Maladies transmissibles

Les maladies transmissibles continuent de représenter une importante cause de morbidité et de mortalité dans la Région - dont la plupart peut être évitée

L'effondrement des systèmes de santé et d'autres systèmes du fait des conflits, les déplacements massifs de population et les catastrophes environnementales et climatiques ont entraîné la réémergence de maladies transmissibles représentant des menaces importantes, accompagnées de nombreuses épidémies dévastatrices. L'orientation stratégique adoptée par l'OMS en vue d’élargir la couverture sanitaire universelle et de renforcer les soins de santé primaires permet d'améliorer la lutte contre les maladies transmissibles et leur prévention, en mettant l'accent sur le renforcement des systèmes, y compris la surveillance, les services de laboratoire et la prestation de services, menant à une meilleure intégration des services aux différents niveaux des soins de santé.

Poliomyélite

La transmission du poliovirus sauvage s’est poursuivie dans les deux pays d’endémie, l’Afghanistan et le Pakistan, avec un total de 33 cas signalés en 2018 (21 en Afghanistan et 12 au Pakistan). Les caractéristiques des cas humains et des échantillons environnementaux positifs indiquent une circulation continue du virus dans les réservoirs connus dans les deux pays. L’accès à l’ensemble des populations (affectées par l’insécurité ou l’interdiction des campagnes de vaccination en Afghanistan), la qualité des campagnes de vaccination dans les réservoirs, les mouvements de population et la sécurité des agents de première ligne constituent les principaux défis à relever. Les réticences croissantes face à la vaccination, souvent liées à la propagation d’informations erronées par les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux, compliquent davantage les efforts déployés pour administrer à chaque enfant le vaccin antipoliomyélitique. L’Afghanistan et le Pakistan continuent à mettre en œuvre des plans d’action nationaux d’urgence solides et les centres d’opérations d’urgence demeurent des mécanismes essentiels aux niveaux national et infranational pour la coordination des efforts d’éradication et le suivi de l’exécution de ces plans d’action d’urgence. Un mécanisme robuste de coordination transfrontière a été instauré entre les deux pays.

Le dernier cas de poliomyélite dans le monde dû au poliovirus sauvage de type 2 est survenu en 1999 et l'apparition du cas le plus récent dû au poliovirus sauvage de type 3 remonte au mois de novembre 2012. En septembre 2015, la Commission mondiale pour la certification de l’éradication de la poliomyélite a certifié l’éradication du poliovirus sauvage de type 2.

La flambée de poliovirus circulant dérivé de la souche vaccinale de type 2 (PVDVc2) qui a débuté en 2017 en République arabe syrienne et a provoqué la paralysie de 74 enfants a officiellement été interrompue en 2018. Des flambées concomitantes de PVDVc2 et de poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 3 (PVDVc3) se sont déclarées en Somalie en 2018. En 2018, on dénombrait 12 cas de paralysie dus au poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale (PVDVc) (cinq dus au PVDVc2, six au PVDVc3 et un dû à une co-infection à PVDVc2 et à PVDVc3).

La détection des PVDVc en Somalie indique une protection immunitaire très insuffisante de la population, due principalement au grand nombre d’enfants inaccessibles qui vivent dans des zones contrôlées par des groupes armés non étatiques. Un plan de riposte complet est en cours de mise en œuvre en coordination avec les autres pays de la Corne de l’Afrique et les principaux enseignements tirés de cette riposte en cours sont collectés par des équipes régionales pour améliorer la préparation et la riposte face à toute flambée de PVDVc dans d’autres pays à haut risque de la Région.

La vingtième réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (2005) portant sur la propagation internationale du poliovirus, qui s’est tenue le 19 février 2019, a fait valoir l’inquiétude que suscite la progression des cas de poliovirus sauvage de type 1 dans le monde en 2018. Le Comité a convenu à l’unanimité que le risque d’une propagation internationale du poliovirus demeurait une urgence de santé publique de portée internationale et a préconisé une prorogation de trois mois des recommandations temporaires. L'Afghanistan et le Pakistan comptent parmi les États infectés par le poliovirus sauvage de type 1, présentant un risque potentiel de propagation internationale tandis que la Somalie fait partie des États infectés par le PVDVc2 et le PVDVc3, ce qui comporte un risque de propagation internationale.

Malgré les progrès considérables accomplis au niveau mondial et dans la Région, tant que le poliovirus sauvage continuera de circuler en quelque lieu que ce soit, le risque subsistera. Trois pays de la Région, à savoir la République arabe syrienne, la Somalie et le Yémen, sont exposés à un risque très élevé, et trois pays, à savoir l’Iraq, la Libye et le Soudan, sont exposés à un risque élevé. Tous connaissent, à des degrés divers, des situations d’urgence complexes et rencontrent des contraintes d’accès et de sécurité qui entravent les efforts visant à maintenir une immunité élevée parmi les populations et à assurer une surveillance sensible. L’OMS apporte un appui technique et logistique à ces pays pour la mise en œuvre d’activités de vaccination et de surveillance supplémentaires. Toutefois, la pénurie mondiale de vaccin antipoliomyélitique inactivé, identifiée pour la première fois en 2016, s’est poursuivie en 2018, contrariant davantage les pays dans la couverture de l’ensemble des cohortes de naissances par au moins la première dose de ce vaccin.

