points suivants : un poste dédié à la conformité et à la gestion du risque ; un suivi amélioré de la conformité et la préparation de rapports au moyen de tableaux de bord ; des pactes de redevabilité avec les responsables de centres budgétaires et les agents administratifs liés aux mécanismes de gestion des performances ; des questionnaires d’auto-évaluation pour les responsables à l’appui des énoncés de gestion sur le contrôle interne ; des initiatives de renforcement des capacités, telles qu’un programme de formation intégré pour les centres budgétaires, les forums de conformité et de nombreuses autres initiatives de vulgarisation ; des projets pilotes comme base des examens programmatiques et administratifs ; la création d’une capacité d’appui supplémentaire dans la Région, avec un accent particulier sur les pays qui connaissent une situation d’urgence ; des visites de pays ciblées visant à fournir un appui sur place ; et un appui gestionnaire renforcé en matière de préparation aux situations d’urgence et d’organisation de la riposte, notamment la création d’un fonds de solidarité régional.
L’OMS relèvera plusieurs défis spécifiques en 2016-2017, parmi lesquels la nécessité de : renforcer les capacités au sein des institutions afin d’aider les États Membres à suivre l’évolution des exigences ; de renforcer les perspectives au niveau national en matière de réponse aux situations d’urgence aiguës et prolongées ; d’envisager un déploiement et une mise en œuvre selon le principe des mesures « sans regrets » ; de créer un registre régional des risques en plus du registre des risques d’entreprise ; et apporter en permanence des améliorations en matière de redevabilité et de contrôle, intégrés dans les cadres réglementaires. |
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Transmission
Le virus Zika se transmet à l’être humain par la piqûre d’un moustique infecté du genreAedes, le plus souvent Aedes aegypti dans les régions tropicales. C’est le même moustique qui transmet les virus de la dengue, du chikungunya et de la fièvre jaune à l’origine de flambées récurrentes dans un certain nombre de pays.
Nombre de pays affectés
Les huit pays qui suivent, appartenant à la Région de la Méditerranée orientale, ont rapporté la présence du moustique Aedes aegypti, mais sans cas documenté passé ou actuel de maladie à virus Zika sont les suivants : l’Arabie saoudite, Djibouti, l’Égypte, Oman, le Pakistan, la Somalie, le Soudan et le Yémen.
En février 2017, aucun pays de la Région n’avait rapporté de transmission locale ou d’importation de la maladie à virus Zika. Néanmoins, les pays doivent rester vigilants afin de prévenir la propagation du virus, s’il était amené à atteindre la Région. La surveillance épidémiologique, en laboratoire et vectorielle doivent être renforcées aux niveaux national et infranationaux afin de détecter tout signe de transmission locale ou d’importation.
À ce jour, un total de 84 pays et territoires de par le monde ont rapporté une transmission de l’infection à virus Zika, dont 61 régions où la transmission se poursuit actuellement avec de nouveaux cas ou une réintroduction signalés depuis 2015.
L’OMS a déclaré la maladie à virus Zika urgence de santé publique de portée internationale le 1er février 2016 du fait de la concentration de troubles neurologiques et de malformations néonatales signalées dans la Région des Amériques. À la suite de cette annonce, davantage de cas ont été rapportés dans des pays où la présence de moustiques vecteurs était connue et la recherche a établi le lien entre l’infection à virus Zika et la microcéphalie.
Bien que la maladie à virus Zika et les effets associés demeurent un défi de santé publique nécessitant une action appuyée, elle ne constitue plus une urgence de santé publique de portée internationale telle que définie dans le cadre du Règlement sanitaire international (2005). Le 18 novembre 2016, l’OMS a déclaré la fin de l’état d’urgence de santé publique de portée internationale pour la maladie à virus Zika et la microcéphalie.
Une baisse des cas signalés d’infections à virus Zika dans certains pays a été observée. En revanche, aucune diminution globale des flambées n’est à noter, et l’évaluation des risques mondiaux associés au virus demeure inchangée.
Microcéphalie et syndrome de Guillain-Barré
Il n’existe pas de consensus scientifique international pour affirmer que le virus Zika est à l’origine de cas de microcéphalie et de syndrome de Guillain-Barré. En février 2017, trente pays ou territoires avaient rapporté des cas de microcéphalie et d’autres malformations du système nerveux central potentiellement associés à des infections à virus Zika, et vingt et un pays ou territoires avaient fait état d’une augmentation du nombre de cas de syndrome de Guillain-Barré et/ou de la confirmation en laboratoire de l’infection à virus Zika parmi les cas de syndrome de Guillain-Barré.
