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Dr Sayed Abo Bakar Rasooli, Responsable des situations d’urgence sanitaire et Gestionnaire d’incidents, Interventions d’urgence pour le séisme d’Hérat, OMS Afghanistan

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Épisode 2

Dr Sayed Abo Bakar Rasooli, Responsable des situations d’urgence sanitaire et Gestionnaire d’incidents, Interventions d’urgence pour le séisme d’Hérat, OMS Afghanistan

29 octobre 2023 – Je me reposais chez moi, comme je le fais d’habitude le week-end, lorsque j’ai ressenti le puissant séisme qui a frappé la province afghane d’Hérat peu après 11 heures, le 7 octobre 2023. Son intensité était si inhabituelle que tous les membres de ma famille se sont levés d’un bond pour se précipiter à l’extérieur.

J’ai immédiatement appelé l’hôpital régional d’Hérat, le plus vaste de toute la région occidentale, où la plupart des blessés viennent généralement pour être soignés durant les situations d’urgence. Les autorités de l’hôpital m’ont informé que quelques blessés avaient déjà été admis.

J’ai rapidement vérifié si nous avions suffisamment de médicaments en stock et demandé au magasinier de l’OMS d’approvisionner l’hôpital régional, puis je me suis rendu d’urgence sur place, sans même prendre le temps de changer de vêtements et laissant ma famille dehors, dans la rue. En tant que professionnel de santé et qu’humanitaire, j’ai dû choisir entre ma famille et les patients. C’est vers ces derniers que mon choix s’est porté, car ce sont eux qui avaient le plus besoin de moi à ce moment-là.

À l’hôpital, j’ai commencé à recevoir des rapports officiels et officieux indiquant que le district de Zindajan, situé à environ 45 km du centre d’Hérat, avait été totalement détruit. À la fin de cette première journée après le séisme, plus de 500 blessés étaient arrivés à l’hôpital régional et plus de 120 corps sans vie y avaient été amenés. Tous les jardins de l’hôpital avaient été transformés en espace de soins de fortune.

Dans la soirée, de nombreuses personnes et organisations étaient à l’hôpital pour distribuer de la nourriture et des couvertures aux patients et à leurs aidants. Tout cela était très réconfortant à voir. Nous étions tous concernés. Chacun faisait preuve de compassion et apportait son aide. Je suis resté à l’hôpital avec les médecins et les collègues jusqu’à minuit, afin de m’assurer que tous les patients avaient été pris en charge.

Le lendemain, j’étais sur le terrain. Des gens venant de près ou de loin se hâtaient en direction des zones touchées par le séisme avec des houes et des pioches pour secourir les personnes coincées sous les décombres ou dégager des corps de personnes décédées. Je ne pouvais pas en croire mes yeux : des villages entiers avaient été réduits en poussière. Mes forces m’ont abandonné et j’étais incapable de rester debout. Je devais m’asseoir toutes les cinq minutes pour récupérer un peu. Les dégâts dépassaient l’imagination.

Toutefois, en tant que gestionnaire d'incident au sein de l’OMS, mes responsabilités m’imposaient de faire tout ce qui était en mon possible pour venir en aide aux autres. J’ai emmené quelques collègues chez moi pour qu’ensemble, nous trouvions de la force les uns auprès des autres. Nous avons fait en sorte de nous remonter le moral les uns les autres et d’améliorer notre état psychologique. Chacun de mes collègues a été présent pour les personnes qui en avaient besoin.

Dès les premiers instants qui ont suivi le séisme, j’ai compris que mon peuple avait besoin de moi. Je devais être là à ses côtés. Mon pays et mon peuple ont enduré beaucoup de souffrances. En tant qu’humanitaire, ma responsabilité fondamentale consistait à faire tout mon possible pour les aider.