De manière générale, les indicateurs de performance de la surveillance dans tous les pays de la Région ont été maintenus à un niveau égal ou supérieur aux normes de certification en 2018. En 2018, le système de surveillance de la paralysie flasque aiguë (PFA) a notifié près de 23 000 cas et dans tous les États Membres à l’exception de deux, les indicateurs clés de surveillance étaient conformes aux normes en ce qui concerne les taux de PFA non-poliomyélitique (2 pour 100 000 enfants de moins de 15 ans) et les pourcentages de cas de PFA avec collecte d’échantillons conformes (80 %). Un réseau de 12 laboratoires accrédités par l’OMS vient étayer ce système. Les actions de surveillance environnementale ont continué à se développer en 2018 avec le concours de systèmes existants et croissants en Afghanistan, en Égypte, en République islamique d’Iran, en Jordanie, au Liban, au Pakistan, en République arabe syrienne, en Somalie et au Soudan. Des dispositions ont été prises afin qu’elle soit également élargie à l’Iraq en 2019. La surveillance environnementale fonctionne en tant que détecteur des PVDV essentiel à l’alerte précoce, ces virus demeurant une menace, en particulier dans les pays touchés par des conflits où un nombre important d’enfants n’ont pas accès aux services de vaccination.

En 2018, le programme régional d’éradication de la poliomyélite a continué de soutenir la planification de la préparation et de la riposte au niveau national. Tous les pays de la Région exempts de poliomyélite, hormis le Yémen, ont mené des exercices de simulation d’une flambée de cas. L’équipe régionale a entamé une procédure visant à mettre à jour la méthode utilisée pour ces exercices de simulation à la lumière des enseignements tirés et des meilleures pratiques appliquées dans d’autres régions et par d’autres programmes.

Quatre pays de la Région (Afghanistan, Pakistan, Somalie et Soudan) font partie des 16 pays identifiés au niveau mondial comme prioritaires pour la planification de la transition post-éradication. Quatre autres pays (Iraq, Libye, République arabe syrienne et Yémen) sont considérés comme des priorités régionales pour l’évaluation des fonctions de la lutte antipoliomyélitique qui seront intégrées dans d’autres initiatives existantes et des fonctions qui peuvent être traitées en priorité ou progressivement supprimées. En 2018, les plans de transition pour la Somalie et le Soudan ont été préparés et des consultations ont été organisées. Le calendrier de mise en œuvre de la planification de la transition est perturbé par la flambée de PVDVc en Somalie et par la poursuite de la transmission du poliovirus sauvage de type 1 en Afghanistan et au Pakistan. L’Iraq, la République arabe syrienne et le Yémen devraient commencer les travaux sur les plans de transition en 2019.

La priorité absolue pour 2019 est de mettre un terme à la transmission du poliovirus sauvage en Afghanistan et au Pakistan en soutenant la mise en œuvre des plans nationaux d’action d’urgence par un appui technique, financier et logistique. Un des autres objectifs principaux sera de stopper les flambées actuelles de PVDVc en Somalie et d’augmenter les taux de vaccination afin de prévenir de nouvelles flambées. De plus, dans le cadre de la planification de la transition, les acquis de la lutte contre la poliomyélite seront mis à profit pour renforcer la vaccination systématique dans les pays en transition. Le renforcement de la préparation et de la capacité de riposte dans tous les pays se poursuivra, l'accent étant mis sur l'amélioration des systèmes de surveillance pour assurer une détection précoce et une riposte efficace à toute introduction de poliovirus, ainsi que sur l'appui aux pays en matière de confinement en laboratoire et de préparation à la certification de l'éradication de la poliomyélite.

VIH et hépatite

Fin 2018, le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans la Région avait atteint 400 000, 41 000 nouvelles infections par le VIH ayant eu lieu au cours de l'année. Le nombre de décès parmi les PVVIH s’élevait à 15 000, en hausse de 84 % par rapport à 2010.

Les États Membres ont poursuivi leurs efforts pour intensifier le diagnostic et le traitement du VIH. Le nombre de PVVIH recevant un traitement antirétroviral (TAR) a augmenté pour atteindre 82 000. Malgré cela, la couverture globale du TAR reste de 21 %, en raison principalement de la couverture limitée des services de dépistage du VIH, d’un dépistage des cas inefficace, de diagnostics tardifs, du manque de connexion entre les services de traitement et d’un abandon du traitement après la mise en route du TAR. Conformément à la priorité stratégique de la Vision 2023 visant à élargir la couverture sanitaire universelle, l’accent a été placé en 2018 sur l’accroissement de la couverture diagnostique et thérapeutique du VIH. La République islamique d’Iran a reçu un soutien pour mettre en route des plans en vue d’intégrer les services liés au VIH dans les services de réduction des risques pour les utilisateurs de drogues injectables et dans les soins de santé primaires. Le Pakistan a bénéficié d’un appui pour l’organisation de consultations nationales sur l’auto-dépistage et la décentralisation des soins du VIH.

Selon les estimations, 21 millions de personnes ont une infection chronique par le virus de l’hépatite B et 15 millions présentent une infection chronique par le virus de l’hépatite C dans la Région, L’Égypte et le Pakistan supportent plus de 80 % de la charge de morbidité de l’hépatite C. La couverture régionale par la dose de vaccin anti-hépatite B administrée à la naissance était de 33 % en 2018. L’Égypte joue un rôle clé dans l’effort mondial visant à éliminer l’hépatite C, portée par une initiative présidentielle qui prévoit de tester 45 à 52 millions de personnes et d’orienter les personnes séropositives vers un traitement. En 2018, le Pakistan a bénéficié d’un soutien pour l’évaluation de ses capacités en termes de diagnostic de l’hépatite et des articulations entre celles-ci et le traitement, du suivi des programmes, de la collecte et de l’utilisation stratégique d’informations, et de l’intégration des services du VIH, de la tuberculose et de l’hépatite destinés aux populations clés. En outre, une consultation menée avec les points focaux réglementaires en matière d’hépatite et de médicaments au sein des ministères de la Santé et parmi les représentants de la société civile a permis d’envisager les moyens d’atteindre des prix abordables des médicaments et des diagnostics pour les hépatites B et C.

