Introduction

J’ai le plaisir de présenter ce rapport qui rend compte de l’activité de l’OMS dans la Région de la Méditerranée orientale au cours de l’année 2018

Ce fut une année importante pour l’Organisation, tant au niveau mondial que dans notre Région.

Le 25 mai 2018, la Soixante et Onzième Assemblée mondiale de la Santé a approuvé le treizième programme général de travail de l’OMS (treizième PGT). Cette stratégie mondiale définit des objectifs clairs, ancrés dans notre nouvel énoncé de mission – « Promouvoir la santé, préserver la sécurité mondiale, servir les populations vulnérables » – et renforcés par les objectifs stratégiques qui consistent à veiller à ce qu’au moins un milliard de personnes supplémentaires bénéficient de la couverture sanitaire universelle, qu’un milliard de personnes supplémentaires soient protégées des conséquences des urgences sanitaires et qu’un milliard de personnes jouissent d’un meilleure état de santé et d’un plus grand bien-être à l’horizon 2023.

L'adoption du treizième programme général de travail a coïncidé avec ma propre nomination en tant que Directeur régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale. En juin 2018, au début de mon mandat, j’ai lancé une vaste consultation en vue d’élaborer une nouvelle approche pour orienter les activités de l’OMS dans la Région au cours des cinq prochaines années.

C’est de ce processus qu’est née Vision 2023, notre nouvelle vision pour la santé publique dans la Région, qui engage l’OMS à œuvrer pour la « santé pour tous et par tous » dans la Région de la Méditerranée orientale et identifie quatre priorités stratégiques : élargir la couverture sanitaire universelle, faire face aux urgences sanitaires, promouvoir des populations en meilleure santé et transformer l’OMS.

La plus grande partie de la période couverte par le présent rapport est antérieure à l'introduction du treizième programme général de travail et de la Vision 2023. Néanmoins, chacune de nos priorités stratégiques a connu une évolution significative. Permettez-moi de souligner certaines réalisations clés – ainsi que quelques défis importants.

L'élargissement de la couverture sanitaire universelle (CSU) est au cœur de toutes nos actions et a été reconnu comme une priorité absolue par les États Membres de la Région. En septembre à Salalah (Oman), les ministres de la santé ont réaffirmé leur engagement en signant le Pacte mondial CSU2030 et en publiant une déclaration régionale qui fait date.

Afin de concrétiser cet engagement, il s’avère nécessaire d’agir sur plusieurs fronts, notamment l'amélioration du leadership et de la gouvernance en santé, le développement des systèmes de santé, des systèmes d'information sanitaire et du financement de la santé, ainsi que le déploiement d’énormes efforts pour lutter contre les maladies transmissibles et non transmissibles.

Un forum parlementaire régional pour la couverture sanitaire universelle et le chapitre régional du groupe de travail sur la gouvernance des systèmes de santé ont vu le jour en 2018, de même qu'une nouvelle équipe novatrice de l'OMS chargée d'étudier le renforcement des systèmes de santé en situations d'urgence et le laboratoire pour les systèmes de santé en situations d'urgence.

Dans le même temps, l’OMS veille également à ce que toutes les politiques de santé et pratiques sanitaires reposent sur les bases factuelles les plus solides possibles en élargissant la base de données et de recherches fiables et en renforçant la capacité des pays à les utiliser. Les notifications pour les indicateurs sanitaires de base ont augmenté de 15 % en moyenne sur la période comprise entre 2014 et 2018.

Lors d'une conférence des Nations Unies organisée en septembre 2018, les dirigeants mondiaux ont réaffirmé leur engagement à réduire d'un tiers le nombre de décès causés par des maladies non transmissibles. Nous n'atteindrons pas cet objectif ambitieux dans la Région de la Méditerranée orientale au rythme actuel des progrès.

Des efforts supplémentaires sont nécessaires dans les quatre domaines de notre cadre d’action régional : gouvernance, surveillance, prévention et soins de santé.

L'OMS a donc intensifié ses efforts pour mieux aider les pays à prévenir et à prendre en charge les maladies cardio-vasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques. La nouvelle « approche 5x5 » adoptée lors de la conférence de haut niveau reconnaît l’importance des risques liés à la pollution atmosphérique et à la santé mentale, et nous sommes impatients de tirer parti du travail rigoureux que nous menons actuellement sur ces questions.

