24 avril 2025, Le Caire (Égypte) – À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2025, l’OMS et ses partenaires font la promotion de la campagne « Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme », qui vise à redynamiser l’action à tous les niveaux – des politiques mondiales à l’action communautaire – afin d’accélérer les progrès sur la voie de l’élimination du paludisme.
Cette maladie demeure un problème majeur de santé publique dans le monde. En 2023, on estimait à 263 millions le nombre de nouveaux cas de paludisme dans 83 pays, contre 252 millions en 2022 et 226 millions en 2015.
Les efforts de lutte contre le paludisme portent leurs fruits. Depuis 2000, ils ont permis d’éviter près de 2,2 milliards de cas et 12,7 millions de décès dans le monde. Rien qu’en 2023, plus de 177 millions de cas et un million de décès ont été évités, dont la grande majorité, 80 % des cas et 94 % des décès, en Afrique.
La charge du paludisme dans la Région OMS de la Méditerranée orientale a fortement augmenté ces dernières années, avec près de 10,2 millions de cas notifiés en 2023, soit une hausse de 137 % par rapport à 2015. Cette augmentation alarmante est due à des inondations catastrophiques au Pakistan, qui ont entraîné 3,7 millions de cas supplémentaires entre 2021 et 2023. Les conflits en cours et l’instabilité dans des pays tels que le Soudan et le Yémen continuent de perturber les efforts de lutte antipaludique. Le Soudan a les taux d’incidence du paludisme les plus élevés de la Région. En 2023, on estimait à plus de 3,4 millions le nombre de cas et à 7900 le nombre de décès, bien que ces chiffres pourraient être en deçà de la réalité en raison de la sous-notification liée au conflit en cours et aux défaillances en matière de communication au Soudan.
Face à des défis croissants – notamment l’émergence de résistances aux médicaments antipaludiques et aux insecticides, ainsi que l’impact du changement climatique sur l’habitat des moustiques et les modes de transmission – des stratégies innovantes s’imposent d’urgence pour progresser vers l’élimination du paludisme.
Alors que la Région accuse un retard important dans la réalisation des cibles mondiales de réduction des cas et de la mortalité liés au paludisme fixées pour 2025 et 2030, certains pays ont néanmoins accompli des progrès notables dans ce domaine.
En octobre 2024, l’Égypte est devenue, après les Émirats arabes unis (2007) et le Maroc (2010), le troisième pays de la Région à être certifié exempt de paludisme par l’OMS. À l’échelle mondiale, 44 pays et un territoire ont atteint ce jalon.
En novembre 2024, le ministère fédéral soudanais de la Santé, en partenariat avec l’OMS, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et Gavi, l’Alliance du vaccin, a déployé les vaccins antipaludiques pour la première fois dans le pays. Ces vaccins visent à protéger les enfants âgés de 5 à 12 mois dans les États à forte charge de morbidité, dont 15 localités de Gedaref et Blue Nile. Dans une première phase, 148 000 enfants sont ciblés, avec pour objectif d’étendre la couverture à 1,3 million d’enfants dans 134 localités d’ici la fin de l’année 2026.
En mai 2024, Djibouti a adopté une approche innovante de la lutte contre le paludisme en procédant à une phase pilote de mise en circulation de moustiques Anopheles stephensi génétiquement modifiés.
Les efforts régionaux visant à soutenir l’élimination du paludisme dans toute la Région comprennent le renforcement de la coordination régionale, le partage des données et l’innovation en appui aux objectifs d’élimination, ainsi qu’un projet conjoint avec le Global Institute for Disease Elimination (GLIDE) visant à évaluer le risque de réintroduction du paludisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Grâce au Réseau de surveillance du traitement antipaludique dans la Corne de l'Afrique (HANMAT), les États Membres s’attaquent aux menaces biologiques telles que la résistance aux médicaments antipaludiques et aux insecticides, les mutations parasitaires qui rendent la maladie indétectable par les tests de diagnostic rapide couramment utilisés, ainsi que la propagation d’un vecteur invasif du paludisme en Afrique. En parallèle, le projet régional mené par GLIDE pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord évalue le risque de réceptivité à une réintroduction de cette affection.
« Le paludisme est une maladie évitable et traitable. Mettre fin au paludisme n’est pas seulement une priorité sanitaire, c’est un investissement dans un avenir en meilleure santé, plus équitable, plus sûr et plus prospère pour chaque nation », a déclaré la Dre Hanan Balkhy, Directrice régionale de l’OMS pour la Méditerranée orientale. « Des interventions efficaces existent. En travaillant ensemble, nous pouvons faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte. »
Pour accélérer les progrès vers l’élimination du paludisme, l’OMS et ses partenaires appellent les gouvernements, les donateurs et le secteur privé à augmenter les financements pour les programmes de lutte contre cette affection en vue de son élimination ; à soutenir le réapprovisionnement complet du Fonds mondial et de Gavi ; à renforcer le financement national dans les pays endémiques ; à investir dans des interventions éprouvées telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide, la pulvérisation intradomiciliaire d'insecticide à effet rémanent, la chimioprévention et les vaccins ; et à bâtir des systèmes de santé solides, notamment pour les populations les plus à risque.
L’OMS appelle également toutes les parties prenantes à participer au « Big Push » contre le paludisme, un effort multipartite mené par les pays, visant à développer et mettre en œuvre un plan global pour relancer les progrès vers l’élimination du paludisme, en s’appuyant sur six actions prioritaires :
- Améliorer la coordination entre les partenaires mondiaux, régionaux et nationaux
- Renforcer le leadership et la responsabilisation au niveau national tout en promouvant une approche inclusive mobilisant l’ensemble de la société
- Consolider les systèmes de données et favoriser une prise de décision fondée sur les données
- Accroître l’accessibilité, l’acceptabilité et la qualité des interventions existantes
- Concevoir de nouveaux outils transformateurs et se préparer à leur déploiement rapide
- Augmenter les financements consacrés au paludisme en élaborant une nouvelle approche
Le succès dans la lutte contre cette maladie ouvrira la voie à un avenir en meilleure santé, plus équitable et plus sûr pour toutes et tous. Un monde sans paludisme est possible. Assurons-nous que personne ne soit laissé pour compte.