Tuberculose

Selon les estimations, 771 000 personnes ont contracté la tuberculose dans la Région en 2017, soit 8 % de la charge mondiale de la maladie, et 536 185 cas de tuberculose ont été notifiés, ce qui représente un taux de couverture thérapeutique de 68 %. Cinq pays (Afghanistan, Maroc, Pakistan, Somalie et Soudan) supportent 91 % de la charge régionale de morbidité tuberculeuse. La tuberculose pharmacorésistante constitue toujours une crise de santé publique dans le monde entier et la Région. En 2017, on estime que sur l’ensemble des cas notifiés dans la Région, près de 21 000 étaient des cas de tuberculose multirésistante, mais seuls 4353 d’entre eux (21 %) étaient sous traitement. Des taux de guérison de 92 % et de 62 % ont été atteints respectivement pour les cas de tuberculose pharmacosensible et de tuberculose pharmacorésistante, soit les taux les plus élevés par rapport aux autres régions.

La toute première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la tuberculose s’est tenue le 26 septembre 2018. Dans le cadre des préparatifs de la réunion, six pays à forte charge de morbidité (Afghanistan, Djibouti, Maroc, Pakistan, Somalie et Soudan) ont participé à une consultation régionale.

Un soutien a été apporté à plusieurs pays de la Région (Afghanistan, Jordanie, Liban, Pakistan, République arabe syrienne et Yémen) pour la mise à jour de leurs plans et lignes directrices stratégiques nationaux en matière de tuberculose, de tuberculose infantile et d’infection tuberculeuse latente. Le Pakistan a bénéficié d’un appui pour commencer la mise en œuvre de l’initiative FIND. TREAT.ALL #ENDTB (Trouver. Traiter. Tous) afin d’atteindre les objectifs de la Déclaration politique de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la tuberculose. Cette initiative est une action menée conjointement par l’OMS, le partenariat Halte à la tuberculose et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) pour renforcer les capacités des 13 pays ayant la plus lourde charge de morbidité tuberculeuse.

Des progrès ont été réalisés dans l’amélioration du dépistage et de la prise en charge des cas de la tuberculose multirésistante par la mise en œuvre de GeneXpert, un nouveau test moléculaire permettant de diagnostiquer la résistance à la rifampicine, dans tous les pays de la Région ; plus de la moitié des cas retraités ont été soumis à ce test en 2017. Un examen du programme de lutte antituberculeuse et des missions de soutien du Comité Feu vert régional ont été organisés dans neuf pays (Afghanistan, Djibouti, Jordanie, Liban, Maroc, Pakistan, Somalie, Soudan et Tunisie). En outre, des réunions annuelles du Comité Feu vert régional et du Groupe spécial régional pour les laboratoires se sont tenues pour examiner et accélérer la gestion du programme de lutte contre la tuberculose pharmacorésistante.

Mettre fin à la tuberculose

La toute première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la tuberculose s’est tenue le 26 septembre 2018 à New York. Le thème de la réunion était « Unis pour vaincre la tuberculose: une action mondiale urgente face à une pandémie planétaire ». Cet événement historique a permis de souligner la nécessité d’une action immédiate pour accélérer les progrès accomplis en vue de mettre un terme à l’épidémie de tuberculose d’ici 2030.

La réunion a rassemblé plus de 1000 participants du monde entier, dont 15 chefs d'État, plus de 100 ministres et autres dirigeants nationaux, 360 représentants de la société civile et d'autres parties prenantes, ainsi que 10 institutions des Nations Unies.La réunion a entériné une déclaration politique ambitieuse appelant à une action et à des investissements pour accélérer les progrès en vue de mettre fin à la tuberculose. La déclaration a ensuite été adoptée par l'Assemblée générale le 10 octobre 2018.

Dans le cadre des préparatifs de l’événement, des représentants de haut niveau de six pays de la Région à forte charge de morbidité (Afghanistan, Djibouti, Maroc, Pakistan, Somalie et Soudan) ont participé à une consultation régionale organisée par l'OMS à Islamabad (Pakistan) afin de soutenir la participation des pays à la réunion.

La dépendance élevée vis-à-vis des financements extérieurs conjuguée au tiers manquant des cas de tuberculose représente un défi majeur pour la Région. À l’heure actuelle, 43 % du budget alloué aux programmes régionaux de lutte antituberculeuse provient de sources internationales et 21 % de sources nationales, ce qui suppose un déficit de financement de 36 %. Par ailleurs, la destruction des systèmes de santé, les importants mouvements de population et l’insécurité ont eu de graves répercussions sur les programmes de lutte antituberculeuse dans les pays confrontés à des situations d’urgence complexes.

L’OMS continue de soutenir les États Membres dans l’élaboration de stratégies et de plans nationaux qui intègrent les engagements pris au titre de la Déclaration politique, et dans la promotion d’une démarche multisectorielle visant à accélérer les efforts pour réaliser les objectifs fixés pour 2022 et mettre un terme à la tuberculose d’ici 2030. En vue d’identifier les cas manquants de tuberculose, l’OMS encourage l’adoption d’une feuille de route pour exploiter pleinement le potentiel des prestataires privés. Les pays reçoivent actuellement un appui dans la transition vers la nouvelle politique de lutte contre la tuberculose pharmacorésistante, dans l’intensification du traitement contre l’infection tuberculeuse latente et dans le lancement d’une nouvelle feuille de route pour mettre un terme à l’épidémie de tuberculose chez l’enfant et l’adolescent.