Symptômes
Seuls 20 % des patients infectés par le virus Zika manifestent des symptômes incluant une fièvre modérée, une éruption cutanée, et une conjonctivite. Normalement, ces symptômes durent entre 2 à 7 jours. Il n’existe ni vaccin pour prévenir l’infection à virus Zika, ni traitement antiviral spécifique.
Liens connexes
Plan de préparation en cas de maladie à virus Zika pour la Région de la Méditerranée orientale
Plan de préparation en cas de maladie à virus Zika pour la Région de la Méditerranée orientale [dépliant]
What is a public health emergency of international concern?
Aperçu complet de la situation de la maladie à virus Zika
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Renforcement des systèmes de santé |
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Situation en 2012
Le besoin de renforcement des systèmes de santé dans la Région apparaissait clairement en 2012, et la situation n’a pas beaucoup changé actuellement. Les inégalités en matière de santé sont choses courantes, non seulement au sein des groupes 2 et 3 de pays, mais aussi au sein du groupe 1 . L’exposition aux risques pour la santé va croissante, notamment pour les causes premières de maladies non transmissibles - les principales causes de décès dans la Région. Les frais des soins de santé augmentent et la couverture par l’assurance maladie est faible, ce qui pousse les familles à débourser d’importantes sommes d’argent et condamne un grand nombre d’entre elles à la pauvreté. L’accès à des soins de santé de qualité - et parfois à des soins quels qu’ils soient - est hors de portée pour une part considérable de la population de la Région. Si des réseaux d’infrastructures sanitaires modernes, des professionnels de santé compétents, ainsi que des technologies médicales et des produits pharmaceutiques avancés sont totalement disponibles pour les citoyens de certains pays, ce n’est clairement pas le cas de tous les pays. De telles différences de capacités entre les systèmes de santé contribuent à la création de divergences en matière de résultats sanitaires tels que l’espérance de vie, et la mortalité maternelle et infanto-juvénile.
Les systèmes d’information sanitaire, notamment les systèmes d’enregistrement des faits et de statistiques d’état civil, ne permettent pas de saisir les données d’état civil nécessaires pour la planification, l’élaboration et le suivi du système de santé. Ceci comprend des données fiables sur les naissances, les décès et les causes de décès, et des indicateurs sanitaires clés. S’il y a des différences entre les pays en termes de qualité du système d’information sanitaire, tous sont dépourvus d’un système complet et entièrement fonctionnel capable de fournir l’information requise rapidement et de manière fiable en vue de la planification et de l’élaboration de politiques.
Les capacités et les ressources en matière de préparation aux situations d’urgence et d’organisation de la riposte sont insuffisantes et fragmentées. La violence, la destruction des infrastructures, notamment des infrastructures de soins de santé, et le déplacement de dizaines de millions de personnes sont à l’origine d’une grave crise pour les systèmes de santé qui n’étaient pas suffisamment préparés. En réponse directe à ces problèmes et à d’autres problèmes sanitaires graves, le Bureau régional, en collaboration avec les bureaux de pays, les ministères de la Santé, le Siège de l’OMS et d’autres partenaires, a entamé un processus de renforcement des systèmes de santé des États Membres.
En octobre 2012, le Comité régional a adopté une résolution (EM/RC59/R.3) sur le renforcement des systèmes de santé dans les pays de la Région de Méditerranée orientale. La résolution, qui a conclu que l’amélioration de la santé de la population de la Région « ne peut être obtenu[e] que moyennant des systèmes de santé nationaux performants, qui assurent un accès universel à des soins de santé efficaces et de bonne qualité »,a exhorté les États Membres à se concentrer sur sept priorités stratégiques (encadré 1). Celles-ci sont devenues les objectifs pour le renforcement des systèmes de santé.
