Les héros de la santé maternelle
Journée mondiale de la Santé 2025 : les héros de la santé maternelle
Les personnels infirmiers et obstétricaux constituent le pilier des systèmes de soins de santé dans le monde entier. Ils fournissent des soins essentiels aux individus et aux communautés. Dans de nombreux endroits, ils sont le premier point de contact pour les patients et assurent la continuité des soins, plus particulièrement pour les mères et les nouveau-nés. Leur rôle est encore plus crucial dans les zones reculées, mal desservies et touchées par les conflits, où ils sont souvent les seuls prestataires de soins de santé disponibles. Dans ces contextes, ils offrent non seulement des soins médicaux essentiels, mais également un soutien émotionnel et des conseils, devenant ainsi indispensables aux communautés.
À l'occasion de la Journée mondiale de la Santé 2025, rendons hommage aux efforts inlassables des agents de santé de la Région de la Méditerranée orientale. Une reconnaissance particulière revient aux personnels infirmiers et obstétricaux, majoritairement composés de femmes, qui représentent plus de la moitié des personnels de santé total. Leur engagement envers leurs communautés est indéfectible, et leurs contributions sont indispensables.
Les personnels obstétricaux ont toujours été au cœur des soins maternels dans la Région de la Méditerranée orientale. Leur charge de travail est souvent lourde et les ressources à leur disposition sont limitées. Selon les mots de Batoul Adnan Al-Naib, sage-femme en République arabe syrienne :
Les conditions peuvent être chaotiques car nous sommes les seuls à disposer d’une salle d'opération dans une vaste zone. Nous faisons de notre mieux pour aider toutes les personnes qui en ont besoin.

La Région de la Méditerranée orientale, qui connaît des contextes politiques, socio-économiques et démographiques souvent complexes, est confrontée à une pénurie de longue date en matière de personnels de santé. Si la tendance actuelle se maintient, la Région pourrait représenter plus de 20 % du déficit mondial, estimé à 10 millions d’agents de santé à l’horizon 2030.
En Libye, Aisha Khir, cheffe du Département des soins infirmiers à l’hôpital pour enfants de Benghazi, décrit une terrible pénurie en matière de personnels qui met en péril les soins maternels et néonatals.
Comme la plupart des hôpitaux publics en Libye, notre établissement fait face à une pénurie en matière de personnels infirmiers. Pourtant, malgré tous les défis, nous avons jusqu’à présent réussi à combler les lacunes grâce aux heures supplémentaires et au travail d’équipe afin de sauver davantage de vies.

Les pénuries de personnels de santé sont aggravées par des déséquilibres dans la répartition géographique et des compétences, une capacité insuffisante de formation et d’éducation, des opportunités d'emploi limitées, une gouvernance et une réglementation déficientes, ainsi qu’un manque d’informations et de données pour orienter les politiques et les stratégies. Dans de nombreux cas, les lacunes en matière d’éducation et de formation, tant au niveau du premier cycle qu’en formation postuniversitaire, entravent l’accès aux services de santé essentiels, notamment aux soins primaires.
Mohammad Asif Hussainyar, membre du conseil d’administration de l’Ordre des personnels infirmiers et obstétricaux d’Afghanistan, appelle à une action urgente et à des investissements ciblés dans le domaine de l’éducation :
Il est nécessaire que les organisations nationales et internationales investissent dans une éducation de qualité pour les personnels infirmiers, le leadership et le développement de carrière.

De tels investissements permettront non seulement de relever les défis actuels, mais aussi de générer des bénéfices durables. Le renforcement des soins infirmiers et obstétricaux permet d’améliorer les résultats en matière de santé, de réduire la mortalité maternelle et néonatale et de produire des avantages économiques et sociaux importants pour les communautés, contribuant ainsi à assurer l’avenir des soins de santé.
Dans les pays confrontés à des crises aiguës et prolongées, les agents de santé continuent de fournir des soins essentiels, souvent au péril de leur propre sécurité. Dans ces circonstances difficiles, la contribution des personnels infirmiers et obstétricaux devient encore plus vitale.