Paludisme

La progression sur la voie d’une réduction de la charge palustre ralentit, le nombre estimatif de cas ayant augmenté depuis 2016. En 2018, la Région a fait état de plus de 5 millions de cas présumés et confirmés, parmi lesquels 2,2 millions environ sont confirmés. L’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran visent à éliminer le paludisme : les cas locaux enregistrés en République islamique d’Iran ont diminué pour atteindre 20 en 2018, tandis que ce nombre est resté inférieur à 100 en Arabie saoudite entre 2010 et 2015, avant toutefois de progresser ces dernières années pour atteindre 194 en 2018. Les autres pays endémiques (Afghanistan, Djibouti, Pakistan, Somalie, Soudan et Yémen) en sont au stade de la réduction de la charge de morbidité. Le nombre de cas de paludisme a atteint un niveau alarmant à Djibouti en raison des mouvements de populations provenant des pays voisins, de la présence invasive du moustique Anopheles stephensi et de l’inefficacité du programme de lutte.

En 2018, les pays ont continué de bénéficier d’un appui pour améliorer l’accès aux services de prévention, de diagnostic et de traitement en vue d’atteindre les objectifs de la couverture sanitaire universelle. La couverture a augmenté ces dernières années ; toutefois, elle reste inférieure à la cible fixée. Des ruptures de stocks de médicaments et de moyens diagnostiques ont été notifiées, ainsi que des retards dans le déploiement des interventions de lutte antivectorielle à Djibouti, au Soudan et au Yémen. L’instabilité politique de la Région a conduit à un recul de la lutte antipaludique et a permis l’émergence ou la réémergence d’autres maladies à transmission vectorielle. Des flambées de dengue et de chikungunya sont survenues dans des pays d’endémie palustre, exerçant une pression accrue sur des ressources déjà insuffisantes. Des interventions de lutte antipaludique ont été soutenues dans des pays frappés par l’insécurité et par des situations d’urgence humanitaire, notamment l’Afghanistan, Djibouti, le Pakistan, la Somalie, le Soudan et le Yémen, et des études d’efficacité thérapeutique des antipaludiques ont continué de bénéficier d’un appui dans les pays endémiques de la Région.

Un plan d’action régional pour la mise en œuvre de l’Action mondiale pour lutter contre les vecteurs 2017-2030 a été mis au point à l’issue d’un vaste processus de consultation. Les évaluations des besoins en termes de lutte antivectorielle et la mise au point de stratégies pour la gestion intégrée des vecteurs et pour la gestion de la résistance aux insecticides ont été soutenues dans les pays prioritaires.Les interventions de lutte antivectorielle et la surveillance en la matière, y compris le suivi de la résistance aux insecticides, ont bénéficié d’un appui dans les pays touchés par des flambées de maladies à transmission vectorielle, notamment l’Afghanistan, Djibouti, Oman, le Pakistan, la Somalie, le Soudan et le Yémen.

Tableau 1. Cas confirmés par l’analyse parasitologique dans les pays où la transmission est inexistante ou sporadique et les pays d’endémicité palustre faible

Pays 2016 2017 2018
Nombre total de cas rapportés Autochtones Nombre total de cas rapportés Autochtones Nombre total de cas rapportés Autochtones
Arabie
Saoudite
5382 272 3151 177 2711 194
Bahreïn 106 0 133 0 53 0
Égypte 233 0 305 0 356 0
Émirats arabes unis 3849 0 4013 0 3238 0
République islamique d’Iran 705 94 939 74 625 20
Iraq 5 0 9 0 12 0
Jordanie 51 0 44 0 41 0
Koweït 390 0 419 0 299 0
Liban 134 0 152 0 146 0
Libye 370 2 397 9 0
Maroc 409 0 586 0 475 0
Palestine 1 0 1 0 0 0
Oman 807 3 1078 18 916 0
Qatar 493 0 444 0 464 0
République arabe syrienne 12 0 25 0 16 0
Tunisie 99 0 120 0 100 0

Tableau 2. Cas de paludisme notifiés dans les pays ayant une forte charge de morbidité palustre

Pays 2016 2017 2018
Total de cas
rapportés
Total des cas
confirmés
Total de cas
rapportés
Total des cas
confirmés
Total de cas
rapportés
Total des cas
confirmés
Afghanistan 392 551 190 161 320 045 161 778 294 691 243 324
Djibouti 13 804 13 804 14 671 14 671 25 319 25 319
Pakistan 2 115 941 318 449 2 190 418 350 467 965 555 374 513
Somalie 58 021 35 628 37 156 35 138 31 030 31 021
Soudan 974 571 575 015 1 368 589 720 879 3 534 862 1 323 603
Yémen 144 628 98 701 114 004 84 677 192 901 155 669

