
16 octobre 2025, Le Caire (Égypte) – Le cancer du sein est le type le plus fréquemment diagnostiqué chez les femmes dans la Région de la Méditerranée orientale ainsi qu’à l’échelle mondiale, entraînant des disparités importantes entre les pays en termes de résultats. En 2022 uniquement, ce type de cancer a été diagnostiqué chez 2,3 millions de femmes dans le monde et 670 000 décès en ont résulté. Ces chiffres soulignent le besoin urgent d'un accès équitable au dépistage précoce, au diagnostic et au traitement.
Dans les pays qui ont un indice de développement humain très élevé, une femme sur 12 développera un cancer du sein au cours de sa vie et une femme sur 71 en mourra. En revanche, dans les pays où cet indice est faible, seule une femme sur 27 est diagnostiquée, alors qu’une femme sur 48 en décède, ce qui met en évidence les lacunes critiques en termes de capacités du système de santé et d’accès aux soins. Ces inégalités vont au-delà des résultats sanitaires individuels et contribuent à alourdir le fardeau intergénérationnel. En 2020, 1,04 million d’enfants étaient orphelins de mères à cause de décès dus au cancer, un quart d’entre eux étant liés au cancer du sein.
Dans la Région de la Méditerranée orientale, ce type de cancer est responsable de plus de 130 000 nouveaux cas et de 52 000 décès chaque année. La charge de cette maladie est aggravée par de multiples facteurs de risque, notamment la pauvreté persistante, les infrastructures sanitaires limitées, la faible sensibilisation et le recours insuffisant au dépistage, ainsi que des obstacles culturels qui marginalisent souvent les besoins des femmes en matière de santé. Ces difficultés entraînent des retards dans le diagnostic et le traitement, ce qui réduit les taux de survie pour une maladie qui, par ailleurs, peut être traitée plus efficacement si elle est détectée de manière précoce.
Le ratio incidence-mortalité dans la Région reflète ces disparités. En 2022, la Jordanie signalait 60 cas de cancer du sein pour 100 000 femmes, avec un taux de mortalité de 19,3 pour 100 000. La Somalie, malgré un taux d'incidence plus faible de 38,6 pour 100 000, avait un taux de mortalité plus élevé (25,7 pour 100 000). L'Égypte, qui affiche l’un des taux d'incidence les plus élevés avec 55,4 pour 100 000,notifiait un taux de mortalité de 19,8 pour 100 000.
Le rapport 2024 de l’OMS intitulé Women’s cancer in the WHO Eastern Mediterranean Region: Situation analysis and investment case [Cancer de la femme dans la Région OMS de la Méditerranée orientale : analyse de la situation et argumentaire d’investissement] estime qu’à l’horizon 2050, si les interventions ne sont pas intensifiées, les pertes économiques liées au cancer du sein dans la Région atteindront 408 milliards de dollars US. Cependant, l’investissement dans le diagnostic précoce et le traitement complet offre un rendement convaincant – 6,4 à 7,8 dollars US pour chaque dollar investi.
Depuis son lancement en 2019, l’Initiative présidentielle égyptienne sur la santé de la femme a permis de réaliser des progrès significatifs dans l’amélioration des résultats dans le domaine du cancer du sein. Conformément à l’Initiative mondiale contre le cancer du sein de l’OMS, le programme met l’accent sur la sensibilisation au niveau communautaire, sur les examens cliniques des seins annuels pour les groupes à risque et sur une procédure d’orientation accélérée pour le diagnostic et le traitement. Ce modèle démontre le pouvoir de l’engagement politique et des soins intégrés, offrant une approche reproductible pour d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire.
« L’appel à l’action du Caire reflète l’engagement indéfectible de l’Égypte à faire progresser les soins contre le cancer du sein grâce à l’équité, à l’innovation et à la participation communautaire », a déclaré S.E. le Dr Khalid Abdel Ghaffar, Ministre égyptien de la Santé et de la Population. « Nous sommes fiers de montrer l’exemple à travers l’Initiative présidentielle pour la santé de la femme, et nous appelons tous les pays de la Région à se joindre à nous pour faire en sorte qu’aucune femme ne soit laissée pour compte. »
Le 23 janvier 2025, l’Initiative présidentielle égyptienne a accueilli un dialogue de haut niveau sur la promotion de l’équité et de l’innovation dans la prise en charge du cancer du sein, qui s’est tenu parallèlement à la dix-septième Conférence internationale sur le cancer du sein, le cancer gynécologique et l’immuno-oncologie au Caire. Cet événement a réuni des responsables de l’élaboration des politiques, des dirigeants du secteur de la santé et des experts afin d’examiner les stratégies visant à combler le fossé en matière d’équité et à accélérer l’innovation dans la prise en charge du cancer du sein.
L'Appel à l'action du Caire a été lancé en s'appuyant sur ces délibérations ; il définit un ensemble d'engagements clés visant à favoriser les progrès dans l’ensemble de la Région. L’objet de ce cadre pratique et unificateur est de galvaniser les partenariats et d’intensifier les interventions novatrices, efficaces, fondées sur des données probantes et éprouvées, en veillant à ce qu’aucune femme ne soit laissée de côté. L’Appel à l’action du Caire représente une étape tangible vers la promotion de la solidarité régionale et d’une action collective soutenue en faveur de la santé et du bien-être des femmes dans toute la Région et au-delà.
« Le succès de l’Appel à l’action du Caire dépend de l’unité et du partenariat », a déclaré la Dre Hanan Balkhy, Directrice régionale de l’OMS pour la Méditerranée orientale. « En collaborant avec les gouvernements, la société civile et les institutions mondiales, nous pouvons transformer les résultats liés au cancer du sein dans toute la Région. Il est temps pour nous d’agir, d’innover et de tenir la promesse de l’équité en santé pour toutes les femmes. »
Le cadre décrit les mesures prioritaires à prendre par les gouvernements nationaux, la société civile et les partenaires mondiaux. Il s’agit notamment de promouvoir la sensibilisation du public en menant des campagnes qui tiennent compte des valeurs culturelles, de renforcer les systèmes de soins de santé primaires, d’investir dans les infrastructures de diagnostic et de traitement et d’élargir l’accès au soutien psychosocial et aux services d’orientation des patients. Il préconise également l’intégration des données sur le cancer du sein dans les systèmes nationaux d’information sanitaire, ainsi que la création de plateformes régionales de collaboration et d’apprentissage.
L’OMS et ses partenaires réaffirment leur détermination à soutenir les États Membres dans la mise en œuvre de l’Appel à l’action du Caire et dans la promotion d’une nouvelle ère de solidarité régionale et de coopération mondiale pour la prise en charge du cancer du sein.