Encadré 1. Priorités pour le renforcement des systèmes de santé
- Renforcement du leadership et de la gouvernance en santé
- Progression vers la couverture sanitaire universelle
- Renforcement des systèmes d’information sanitaire
- Promotion de personnels de santé équilibrés et correctement gérés
- Amélioration de l’accès à des services de soins de santé de qualité
- Collaboration avec le secteur privé de la santé
- Garantie d’un accès aux technologies essentielles, dont les médicaments
Progrès 2012-2016
Leadership et gouvernance : Eu égard à la diversité du renforcement des systèmes de santé, il a été nécessaire de réaliser un examen approfondi des systèmes de santé dans la Région pour pouvoir élaborer des brefs profils des systèmes de santé pour chaque pays. Ces profils de deux pages, produits annuellement en consultation avec les États Membres, fournissent des informations essentielles sur chaque pays ainsi qu’une courte évaluation des forces, des faiblesses, des opportunités, des problèmes et des priorités. Ils ont pour but d’aider les responsables politiques à se concentrer sur les atouts et les défis propres à leur pays, et fournissent une occasion et un point de départ utiles pour le dialogue, particulièrement lors de missions menées dans les pays. Une gamme de cours sur le renforcement des capacités visant à appuyer l’élaboration de politiques et la prise de décisions gouvernementales, sur la législation et les réglementations sanitaires, sur la santé et les droits de l’homme, sur les politiques et la planification sanitaires, a été proposée en parallèle.
Le manque de capacités pour élaborer et mettre en œuvre des politiques et des programmes sanitaires reposant sur des données factuelles constitue l’un des principaux obstacles au progrès en matière de santé publique dans de nombreux pays. Dans le cadre des actions menées pour renforcer le leadership, un programme de leadership en santé a été lancé pour encourager le développement des compétences parmi les responsables de niveau intermédiaire et supérieur du domaine de la santé publique dans les pays. À ce jour, plus de 50 futurs leaders de ce domaine ont été diplômés. Le programme, proposé en collaboration avec la Harvard School of Public Health, vise à former les futurs responsables de la santé publique qui seront en mesure de s’attaquer de manière proactive aux questions de santé à l’échelle locale et nationale qui ont des répercussions directes sur la santé de la population. L’évaluation des fonctions essentielles de santé publique dans la Région constituait une autre initiative phare. Sous la houlette du Directeur régional et avec les conseils d’un comité mondial d’experts de renom, ce travail a établi pour les États Membres les fonctions de santé publique essentielles spécifiques pour la santé et le bien-être des populations. Ceci a été suivi par l’élaboration d’outils et de guides d’autoévaluation pour les pays afin de les aider à identifier les lacunes de leurs capacités en santé publique. L’évaluation a servi d’expérience pilote dans deux pays et sera étendue aux autres pays de la Région.
Dans le domaine de la gouvernance sanitaire, une initiative a été lancée pour développer les capacités en matière de diplomatie sanitaire. Elle concerne les négociations engagées par les États Membres à l’échelle mondiale, en particulier, autour des questions de santé qui affectent l’ensemble des pays et qui déterminent l’environnement politique mondial de la santé. Des séminaires annuels ont rassemblé des acteurs clés issus des ministères de la Santé et des Affaires étrangères, des diplomates, des parlementaires et des experts afin de discuter des principales questions de santé mondiales du moment et d’apprendre les uns des autres. Année après année, ceci s’est révélé être le moyen de dialogue le plus instructif permettant à tous les participants de tirer des enseignements et contribuant à renforcer le lien entre politique de santé et politique étrangère dans la Région. Plusieurs pays mettent au point des séminaires et des séminaires-ateliers.
Couverture sanitaire universelle : L’objectif principal du renforcement des systèmes de santé dans les pays est la réalisation de la couverture sanitaire universelle,c’est-à-dire pour tous les pays et pour tous leurs habitants, citoyens ou non. La couverture sanitaire universelle doit inclure des interventions s’attaquant aux causes principales de morbidité et de mortalité de l’ensemble de la population, notamment des laissés-pour-compte et des plus vulnérables, ainsi que la protection contre des dépenses de santé catastrophiques qui peuvent parfois mener à la ruine financière des familles. Elle constitue une cible importante de l’objectif sanitaire des objectifs de développement durable, et est vitale pour garantir une réponse efficace à l’impact grandissant des maladies non transmissibles. L’approbation, en 2012, par le Comité régional de la couverture sanitaire universelle comme la priorité essentielle, a conduit à l’élaboration et à l’adoption ultérieure, en 2014, du Cadre d’action en vue de faire progresser la couverture sanitaire universelle (CSU) dans la Région de Méditerranée orientale. Il s’agit d’un document d’orientation stratégique qui permettra de réaliser cette initiative d’importance vitale pour chaque individu et chaque famille dans les 22 pays de la Région.