Maladies tropicales négligées

La lutte contre les maladies tropicales négligées s’est poursuivie en 2018. La septième réunion du Groupe d’examen du programme régional sur l’élimination des maladies tropicales négligées dans le cadre de programmes de chimiothérapie préventive s’est tenue en décembre 2018 et a couvert cinq maladies : la filariose lymphatique, l’onchocercose, la schistosomiase, les géohelminthiases et le trachome. Des représentants de 11 pays de la Région et de partenaires, dont l’UNRWA, The END Fund, le Mectizan Donation Program, Sightsavers et GlaxoSmithKline plc, ont assisté à cette réunion. La collaboration avec le Projet spécial élargi pour l’élimination des maladies tropicales négligées (ESPEN) a été renforcée. Il s’agit d’un projet sur cinq ans lancé par le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique en 2016 afin de fournir aux pays un appui technique et un soutien dans la levée de fonds pour les aider à accélérer la lutte contre cinq maladies tropicales négligées se prêtant à une chimiothérapie préventive et présentant la plus lourde charge de morbidité du continent, à savoir la filariose lymphatique, l’onchocercose, la schistosomiase, les géohelminthiases et le trachome, et l’élimination de ces maladies. Cinq pays de la Région de la Méditerranée orientale (Djibouti, Égypte, Somalie, Soudan et Yémen) ont participé à la réunion de l’ESPEN à Kigali (Rwanda), en juillet 2018, et des ressources ont été obtenues auprès de l’ESPEN pour soutenir trois pays dans l’organisation de campagnes d’administration massive de médicaments.

Initiative d’action pour le MoyenOrient : protéger les populations de l’impact des situations d’urgence

Les partenariats avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Fonds mondial visant à mettre en œuvre l’Initiative d’action pour le Moyen-Orient ont été consolidés. Cette initiative vise à garantir la continuité des soins et des services essentiels de lutte contre le VIH, la tuberculose, le paludisme et les maladies tropicales pour les personnes vulnérables qui vivent dans des pays dans lesquels les circonstances d’intervention sont difficiles, tels l’Iraq, la République arabe syrienne ou le Yémen, ainsi que pour les réfugiés syriens en Jordanie et au Liban. En 2018, un appui technique a été fourni aux programmes déployés en Jordanie, au Liban, en République arabe syrienne et au Yémen pour accélérer la mise en œuvre de la première subvention accordée dans le cadre de l’initiative. Neuf évaluations de programme ont été conduites et leurs conclusions ont permis de formuler la demande de financement de la seconde subvention pour 2019-2021 qui a été approuvée par le Fonds mondial. Ainsi, USD 36 millions seront versés pour garantir que les services essentiels de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme atteignent les populations vulnérables.

L’élimination du trachome progresse dans la Région suite au plan d’action régional élaboré en collaboration avec l’Alliance de la Région de la Méditerranée orientale pour la lutte contre le trachome. En 2018, l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique a été validée en République islamique d’Iran ; l’Iraq a reçu un soutien dans la préparation d’un dossier de validation et le Yémen a lancé sa première campagne d’administration massive de médicaments contre le trachome qui a ciblé 395 139 personnes dans le gouvernorat d’Al Hudaydah. En outre, un appui technique a été fourni au Yémen dans la préparation d’un dossier de validation de l’élimination de la filariose lymphatique qui a été examiné par le groupe d’examen des dossiers, et des consultations régionales ont été organisées en soutien au Soudan et au Yémen dans l’élaboration de plans pluriannuels pour l’élimination de l’onchocercose. Une campagne d’administration de traitements vermifuges a été soutenue en Afghanistan où 9 millions d’élèves ont reçu de l’albendazole, tandis que le Yémen a mené, avec l’appui de l’OMS et de ses partenaires, une campagne de traitement intégrée d’envergure qui a couvert 86 districts répartis dans 14 gouvernorats et a ciblé 4 871 924 personnes atteintes de schistosomiase et de géohelminthiases et 627 190 personnes atteintes d’onchocercose.

Des activités de renforcement des capacités portant sur la lutte antimalacologique et sur la prise en charge des cas de mycétome ont été menées respectivement à l’intention du personnel national d’Arabie saoudite, de Jordanie et du Yémen, et du personnel national de Djibouti. En outre, 15 participants provenant de pays de la Région ont été sélectionnés pour suivre un cours en ligne sur les maladies tropicales cutanées négligées. La plateforme DHIS2 a été utilisée pour la collecte de données sur la lèpre en 2016 et 2017 dans les pays d’endémie. Une détection active des cas de lèpre a été mise en œuvre dans cinq pays prioritaires et une visite sur le terrain a été réalisée au Soudan afin d’examiner un projet spécifique déployé dans ce pays. L’accroissement des activités de détection active des cas en Somalie a permis le dépistage de 2610 nouveaux cas en 2018, soit une augmentation de 66 % par rapport à l’année précédente et de 311 % par rapport à l’année encore antérieure.

Du fait que deux formes de la leishmaniose sévissent à l’état endémique dans 82 % des pays de la Région de la Méditerranée orientale, la lutte contre cette maladie reste difficile, en particulier dans les environnements touchés par des conflits. La Région supporte près de 70 % de la charge mondiale de morbidité de la leishmaniose cutanée et 20 % de celle de la leishmaniose viscérale. En 2017, 141 904 nouveaux cas de leishmaniose cutanée et 5245 cas de leishmaniose viscérale ont été notifiés. La surveillance a été renforcée et la qualité des données améliorée en 2018. Six pays hautement prioritaires ont transmis des données nationales détaillées directement au moyen de la plateforme DHIS2 et neuf pays à faible charge de morbidité/non endémiques ont rendu compte en utilisant des modèles standardisés pour la période 2016-2018. Afin de garantir l’accès au traitement aux personnes à risque en République arabe syrienne, l’OMS a fourni près de 170 000 flacons d’antimoniate de méglumine et 63 000 moustiquaires aux gouvernorats du nord-est du pays et 15 000 flacons d’antimoniate de méglumine et des fournitures apparentées à la Mentor Initiative, une organisation non gouvernementale qui œuvre dans le nord-est du pays. Une attention accrue a été portée à la leishmaniose viscérale, maladie potentiellement mortelle. Ainsi, les pays ont reçu un appui dans la mise à jour des lignes directrices sur le traitement et dans l’obtention de dons pour les médicaments de première intention recommandés. Des ateliers de formation destinés aux pédiatres, au personnel médical et aux administrateurs de programmes sur l’utilisation de l’AmBisome et sur les pratiques de surveillance recommandées ont été organisés au Maroc et en Tunisie. La situation régionale a été examinée et la collaboration interrégionale renforcée lors d’une réunion sur la leishmaniose entre pays endémiques voisins des régions de l’OMS pour l’Afrique, l’Europe et la Méditerranée orientale, activité qui s’est tenue à Amman (Jordanie), en septembre 2018. Une mission d’examen entreprise conjointement par le Bureau régional et le Siège de l’OMS a été conduite en réaction à l’augmentation des cas de leishmaniose cutanée notifiés en Iraq.