La couverture sanitaire universelle implique également la lutte contre la menace que représentent les maladies transmissibles. L'OMS collabore avec les pays pour renforcer les systèmes essentiels tels que la surveillance, les laboratoires de santé publique et les services de santé, afin que des maladies et des affections telles que l’infection à VIH, l'hépatite et la tuberculose puissent être détectées et traitées.

La prévention par la vaccination complète et l’interruption de la transmission sont des éléments encore bien plus importantes. Le volume et la complexité des situations d'urgence dans la Région sapent les efforts déployés pour assurer la couverture vaccinale totale et la surveillance, ce qui conduit à la réémergence de menaces jusqu’alors en recul. En outre, et on ne peut que le déplorer, le poliovirus sauvage circule toujours dans deux pays de la Région, l’Afghanistan et le Pakistan, et menace de se propager plus largement s’il n’est pas définitivement éliminé.

Répondre aux urgences sanitaires est une priorité essentielle dans la Région de la Méditerranée orientale. Le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire ne cesse d’augmenter et l’on compte davantage de personnes déplacées par la force dans la Région de la Méditerranée orientale que dans toute autre Région de l’OMS. Huit pays sur l’ensemble de 22 pays de notre Région ont été confrontés à des situations d'urgence en 2018 et sept autres en ont subi les conséquences directement ou indirectement.

L’OMS a travaillé dynamiquement avec nos États Membres et nos partenaires pour faire face à ces situations d’urgence. Notre réponse a été coordonnée par notre centre d’opérations d'urgence régional, qui permet le partage d'informations en temps réel et la prise de décisions collective. Notre centre d'opérations et de logistique à Dubai a livré des médicaments essentiels ainsi que d'autres fournitures aux pays de la Région et au-delà. Plus de 1462 tonnes métriques de fournitures médicales ont été acheminées vers plus de 4,5 millions de bénéficiaires dans 22 pays répartis dans trois Régions de l’OMS.

En 2018, notre Région a connu 19 flambées épidémiques majeures causées par 10 maladies différentes, dont la plus grande épidémie de choléra au monde au Yémen. Dans ce pays, comme ailleurs, l’OMS collabore avec ses partenaires pour assurer une réponse intégrée au plan de l’amélioration de l’eau et de l’assainissement, de la sensibilisation, de la mise en œuvre de la vaccination ainsi que du renforcement de la surveillance, du dépistage et du traitement des cas.

L’expérience montre que des épidémies potentiellement dévastatrices peuvent être maîtrisées par une action rapide et complète, mais la prévention demeure, bel et bien, la meilleure option. Un cadre stratégique est en cours de préparation pour orienter les efforts visant à prévenir et maîtriser les maladies infectieuses émergentes et à potentiel épidémique.

La préparation aux situations d’urgence s’est poursuivie rapidement pour aider nos pays à appliquer le Règlement sanitaire international (2005). La plupart des pays de la Région ont actuellement entrepris une évaluation externe conjointe et douze pays ont jusqu'à présent utilisé les résultats de ce type d’évaluation afin de les aider à élaborer un plan d'action national pour la sécurité sanitaire. Des progrès encourageants ont également été enregistrés dans l’établissement de la sécurité transfrontalière avec la signature de la Déclaration de Khartoum sur le Soudan et les pays frontaliers en novembre 2018.

De manière choquante, bien trop souvent, des personnes dévouées – membres du personnel de l’OMS ou non – doivent risquer leur vie pour dispenser des soins de santé dans les situations d’urgence : 725 attaques contre des agents de santé ont été documentées dans la Région de la Méditerranée orientale en 2018 et 137 personnes ont été tuées, ce qui en fait la Région de l’OMS la plus dangereuse pour les agents de santé. L'Organisation met tout en œuvre avec les pays pour prévenir ces attaques ou tout au moins, en atténuer les effets, mais nous avons besoin d’accomplir davantage de progrès à cet égard. La situation actuelle est inacceptable.