Ce cadre comprend un ensemble de mesures stratégiques en vue d’instaurer la couverture sanitaire universelle qui reposent sur des données factuelles, ont un bon rapport coût-efficacité et sont réalisables, et chacune d’entre elles sera soutenue par des actions correspondantes de l’OMS. Elles incluent, par exemple, l’établissement d’un mécanisme de pilotage multisectoriel sous la direction de chaque ministère de la Santé, et des actions pour renforcer la protection contre les risques financiers afin de réduire, à terme, la part de frais à la charge des patients, et ainsi les dépenses de santé catastrophiques, ainsi que l’appauvrissement. Le cadre vise également à garantir que le régime d’assurance maladie sociale de chaque pays comporte un ensemble de services essentiels, dont des services préventifs et curatifs. Enfin, il guide les pays dans la démarche d’extension de la couverture aux groupes vulnérables, en particulier aux personnes démunies et issues du secteur informel, et dans la collecte des données pour permettre le suivi des progrès en vue d’assurer la couverture des populations.
Pour faire suite à l’application du cadre d’action régional pour la couverture sanitaire universelle, chaque pays doit à présent mettre en place les actions recommandées (encadré 2.). À cette fin, l’OMS a élargi son soutien par le biais de missions d’examen des systèmes de santé visant à cerner les difficultés et identifier les opportunités de mettre en place des stratégies nationales pour la couverture sanitaire universelle. À la mi-2016, des examens approfondis des systèmes de santé avaient été menés et des stratégies et des plans nationaux avaient été élaborés dans 10 pays. Presque tous les pays, dont les pays du groupe 3, étudient activement les différentes options pour l’instauration de la couverture sanitaire universelle, notamment la question centrale de l’extension de la couverture de la population via à un système d’assurance maladie sociale, et celle de la couverture des groupes informels et vulnérables.
Encadré 2. Couverture sanitaire universelle : engagements clés du cadre d’action
- Développer une vision et une stratégie
- Améliorer la protection contre les risques financiers
- Étendre la couverture des services de santé indispensables
- Garantir l’extension et le suivi de la couverture de la population
Systèmes d’information sanitaire : Deux initiatives étroitement liées ont été menées par l’OMS dans la Région afin de combler les lacunes et de remédier à la fragmentation des systèmes d’information sanitaire dans les pays. Ces initiatives, lancées en 2012, sont d’importance vitale pour l’élaboration future de politiques sanitaires reposant sur des données factuelles, ainsi que pour la planification et le suivi.
Au cours de la première de ces deux initiatives, l’OMS a travaillé intensivement avec les États Membres pour examiner et renforcer leurs systèmes d’information sanitaire au moyen de consultations d’experts, de réunions interpays et d’une consultation généralisée avec les pays. En 2014, un cadre pour les systèmes d’information sanitaire a été approuvé par le Comité régional. Il fournit 68 indicateurs de base pour le suivi de la santé dans trois domaines : les risques sanitaires et les déterminants de la santé, la situation sanitaire y compris la morbidité et la mortalité, et la capacité de réponse des systèmes de santé. Pour chaque indicateur, l’OMS a fourni une analyse détaillée des attributs (méta-registre) qui couvre la source des données, l’outil utilisé pour les générer, les exigences pour l’analyse, l’utilisation en vue de l’élaboration et la diffusion de politiques. Ces deux dernières années, les États Membres ont commencé à adopter les indicateurs de base et à rendre compte de leur mise en œuvre. Pour autant, à ce jour, aucun pays n’est en mesure de rendre compte de chacun d’entre eux. Relever ce défi est essentiel pour tous les pays. Un rapport exhaustif des lacunes concernant les données de chaque pays a été partagé avec les ministères de la Santé et une évaluation complète est en cours pour identifier les actions prioritaires à entreprendre afin de les corriger. La prochaine étape pour l’OMS est de fournir un soutien technique aux pays, selon leurs besoins, afin de renforcer leurs systèmes d’information sanitaire.