Vaccination

En 2018, l’accent a continué d’être placé sur la réalisation de la couverture vaccinale universelle. L’analyse des données de vaccination infranationales et la fourniture rapide d’une rétro-information aux pays se sont poursuivies pour garantir une couverture élevée et l’équité en matière de vaccination. L’élaboration de plans et de micro-plans d’amélioration de la couverture destinés aux districts à faible niveau de couverture vaccinale a été soutenue et les pays pouvant bénéficié du soutien de Gavi ont été appuyés dans la préparation et la présentation de demandes pour la mobilisation de fonds auprès de l’Alliance du vaccin. Le réseau régional pour la surveillance basée sur l’identification des cas de rougeole/rubéole et le réseau régional de surveillance de la méningite bactérienne, de la pneumonie bactérienne et de la gastroentérite à rotavirus ont également bénéficié d’un appui.

Différentes stratégies ont été utilisées dans des situations d’urgence pour répondre à la conjoncture locale. En 2018, 98 établissements de santé ont repris la vaccination systématique dans le nord-ouest de la République arabe syrienne, permettant ainsi de couvrir plus de 90 % de la population. Les antigènes de la vaccination systématique ont été fournis dans toutes les zones récemment accessibles, sous contrôle du gouvernement. La disponibilité régulière des vaccins a été assurée pour l’intégralité du pays grâce au soutien exceptionnel de Gavi, tandis que l’OMS a fourni un appui technique et a pris en charge les coûts de fonctionnement.

Malgré les situations d’urgence que connaissent plusieurs pays, la couverture vaccinale régionale par la troisième dose du vaccin antidiphtérique-antitétanique-anticoquelucheux (DTC3) a progressé en 2018 pour atteindre 82 %, 14 pays ayant atteint et maintenu une couverture vaccinale nationale de 90 % pour le DTC3, tandis que la première dose du vaccin à valence rougeole (VVR1) a dépassé 95 % dans 12 pays. Par ailleurs, l’élimination du tétanos néonatal a été certifiée à Djibouti en 2018. Cependant, nous estimons que 2,9 millions d’enfants n’ont pas reçu le DTC3 en 2018 et 90 % d’entre eux vivent dans les six pays suivants : Afghanistan, Iraq, Pakistan, République arabe syrienne, Somalie et Yémen. Une flambée de diphtérie, signalée pour la première fois au Yémen en 2017, a engendré plus de 3000 cas, dont 178 sont décédés. En riposte, un appui technique a été fourni en 2017/2018 aux fins de la prise en charge des cas, de l’organisation de campagnes de vaccination et de la mobilisation de ressources ; Gavi a notamment apporté un soutien d’envergure pour la fourniture de vaccins antidiphtériques et antitétaniques aux groupes les plus âgés.

La couverture par le DTC3 a atteint 82 % en 2018, mais 2,9 millions d'enfants n'ont toujours pas été vaccinés

Neuf pays ont fait état d’une incidence très faible de la transmission endémique du virus de la rougeole (moins de 2 cas par million d’habitants), dont cinq (Bahreïn, Égypte, Jordanie, Oman et Palestine) ont signalé l’absence de transmission endémique ; ces pays souhaitent à présent procédé à la vérification de l’élimination. La commission régionale de vérification pour l’élimination de la rougeole et de la rubéole est pleinement opérationnelle et un atelier a été organisé en juin 2018 pour former les pays sur le point de concrétiser l’élimination à la documentation requise pour la vérification. Tous les pays de la Région, à l’exception de Djibouti et de la Somalie, mettent en œuvre une surveillance nationale de la rougeole et de la rubéole reposant sur les laboratoires.

En 2018, plus de 50 millions d’enfants ont reçu le vaccin à valence rougeole en Afghanistan, en Libye et au Pakistan lors de campagnes de vaccination, soit une couverture de plus de 90 %. L’OMS a travaillé en étroite collaboration avec tous ses partenaires pour soutenir ces campagnes en fournissant un appui technique à toutes les étapes de leur planification et de leur exécution. Dans l’objectif de lutter contre la forte endémicité de la rougeole en Somalie, un soutien a été apporté pour l’élaboration d’un plan stratégique quinquennal aux fins de la lutte contre cette maladie, pour la préparation de demandes auprès de Gavi aux fins du suivi des activités de vaccination supplémentaires, pour l’introduction d’une deuxième dose du vaccin à valence rougeole et pour la mise au point d’un plan d’amélioration de la qualité des données relatives à la vaccination. Djibouti a bénéficié d’un soutien pour la formation à la vaccination, pour l’évaluation de la qualité des données, l’élaboration d’un plan d’amélioration et l’organisation d’une campagne de vaccination contre la rougeole.

