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Allocution du Directeur général à l'occasion du Comité régional pour la Méditerranée orientale, Doha (Qatar), 14 octobre 2024

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Monsieur le Ministre Dr Ali Haji Abubakar,

Madame la Ministre Dre Hanan Mohamed Al-Kuwari, Madame la Directrice régionale, Dre Hanan Balkhy, Mesdames et Messieurs les Ministres et Chefs de délégation, Excellences, chers collègues et amis,

Bonjour, je vous adresse mes salutations depuis Berlin et je vous prie de bien vouloir m’excuser de ne pas être présent en personne à nos côtés.

Je remercie le Qatar d'avoir accueilli cette année le Comité régional, qui se déroule à un moment particulièrement difficile pour la Région, avec les conflits dans le Territoire palestinien occupé, au Soudan, au Yémen, et maintenant au Liban. 

Il y a un mois, j'étais au Soudan avec la Dre Balkhy, où nous avons pu constater par nous-mêmes les effets du conflit, et rencontrer en personnes les populations qui en supportent les conséquences.

La semaine suivante, je me suis rendu au Tchad, où j'ai rencontré quelques-uns des 680 mille réfugiés soudanais qui ont quitté leur pays en quête de sécurité et de nourriture.

Et bien sûr, la guerre civile au Soudan n'est qu'un conflit parmi d'autres dans cette région troublée.

Alors que la guerre dans le Territoire palestinien occupé entre dans sa deuxième année, les habitants de Gaza et de la Cisjordanie font face à des menaces croissantes pour leur santé physique et mentale.

Au cours de l’année écoulée, l’OMS et ses partenaires ont soutenu le système de santé et les agents de santé de Gaza du mieux qu'ils ont pu, dans des conditions extrêmement difficiles et dangereuses.

Nous avons livré près de 2500 tonnes de fournitures ;

Nous avons coordonné des dizaines d’équipes médicales d'urgence.

En outre, en collaboration avec nos partenaires, nous lançons aujourd’hui la deuxième phase de notre campagne de vaccination contre la poliomyélite, qui ciblera près de 600 000 enfants.

L’éclatement du conflit au Liban a mis en péril la santé de millions de personnes supplémentaires.

Le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays augmente rapidement, tout comme la menace de flambées épidémiques, aggravée par la surpopulation des abris et la fermeture des hôpitaux. 

L’OMS est également profondément préoccupée par le nombre croissant d’attaques visant les soins de santé.

Nous appelons à la protection active des soins de santé, qui ne doivent pas faire l’objet d’attaques, conformément au droit humanitaire international, en aucun lieu.

Dans chacun de ces conflits, l'OMS, ses partenaires et les agents de santé que nous soutenons prennent en charge un nombre de plus en plus important de patients traumatisés.

Je me félicite donc de la publication du document technique que vous examinerez cette semaine, qui est intitulé « Faire face au fardeau croissant des traumatismes dans les situations de crise humanitaire ».

Et bien sûr, les impacts sur la santé mentale sont tout aussi réels et peuvent être beaucoup plus durables.

J'accueille donc avec satisfaction le Plan d'action régional pour la santé mentale et le soutien psychosocial dans les situations d'urgence.

Mais ce dont les populations de la Région ont besoin plus que de soins traumatologiques, de soutien en santé mentale et psychosocial, et d'aide, c'est d'un cessez-le-feu, d'une solution politique et de paix.

Le meilleur remède, c'est en effet la paix. 

En plus de ces conflits, la Région a également dû faire face, au cours de l'année écoulée, à des tremblements de terre, des inondations, des sécheresses, des flambées épidémiques et bien d'autres défis.

Et même si la menace spécifique de la COVID-19 s’est atténuée, le risque de futures pandémies demeure.

Comme vous le savez, les États Membres ont pris des mesures importantes pour renforcer la préparation et la riposte aux urgences sanitaires ainsi que la prévention de ces dernières lors de l'Assemblée mondiale de la Santé qui s'est tenue cette année, avec l’adoption d’amendements au Règlement sanitaire international.

Bien que les États Membres aient progressé par rapport à l’Accord sur les pandémies, certaines des questions les plus cruciales demeurent en suspens.

J’invite instamment tous les États Membres à rester à l'écoute les uns des autres – dans la Région et en dehors de celle-ci – à continuer à chercher un terrain d'entente et à conclure un accord solide d'ici la fin de l'année, si possible.

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Malgré les nombreux défis auxquels vous êtes confrontés, vous avez de nombreuses réalisations dont vous pouvez être fiers, qui sont décrites dans le premier rapport annuel de la Dre Balkhy.

L’Égypte est devenue le premier pays à atteindre l’étape « or » sur la voie de l’élimination de l’hépatite C, et le Pakistan a annoncé son plan d’élimination de cette maladie ;

L’Iraq a éliminé le trachome en tant que problème de santé publique ;

Et il y a quelques semaines à peine, la Jordanie est devenue le premier pays où l’élimination de la lèpre a été validée.