La deuxième initiative, approuvée par le Comité régional en 2013, se concentre sur l’amélioration des systèmes d’enregistrement des faits et de statistiques d’état civil (CRVS), avec une attention particulière accordée au renforcement des statistiques de mortalité par cause spécifique. Du fait des évaluations rapides et complètes menées en collaboration avec les ministères de la Santé et d’autres parties prenantes nationales, nous disposons à présent d’une image claire des forces et des faiblesses de ces systèmes dans tous les pays. Les lacunes sont considérables : plus de 30 % du total des naissances n’ont pas été enregistrés dans cette région et un peu moins de 20 % des décès ont été notifiés par cause spécifique. Les lacunes existantes dans chaque pays ont été partagées avec les États Membres et un soutien technique a été apporté sur la base de la stratégie régionale approuvée par le Comité régional. Depuis la conduite des évaluations, le nombre de pays rapportant des statistiques sur les causes de décès dans la Région a augmenté, passant de 7 en 2012 à 13 en 2016. Cependant, tous les pays, indépendamment des progrès accomplis, doivent faire plus pour améliorer la précision de leurs données sur la mortalité par cause spécifique, qui est essentielle pour le suivi de la santé ainsi que des objectifs de développement durable.
Personnels de santé : Cette initiative comprend non seulement le développement du nombre des professionnels de santé et autres agents de soins requis dans les pays, mais aussi l’amélioration du niveau de qualification des personnels. Il s’agit d’un domaine crucial pour la santé dans la Région. Attirer des agents de soins de santé qualifiés est devenu très difficile dans certains pays où l’instabilité et les conflits font rage, et desquels de nombreux professionnels de la santé ont été obligés de fuir avec leurs familles. Dans d’autres pays, le niveau de rémunération est insuffisant et les conditions de travail sont trop mauvaises pour maintenir le nombre de personnels requis. En collaboration avec les ministères de la Santé, plusieurs stratégies ont été suivies en vue du renforcement des personnels de santé.
Un cadre d’action régional pour le développement des personnels de santé a été élaboré en consultation avec les États Membres. Le cadre fondé sur des bases factuelles, parfaitement aligné sur la stratégie mondiale pour les personnels de santé, propose des solutions pour s’attaquer à certains des problèmes les plus importants auxquels les pays ont à faire face.
Le renforcement de l’enseignement médical est la clé du développement sanitaire dans la Région. Ce domaine de travail a été négligé à l’OMS au cours des 10 dernières années. Un travail intensif avec les pays et la Fédération mondiale pour l’éducation médicale a été consacré à la réalisation d’une évaluation claire de la situation de l’enseignement médical dans différents pays, et un cadre régional a été élaboré pour relever les défis existants, sur la base de l’expérience internationale. Ce cadre est un moyen d’intensifier la formation de médecins qualifiés, en commençant par l’établissement et le renforcement des capacités de réglementation, la définition de normes et d’orientations pour les nouveaux établissements d’enseignement médical, la promotion/le renforcement des centres de développement pédagogique, le développement des capacités des responsables de l’éducation et la création de programmes de validation des connaissances indépendants à l’échelle nationale. Attirer et conserver des enseignants compétents, et développer les ressources appropriées pour la formation font aussi partie du cadre. Pour chaque priorité, des actions de la part des États Membres sur le court et le long terme sont définies, et assorties d’un soutien technique spécifique de l’OMS.
L’élaboration d’une stratégie régionale visant à renforcer les personnels infirmiers et obstétricaux est tout aussi importante, les infirmiers et les sages-femmes dispensant une très large proportion des services de soins de santé à l’échelle mondiale et dans la Région. La région connaît une pénurie considérable d’infirmiers et de sages-femmes, et la stratégie recommande de mener des actions stratégiques dans cinq domaines clés : gouvernance et réglementation ; systèmes de gestion des personnels ; pratique et services ; accès à un enseignement de qualité ; et recherche.
Accès à des soins de santé de qualité : Les prestations de services de soins de santé de qualité pour les populations reposent sur les valeurs et les principes des soins de santé primaires. La médecine familiale a été préconisée comme la méthode principale pour dispenser des soins primaires intégrés et centrés sur la personne dans la Région. Pour autant, les pays ont des lacunes importantes et se heurtent à de nombreux problèmes eu égard à la mise en œuvre de programmes de médecine familiale complets adaptés aux changements démographiques et à la charge de morbidité. Les principales actions entreprises pour renforcer les soins de santé primaires ont inclus un examen de la situation, des orientations stratégiques pour les pays et des conseils pour l’intensification de la production de médecins de famille. Des programmes et des outils permettant d’améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients ont été élaborés pour tous les niveaux de la prise en charge des patients. Le manuel d’évaluation de la sécurité des patients a été mis à jour et un ensemble d’outils a été mis au point pour soutenir les programmes pour la sécurité des patients.