Des nouveaux vaccins ont été introduits avec succès, notamment le vaccin antirotavirus en Afghanistan et le vaccin antipoliomyélitique inactivé en Égypte (le dernier pays de la Région à l’avoir fait). Le vaccin contre le papillomavirus humain a été lancé aux Émirats arabes unis et le soutien de l’Alliance Gavi a été accordé au Pakistan pour l’introduction du vaccin contre la fièvre typhoïde.

Un plan stratégique régional sur les maladies à prévention vaccinale et la vaccination, conforme au treizième programme général de travail, est en cours d’élaboration. Le nouveau plan stratégique portera, entre autres, sur le rôle de la vaccination qui contribue à la promotion de la santé et à la concrétisation de la couverture vaccinale universelle et de l’équité en la matière, et qui garantit que personne ne soit laissé pour compte et que la fourniture de vaccins soit assurée dans les situations d’urgence.

Laboratoires de santé publique

Les laboratoires de santé publique apportent une contribution technique transversale à la surveillance des maladies transmissibles et des agents pathogènes émergents, y compris les pathogènes pharmacorésistants, et à la riposte contre ceux-ci. À mi-parcours, la mise en œuvre du cadre stratégique régional pour le renforcement des services des laboratoires de santé 2016-2020 demeure vitale pour l’amélioration de la qualité et de la sécurité des services des laboratoires de santé et pour le respect des obligations des pays au titre du Règlement sanitaire international (RSI). Si des progrès ont été accomplis, il reste encore beaucoup à faire.

À ce jour, huit pays de la Région ont adopté une politique nationale en matière de laboratoires et des politiques sont en cours de préparation dans deux autres pays. Un nouveau souffle est requis pour renforcer le leadership et la gouvernance des systèmes de laboratoire nationaux en instaurant des groupes de travail, des politiques et des stratégies nationaux relatifs aux laboratoires dans plus de pays. Les services des laboratoires de santé doivent rester une priorité nationale disposant d’une planification et d’une budgétisation des ressources adéquates aux fins des opérations ; dans le cas contraire, les contraintes en termes de ressources et la concurrence entre les priorités mettront en péril la mise en œuvre du cadre d’action stratégique et des recommandations exprimées dans les évaluations externes conjointes.

La production de résultats de qualité est au cœur des activités de tout laboratoire et l’évaluation externe de la qualité (EEQ) s’avère un atout précieux pour l’évaluation et l’amélioration des performances du laboratoire en termes de diagnostic. En 2018, 35 laboratoires répartis dans 20 pays ont participé au programme régional d’EEQ pour la microbiologie, coordonné par des laboratoires de la République islamique d’Iran et d’Oman. Le programme est engagé depuis 2005 et fait actuellement l’objet d’une évaluation. Par ailleurs, la Jordanie et le Pakistan ont bénéficié d’un soutien pour l’évaluation de leurs programmes nationaux d’EEQ. Afin de mettre en place des ressources humaines pérennes, compétentes et en nombre suffisant pour la prestation de services de laboratoire, l’OMS et ses partenaires mettent au point un programme mondial d’encadrement des laboratoires pour lequel le Bureau régional dirige la préparation d’un module pilote destiné au Pakistan.

Sécurité transfusionnelle

En 2018, l’OMS a continué d’apporter un soutien aux pays dans la mise en œuvre du cadre stratégique régional pour la sécurité transfusionnelle et la disponibilité des produits sanguins 2016-2025 afin d’améliorer l’accès à du sang et à des produits sanguins abordables et de qualité garantie à tout moment, y compris en situation d’urgence humanitaire. Son action s’est concentrée sur le renforcement de l’organisation et de la gouvernance des systèmes nationaux d’approvisionnement en sang aux fins d’une gestion efficace du sang et des produits sanguins, sur la mise en place de mécanismes de fractionnement du plasma, sur l’amélioration de la gestion des donneurs de sang et sur la réponse à la demande croissante en transfusions sanguines en situations d’urgence.

La demande en sang et en produits sanguins continue de progresser dans les pays touchés par des situations d’urgence humanitaire. Cinq pays (Afghanistan, Libye, République arabe syrienne, Somalie et Yémen) ont bénéficié d'une aide pour intégrer les services de transfusion sanguine dans l'ensemble des efforts nationaux de préparation et de riposte aux situations d'urgence, et pour assurer la sécurité et la disponibilité des transfusions sanguines durant les situations d'urgence humanitaire.

Résistance aux antimicrobiens

Des progrès significatifs ont été réalisés pour s’attaquer à la résistance aux antimicrobiens dans la Région en 2018. L’élaboration de plans d’action à cet égard reste une priorité majeure. Fin 2018, neuf pays (Afghanistan, Arabie saoudite, Égypte, République islamique d’Iran, Jordanie, Libye, Oman, Pakistan et Soudan) avaient officiellement adopté et présenté leur plan sur la plateforme en ligne de l’OMS, tandis que cinq pays (Bahreïn, Iraq, Maroc, Qatar et Tunisie) disposaient d’un plan d’action finalisé en attente d’adoption par leur ministère de la Santé. La planification implique les secteurs de la santé humaine, de la santé animale, de l’élevage, de l’agriculture, de l’environnement et de la production alimentaire.