Bahreïn, le Koweït et le Qatar ont introduit des vaccins contre le papillomavirus humain, rejoignant ainsi le mouvement mondial pour l’élimination du cancer du col de l’utérus ;

Le système de réglementation d’Arabie saoudite a atteint le niveau de maturité 4 de l’OMS ;

La Tunisie a augmenté la taille des mises en garde sanitaires illustrées pour qu’elles recouvrent 70 % de la surface des paquets de tabac et Oman a décidé d’adopter le conditionnement neutre ;

L’Arabie saoudite est devenue l’un des premiers pays à valider l’élimination des acides gras trans ;

Et le Koweït a introduit des lignes directrices sur la teneur en sel des aliments transformés.

Et ce ne sont là que quelques faits saillants.

Je suis fier de la manière dont les bureaux régionaux et les bureaux de pays aident les États Membres, dans tant de domaines, comme en témoigne l'ordre du jour de cette semaine, qu'il s'agisse de la poliomyélite, de la sécurité transfusionnelle, de la couverture sanitaire universelle, de la santé numérique, de l'approche « Une seule santé », du tabagisme et bien d’autres encore.  

Je salue en particulier le document technique sur la résistance aux antimicrobiens.

Comme vous le savez, il y a tout juste 10 jours, les pays ont approuvé la déclaration politique sur la résistance aux antimicrobiens lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies.

J'invite instamment tous les États Membres à agir sans délai pour honorer les engagements qu’ils ont pris dans le cadre de la déclaration.

De même, je me félicite de la publication de la stratégie régionale pour la numérisation des systèmes d’information sanitaire, qui est essentielle pour améliorer les données, les services de santé ainsi que les résultats sanitaires.

Excellences,

Apporter une réponse face aux nombreuses autres menaces auxquelles vous êtes confrontés dans la Région exige une vision claire, une stratégie appropriée et une planification rigoureuse.

Je salue donc le Plan opérationnel stratégique de la Directrice régionale, qui comprend six priorités et trois Initiatives phares, chacune ayant des objectifs concrets et mesurables :

pour renforcer les capacités d’achat, de production locale et de réglementation des produits médicaux ;

pour accroître les investissements dans les personnels de santé, réduire les pénuries prévues et augmenter le nombre d’admissions dans les établissements d’enseignement de la santé ;

et pour élargir l'accès aux services relatifs à l'usage de substances psychoactives, avec l’appui de plans et d’une législation nationaux actualisés.

Le Plan opérationnel stratégique est bien aligné sur le quatorzième programme général de travail, qui a été adopté par les États Membres cette année lors de l'Assemblée mondiale de la Santé.

Le quatorzième programme général de travail intègre les enseignements du passé, les réalités du présent et nos aspirations pour l'avenir.

Il repose sur une mission claire : promouvoir la santé, fournir des services et protéger la santé et le bien-être de tous, dans tous les pays, et sauver 40 millions de vies au cours des quatre prochaines années.

Pour soutenir la mise en œuvre du quatorzième programme général de travail, nous avons lancé le premier cycle d'investissement de l'OMS, qui vise à mobiliser les ressources durables et prévisibles dont nous avons besoin pour mener à bien notre mission.

Nous nous réjouissons de votre participation à l'événement organisé demain pour le cycle d'investissement.

Bien entendu, nous comprenons que les États Membres s'attendent à un retour sur investissement significatif des ressources qu'ils confient à l'OMS – et cela est tout à fait justifié.

Nous sommes déterminés à poursuivre le processus de transformation que nous avons entamé il y a plus de sept ans, afin de rendre l'OMS plus efficace, plus efficiente, plus transparente, plus responsable et davantage axée sur les résultats.

L'une de nos principales priorités est désormais de renforcer nos bureaux de pays afin de fournir aux États Membres un soutien plus prévisible, plus stable et mieux adapté à leurs besoins.

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Excellences, chers collègues et amis,

Pour finir, je vous adresse trois demandes :

Tout d'abord, j’exhorte tous les États Membres à participer activement aux négociations relatives à l’Accord sur les pandémies et à le finaliser, si possible, d’ici la fin de l’année.

Ensuite, j’invite instamment tous les États Membres à mettre en œuvre le quatorzième programme général de travail et le Plan opérationnel stratégique régional.

Enfin, j’invite tous les États Membres et les partenaires à participer au cycle d’investissement de l’OMS.

Je tiens à vous remercier de nouveau pour votre engagement en faveur de la promotion de la santé, de la prestation de services et de la protection de la santé, pour tous les habitants de la Méditerranée orientale.

Shukraan jazeelan. Merci beaucoup. I thank you.