La promotion de la santé et du bien-être est l’un des piliers de la vision régionale de l’OMS de la santé pour tous et par tous. Notre action dans ce domaine consiste notamment à encourager les gouvernements à aborder les causes sous-jacentes des problèmes de santé et intégrer les préoccupations à ce niveau dans l’ensemble de leurs politiques. De plus, nous soutenons une série de mesures visant à lutter contre les facteurs de risque des maladies et à promouvoir des modes de vie sains.

Nos efforts se concentrent sur les étapes clés du cycle de vie : pour les femmes, la période avant, pendant et après la grossesse, et la santé des nouveau-nés, des enfants, des adolescents et des personnes âgées. Un long chemin reste à parcourir dans chacun de ces domaines. La Région de la Méditerranée orientale se classe au deuxième rang mondial pour ce qui est des indicateurs de santé génésique et maternelle. Nous avons le taux de mortalité néonatale le plus élevé de toutes les régions ; les taux de morbidité et de mortalité chez l’enfant et l’adolescent sont encore bien trop importants dans les pays à revenu faible et intermédiaire ; et tous les pays sont confrontés à des défis pour répondre aux besoins sanitaires et sociaux des personnes âgées.

Parmi les progrès réalisés en 2018, l’on peut citer, notamment, l'approbation par notre organe directeur régional, le Comité régional de la Méditerranée orientale, d'un cadre d'action régional sur les soins préconceptionnels et l'élaboration d'un projet de cadre de mise en œuvre régional pour la santé des nouveau-nés, des enfants et des adolescents, ainsi que de vastes travaux visant à renforcer les capacités des pays.

On a pu observer quelques signes encourageants d'engagement politique et de leadership de haut niveau. Le mois de septembre a vu le lancement d'un forum régional pour les législateurs de la sécurité routière ; en octobre, les États Membres ont adopté une résolution les invitant instamment tous à institutionnaliser l'approche « La santé dans toutes les politiques » ; et en collaboration avec l’École des cadres du système des Nations Unies, nous avons mis au point un cours destiné aux ministères de la santé et aux bureaux de pays de l’OMS afin d’améliorer la compréhension de la promotion de la santé au niveau des politiques.

Pendant ce temps, l’action menée pour lutter contre les facteurs de risque se poursuit. La lutte antitabac a fait un nouveau pas en avant avec l'adoption d'une stratégie régionale de lutte antitabac, tandis que les actions en matière de nutrition incluaient, entre autres, un nouveau cadre d'action pour la prévention de l'obésité – qui sera suivi en 2019, espérons-le, par une nouvelle stratégie régionale pour la nutrition. En outre, le Comité régional a approuvé un cadre d'action régional pour la santé et l'environnement destiné à orienter les cinq prochaines années de travail. Par ailleurs, un récent examen organisationnel du Centre régional pour les activités d'hygiène de l'environnement (CEHA) de l'OMS devrait indiquer que nous sommes mieux placés pour soutenir les pays dans la mise en œuvre de ce cadre.

Parallèlement à nos trois priorités de fond en matière de santé publique, l’OMS accorde également la priorité à la réforme interne. Comme je l'ai déjà mentionné à l’occasion du Comité régional lors de notre réunion annuelle en octobre 2018 : « Je secoue l’arbre pour qu’il se dépouille de ses feuilles mortes, levant les obstacles qui empêchent notre Organisation d’être dynamique et agile ».

Dans cette optique, avec le soutien généreux des donateurs, dont le Gouvernement allemand et la Fondation Bill et Melinda Gates, nous avons entrepris un examen approfondi de notre structure, de nos ressources et de nos fonctions dans le but d'optimiser notre efficacité et notre efficience opérationnelles et de maximiser l’impact au niveau des pays.

Les examens fonctionnels des bureaux de pays ont débuté en 2018, et les examens des départements du Bureau régional devraient se poursuivre jusqu'en 2020. Nous travaillons également sur l’élaboration d’un cadre clair de gestion des résultats et d’une stratégie de communication solide.

L’OMS a un long chemin à parcourir dans la Région de la Méditerranée orientale, mais si nous parvenons à mettre en synergie nos efforts avec ceux de nos États Membres et d’autres partenaires, je suis persuadé qu’il y aura de nouveaux progrès à signaler l’année prochaine.