Deux nouveaux domaines de travail ont été institués dans les priorités stratégiques du renforcement des systèmes de santé : la gestion hospitalière et le rôle du secteur privé de la santé.
Une analyse de la situation des hôpitaux du secteur public dans la Région a été menée et un séminaire-atelier sur le renforcement des capacités a été mis au point au cours duquel les dirigeants hospitaliers de la Région et d’ailleurs ont pu échanger sur les bonnes pratiques en matière de soins hospitaliers et de gestion hospitalière. Par la suite, un réseau de dirigeants hospitaliers et de responsables politiques a été créé pour encourager la collaboration dans ces domaines.
Le secteur privé de la santé est l’un des principaux prestataires de soins dans la majorité des pays. Il s’est développé rapidement et il est souvent sous-réglementé. Des partenariats avec le secteur privé pour proposer des services de santé indispensables financés par des fonds publics peuvent être un moyen important d’amélioration de la santé de la population. Mais pour que ceci soit réalisable, le secteur privé de la santé doit être bien réglementé et doit reposer sur des normes et des systèmes d’application définis. La supervision gouvernementale et la tutelle des pouvoirs publics sont essentielles, et une approche non-interventionniste n’est pas acceptable. Le travail concernant le secteur privé de la santé a commencé par une analyse de celui-ci, et a été suivi d’une série de séminaires-ateliers et de consultations visant à obtenir l’implication du secteur privé de la santé, ainsi qu’à le réguler, en vue de la réalisation de la couverture sanitaire universelle.
Technologies essentielles, incluant les médicaments : L’accès aux technologies sanitaires, comprenant les médicaments, les vaccins, les produits biologiques et les dispositifs médicaux, peut faire la différence entre un état de bien-être et de maladie répandue pour les populations, et la vie et la mort pour les individus. Pourtant, dans de nombreux pays, un pourcentage élevé de la population ne dispose pas d’un accès régulier aux technologies essentielles, notamment aux médicaments, tandis que l’assurance qualité pose problème et l’usage irrationnel répandu. L’aptitude du gouvernement à réguler peut dépendre de l’offre, ce qui peut entraîner des dépenses inutiles et des achats de produits inappropriés. Il est de plus en plus admis que la faible performance des systèmes de santé nationaux dans ce domaine constitue une contrainte majeure au développement sanitaire.
En réponse, un outil d’évaluation solide des technologies sanitaires a été mis au point. Cette évaluation s’inscrit dans le cadre d’un processus de prise de décision multidisciplinaire qui utilise l’information de nature médicale, sociale, économique, organisationnelle et éthique en lien avec l’utilisation de technologies sanitaires. Elle soutient la formulation de politiques sanitaires sûres et efficaces orientées sur le patient et vise à obtenir les meilleurs résultats tant en termes de rentabilité économique que de qualité et de performance des soins. Cet outil permet de mener des évaluations coût-avantage afin de prendre des décisions d’achat en fonction d’un budget donné, et permet de réduire le gaspillage et les inefficacités découlant d’investissements inappropriés. Il peut également être précieux pour les pays qui avancent vers la couverture sanitaire universelle.
Des profils des secteurs pharmaceutiques ont également été élaborés pour l’ensemble des pays. Ceux-ci fournissent une description détaillée des composants de la politique nationale pour les produits pharmaceutiques, ainsi qu’une carte d’évaluation reposant sur des indicateurs, et présentent les problèmes et les actions prioritaires à mener.
Orientations futures
Le cadre pour la couverture sanitaire universelle et le travail mené avec les ministères de la Santé en collaboration avec les bureaux de pays sont très prometteurs et entraîneront de réels progrès, si l’engagement relatif à ce processus est maintenu et élargi. Une attention particulière sera accordée à la finalisation des feuilles de route par pays pour la couverture sanitaire universelle, incluant des stratégies de financement de la santé et de prestation de services de santé. Les expériences et les enseignements tirés d’initiatives menées à l’intérieur comme en dehors de la Région seront mis en commun.