Le plan d’action mondial de l’OMS sur la résistance aux antimicrobiens est en cours de mise en œuvre dans la Région, l’accent étant mis sur la génération de données de surveillance : 14 pays de la Région sont inscrits sur la plateforme du système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS) et 12 d’entre eux ont transmis des données sur ce phénomène en réponse à l’appel de données pour 2018. En complément de la surveillance de la résistance aux antimicrobiens chez l’homme, le Projet tridimensionnel a été lancé en 2018 aux fins de l’élaboration d’un protocole mondial harmonisé sur la surveillance intégrée de la résistance aux antimicrobiens des Escherichia coli sécrétrices de bêta-lactamases à spectre élargi chez l’homme, l’animal et dans l’environnement. Ce projet traduit une collaboration tripartite entre l’OMS, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Quatre pays de la Région (Égypte, Jordanie, Maroc et Soudan) bénéficient d’un soutien dans l’application du projet, tandis que le Pakistan a entamé sa mise en œuvre en 2018. Les données nationales sur la consommation d’antimicrobiens en République islamique d’Iran, en Jordanie et au Soudan ont été incluses dans le rapport de l’OMS sur la surveillance de la consommation d’antibiotiques, publié fin 2018.

Avec l’appui de l’Agence coréenne de collaboration internationale (KOICA), la Jordanie a créé un comité national multidisciplinaire sur la résistance aux antimicrobiens, ainsi qu’un centre national de coordination; elle a par ailleurs nommé un laboratoire national de référence en la matière, sélectionné huit sites de surveillance sentinelles du phénomène et mis au point un plan national de surveillance en la matière. Un soutien a été fourni pour renforcer les capacités de huit hôpitaux sentinelles dans le domaine de la résistance aux antimicrobiens, pour créer et entraîner des équipes de surveillance, et pour former les laboratoires des hôpitaux à la normalisation des modes opératoires d’identification des pathogènes, au dépistage de la sensibilité aux antimicrobiens et au contrôle de la qualité. Le logiciel WHONET a été installé dans le centre national de coordination et dans les sites de surveillance aux fins de la collecte et de la notification des données. Une enquête ponctuelle sur la prévalence visant à mesurer la prévalence de l’utilisation des antimicrobiens chez les patients hospitalisés a été menée dans huit sites de surveillance ; l’analyse des données qui en résultent est en cours.

Les capacités des laboratoires à soutenir le dépistage de la résistance aux antimicrobiens dans les pays ont été cartographiées et les laboratoires nationaux de référence pour la microbiologie et la surveillance du phénomène ont été évalués en Jordanie, au Pakistan, au Soudan et en Tunisie. Des mesures ont été prises pour améliorer les compétences du personnel conformément aux normes internationales. Un appui technique a été fourni pour instaurer des systèmes internes de contrôle de la qualité dans les laboratoires de trois pays (Iraq, Jordanie et Soudan). En outre, le statut des programmes de prévention et de lutte anti-infectieuses a été évalué dans 14 pays.

L’application d’interventions de changement des comportements adaptées pour la maîtrise de la résistance aux antimicrobiens a été expérimentée en Égypte et au Soudan. Les efforts se sont concentrés sur la modification des pratiques de prescription dans les établissements de soins de santé primaires au Soudan et sur l’amélioration des pratiques de prescription pour la prophylaxie chirurgicale en Égypte. Des études de recherche qualitative ont été conduites pour identifier les comportements ciblés suivies d’un exercice de renforcement des capacités et de mise en œuvre d’interventions. À l’heure actuelle, les deux pays évaluent l’impact de ces actions.

L’initiative « Vidéo pour le changement » a été lancée en Égypte, en Jordanie et au Soudan pour encourager les jeunes à utiliser les technologies dans l’objectif de promouvoir un changement des comportements aux fins de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Plus de 100 étudiants en médecine, en pharmacie et en études vétérinaires ont suivi un cours de formation sur la communication en santé. La Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques a été célébrée du 12 au 16 novembre 2018 et était consacrée au thème « Antibiotiques : à manipuler avec précaution ». La campagne a permis pendant cinq jours la diffusion de messages personnalisés portant sur chacun des objectifs du plan d’action mondial sur la résistance aux antimicrobiens et a inclus une conférence de presse commune aux bureaux régionaux de l’OMS et de la FAO sur l’importance de l’approche « Un monde, une santé » pour la résistance aux antimicrobiens.

Renforcement de la collaboration interrégionale

Les régions de l’OMS pour l’Europe et pour la Méditerranée orientale ont débuté la cartographie et la documentation des domaines de collaboration afin de définir les domaines ouverts à une collaboration future et d’identifier des synergies. En 2018, la collaboration a permis l’organisation d’un atelier interrégional sur la préparation à la transition vers un financement national des programmes de lutte contre la tuberculose, le VIH et le paludisme, la tenue d’une réunion de consultation sur la leishmaniose entre les pays endémiques voisins dans les régions de l’Afrique, de l’Europe et de la Méditerranée orientale, et la convocation d’une réunion sur le renforcement des laboratoires. Les deux régions ont aussi collaboré à la documentation et à l’estimation de la charge de morbidité tuberculeuse dans certaines régions du nord-est de la République arabe syrienne et à l’obtention de médicaments antituberculeux pour traiter les cas détectés. Les activités de vaccination ont été coordonnées par le bureau du projet de l’OMS à Gaziantep (Turquie).

La collaboration a également permis des échanges d’expérience entre le personnel national du programme sur le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles du Pakistan et de l’Ukraine et a inclus une coopération, notamment en matière de cadre réglementaire applicable aux laboratoires, de personnels et d’évaluation externe de la qualité ainsi que d’autres domaines. Des enseignements ont été tirés de l’établissement d’un réseau de surveillance de la résistance aux antimicrobiens par la Région européenne et son programme personnalisé de changement des comportements vis-à-vis du phénomène a été adapté à la Région de la Méditerranée orientale.