Au Soudan, théâtre de la plus grande crise humanitaire mondiale, la sage-femme Dohya Mohamed Adam gère un centre d’hébergement depuis le début du conflit en 2023. Elle décrit les responsabilités qu’elle assume au quotidien :
Dans certains cas, les femmes en travail ne peuvent pas atteindre l'hôpital, je dois donc fournir moi-même une aide d'urgence. Dans d'autres cas, lorsque les patientes sont dans un état grave, je stabilise leur condition et les transfère à l'hôpital pour des interventions chirurgicales spécialisées. Au cours des soins prénatals, nous effectuons un suivi par téléphone, donnons des conseils, distribuons des brochures d’information et menons des activités de sensibilisation sur des sujets de santé, tels que les mutilations génitales féminines. Nous constituons le pilier de la santé maternelle dans les centres d’hébergement.

Les témoignages des agents de santé montrent à quel point il est important de renforcer et de préserver les personnels de santé. Le Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale a lancé une initiative régionale phare intitulée « Investir dans des personnels de santé résilients », qui propose de mener une action stratégique à l’échelle de la Région, complétée par des interventions à forte valeur ajoutée et un soutien adapté au contexte des pays. Cette initiative met l’accent sur l’amélioration du personnel de santé en tant que catalyseur essentiel permettant d’instaurer la couverture sanitaire universelle et de réaliser les ODD liés à la santé ainsi que la sécurité sanitaire à l’horizon 2030. L'un de ses principaux objectifs est d’investir davantage dans les personnels de santé de la Région, afin d’améliorer leur éducation et leur formation, de favoriser leur recrutement, et de renforcer leur fidélisation. Cela permettra non seulement de promouvoir considérablement la santé de la population, mais également de stimuler la croissance économique et le développement.
Les gouvernements, les responsables de l’élaboration des politiques et les parties prenantes doivent investir sans délai dans les soins infirmiers et obstétricaux, renforcer l’éducation, la formation et les mécanismes de réglementation, améliorer les conditions de travail et veiller à la sécurité et au bien-être des agents de santé. Au-delà du renforcement des services de santé, l’investissement dans les personnels de santé, en particulier les personnels infirmiers et obstétricaux, favorise l’émancipation économique des femmes et leur participation à l’économie.
En autonomisant les personnels infirmiers et obstétricaux, nous renforçons les systèmes de santé pour toutes et tous.
Journée mondiale de la Santé 2025
Journée mondiale de la Santé 2025
une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir
Le 7 avril 2025, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) célébrera la Journée mondiale de la Santé. Cette année, la campagne prend pour thème « la santé maternelle », soulignant l’amélioration de la survie des femmes et de leurs nouveau-nés ; et ce, dans le but de mettre fin à la mortalité maternelle évitable et d’élargir la compréhension des besoins sanitaires des mères et des nouveau-nés au-delà de l’accouchement, et y répondre, notamment pendant les situations d’urgence.
« Une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir » tel est le slogan de la campagne de cette année.
Principaux domaines d'intervention
Mettre un terme aux décès maternels et néonatals évitables (en mettant l’accent sur la responsabilisation en matière de couverture sanitaire et de soins respectueux).
Apporter un soutien aux mères et libérer la parole sur la santé maternelle (en élargissant la discussion au-delà de la survie pour aborder l’ensemble du parcours de soins, notamment à travers des conversations franches sur le post-partum et la santé mentale).
Autonomiser les femmes et les jeunes filles, qui constituent le fondement de la santé et de la survie des mères et des nouveau-nés (en leur garantissant le libre choix, l’accès aux soins, l'autonomie et les droits nécessaires).
Santé maternelle et néonatale dans la Région de la Méditerranée orientale
La Région OMS de la Méditerranée orientale compte plus de 800 millions d’habitants dont plus de 400 millions de femmes et de jeunes filles.
Plus de 120 millions de femmes en âge de procréer, qui donnent naissance à près de 20 millions de nouveau-nés chaque année, vivent dans cette Région.