Les activités futures portant sur le leadership et la gouvernance se concentreront sur le renforcement des ministères de la Santé, le développement de leurs capacités pour une meilleure réglementation du secteur de la santé, un engagement multisectoriel plus fort, une décentralisation efficace, ainsi qu’une redevabilité et une transparence accrues. Le renforcement des capacités de santé publique dans les ministères de la Santé est primordial. Le programme de leadership en santé, qui connait le succès depuis deux années consécutives, se révèlera d’autant plus bénéfique avec le temps et au fur et à mesure que les diplômés avanceront dans leur carrière. Le programme vise à diplômer jusqu’à 30 leaders du domaine de la santé publique dans la Région chaque année, le but ultime étant de remettre la gestion du programme de leadership à une institution universitaire de la Région pour en assurer la durabilité.
La production de données précises par les systèmes d’information sanitaire est absolument vitale pour améliorer la santé des populations. Chaque pays de la Région doit mobiliser un engagement politique de haut niveau et le soutien de la part des secteurs concernés, afin de remplir les objectifs fixés par les initiatives en matière de système d’information sanitaire, notamment la collecte de données complètes sur les causes de mortalité. Les États Membres ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude concernant la validité des estimations utilisées pour rendre compte de la situation sanitaire des pays. Même si les méthodes utilisées pour générer des estimations se sont améliorées à l’échelle mondiale, il n’existe pas d’alternative à ces estimations tant que les pays ne mettent pas au point des systèmes de collecte et de notification de données fiables. L’OMS prépare actuellement des méthodologies pour évaluer la validité des indicateurs rapportés, de façon à ce que les résultats des évaluations permettent aux pays d’améliorer leurs systèmes d’information à l’échelle nationale. Chaque pays devra prendre conscience de ses lacunes dans le processus d’établissement de rapports sur les 68 indicateurs de base compris dans le cadre régional sur l’information sanitaire récemment fourni par l’OMS, et devra élaborer un plan en conséquence. Les pays devraient également tenir compte de la nécessité de renforcer les domaines de leurs systèmes d’enregistrement des faits et de statistiques d’état civil identifiés par l’évaluation globale et le rapport ultérieur de l’OMS.
Le développement des personnels de santé est crucial pour toutes les autres initiatives en santé. Des stratégies claires pour développer les futurs personnels ont été élaborées et seront discutées avec les États Membres lors de la soixante-troisième session du Comité régional. Un engagement politique et éducationnel est désormais nécessaire à l’échelle nationale afin d’aller de l’avant.
La mise en œuvre du cadre régional pour l’enseignement médical permettra de poursuivre le soutien apporté aux établissements d’enseignement médical. Le cadre sera discuté au cours d’une réunion ministérielle des secteurs de la santé et de l’enseignement supérieur prévue pour le quatrième trimestre 2016. Chaque pays doit examiner la situation des personnels infirmiers et obstétricaux sur la base du cadre d’action régional. L’OMS fournira des orientations et un soutien techniques par le biais d’un réseau d’experts internationaux et régionaux.
Les programmes régionaux pour le renforcement des capacités et le soutien technique visant à élargir l’accès aux soins de santé de qualité, notamment en améliorant les soins de santé primaires par le développement de la médecine familiale, devraient être améliorés afin d’accélérer les progrès sur la voie de la couverture sanitaire universelle et d’améliorer la sécurité des patients. Obtenir l’engagement du secteur privé de la santé est un élément essentiel sur la voie de la couverture sanitaire universelle. En 2016-2017, l’OMS continuera de fournir des orientations sur le renforcement du rôle du secteur privé en vue de la couverture sanitaire universelle, tout en mettant en œuvre une réglementation pour ce secteur.
Des réunions interpays consacrées à l’évaluation et la réglementation des technologies essentielles ont commencé, avec pour objectif d’établir des directives pour soutenir les États Membres. Les pays doivent finaliser, et ensuite mettre en œuvre, des plans d’action dans le but d’instituer une évaluation et une réglementation des technologies sanitaires. L’OMS continuera d’aider au renforcement des capacités et de fournir un soutien technique à chaque étape de la mise en œuvre intégrale de l’évaluation pour les pays. En outre, des donateurs internationaux sont potentiellement prêts à soutenir l’évaluation et la réglementation des technologies sanitaires. |
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