Les décès de nouveau-nés représentent près de 60 % des décès d'enfants de moins de 5 ans dans la Région, entraînant la perte d’environ 500 000 vies chaque année. En outre, on compte près de 400 000 enfants mort-nés chaque année. Tous les nourrissons ont besoin de soins essentiels à la naissance et au cours de leur premier mois de vie, notamment d’un soutien à l’allaitement ; et ce, afin de les protéger contre toute blessure ou infection, de leur permettre de respirer normalement et de leur fournir la chaleur et la nutrition vitales dont ils ont besoin pour survivre et s’épanouir.
Héros de la santé maternelle
À l'occasion de la Journée mondiale de la santé 2025, il est essentiel de reconnaître les efforts inlassables des agents de santé dans la Région de la Méditerranée orientale, en particulier les personnels infirmiers et obstétricaux, qui représentent plus de la moitié des personnels de santé total et dont la majorité sont des femmes. Leur engagement envers leurs communautés est indéfectible, et leurs contributions sont indispensables.
Au cœur des conflits, des déplacements et de l’incertitude, des héros méconnus travaillent sans relâche pour assurer la sécurité et le bien-être des femmes enceintes et des nouveau-nés. Découvrez ces professionnel(e)s de santé en République arabe syrienne, en Libye, au Soudan et en Afghanistan, qui, envers et contre tout, fournissent des soins essentiels et un soutien précieux aux familles dans le besoin.
Messages clés
Nous pouvons mettre fin aux décès évitables de mères et de nouveau-nés. L’OMS appelle à un renouvellement des efforts à l'échelle mondiale en vue de garantir aux femmes et aux nourrissons l’accès à des soins de qualité, en particulier dans les pays les plus pauvres et lors des situations d’urgence, où surviennent la majorité des décès maternels et néonatals.
Des investissements essentiels sont nécessaires pour améliorer la santé et le bien-être des mères sur le long terme au-delà de leur survie. Partout dans le monde, les femmes ont besoin d’un accès à des professionnels de santé à l’écoute de leurs préoccupations et capables de répondre à leurs besoins, y compris durant les mois qui suivent l’accouchement, période où des millions de mères manquent encore de soutien essentiel.
Une meilleure santé maternelle passe par l'amélioration de l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive, afin que les femmes puissent planifier leur vie et protéger leur santé. L'autonomisation et l'émancipation des femmes et des jeunes filles sont fondamentales pour lutter contre la mortalité maternelle et néonatale ainsi que pour parvenir à la santé pour tous.
Pour garantir l'accès aux soins maternels pour toutes les femmes, il est essentiel de mettre en place des systèmes de santé résilients, d'investir dans les personnels de santé, de fournir les produits de santé nécessaires et d'établir des parcours de soins et des système de transfert des patients efficaces.
Que ce soit individuellement ou au sein d'une communauté, nous pouvons tous jouer un rôle dans la protection de la santé des femmes et des filles partout dans le monde, sans laisser personne de côté.
Soins de santé maternelle dans les situations d’urgence
L'accès aux soins de santé maternelle est un droit humain fondamental qui permet aux femmes et aux jeunes filles de contribuer au relèvement après des crises humanitaires. Pendant ces crises, les services de santé maternelle doivent être considérés comme essentiels plutôt que secondaires par rapport à d'autres services de santé tels que la prise en charge des traumatismes physiques graves.
Les crises humanitaires, ainsi que les déplacements de population qui y sont associés, représentent un problème important et croissant qui frappe le monde entier. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), une part importante des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et des demandeurs d'asile à l’échelle mondiale résident dans la Région OMS de la Méditerranée orientale ou en proviennent, et les pays de cette Région accueillent plus d’un tiers des personnes déplacées par la force dans le monde.
L'une des conséquences des crises humanitaires est la perturbation de la disponibilité des services de santé, en particulier les services de maternité, qui sont souvent perçus comme non prioritaires lors des interventions d'urgence. Cela entraîne une augmentation des taux de mortalité et de morbidité maternelles, constituant ainsi un obstacle majeur au relèvement après la crise.