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La Jordanie affirme que les capacités des services de santé sont dépassées et réclame un soutien d’urgence

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Des enfants syriens sourient en levant les bras pour faire le signe de la paix avec leurs doigts.Plus de 40 % des réfugiés syriens en Jordanie sont des enfants de moins de 11 ans (source : Haut-Commissariat pour les réfugiés). Photo : OMS.16 juin 2013 – Zeina* et sa sœur jumelle ont fui la Syrie pour la Jordanie il y a près de cinq mois, avec leurs six enfants, tous âgés de moins d’onze ans. « À Daraa, d'où je viens, il n’y avait plus rien. Nos hôpitaux et nos centres de santé ont presque tous fermé. Les médecins faisaient des visites à domicile, mais c'était cher et j'ai entendu dire que certains avaient été enlevés pendant leur tournée », dit-elle. Malgré les conditions de vie difficiles dans le camp de réfugiés d’Al-Zaatari, Zeina a fait passer la santé de ses enfants avant le reste. « Cela ne me plaît pas ici, mais au moins on peut dormir la nuit. Il nous faut une heure pour aller de notre tente à la caravane de vaccination, mais je sais que c’est pour le bien de mes enfants. Ils ont retrouvé le sourire depuis qu’on a quitté la Syrie. Au moins, ici, ils reçoivent des soins médicaux. »

Zeina fait partie du demi-million de réfugiés syriens qui vivent actuellement en Jordanie, rejoints chaque jour par plus de mille nouveaux arrivants. Alors que la situation en Syrie ne cesse de se détériorer, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés estime que le nombre total de Syriens en Jordanie devrait dépasser un million avant la fin de l’année, soit près de 17 % de la population jordanienne.

« Malgré ses propres difficultés socioéconomiques, la Jordanie continue de pratiquer une politique de la porte ouverte et fournit un certain nombre de services à tous les Syriens qui ont fui les violences. Toutefois, cette immigration massive pèse lourdement sur les ressources socioéconomiques limitées du pays », analyse le Dr Akram Eltom, Représentant de l’OMS en Jordanie. « Sans un soutien supplémentaire, le pays ne devrait bientôt plus être en mesure d'assurer ces services essentiels aux Syriens. »

Si ceux qui vivent dans les camps de réfugiés, comme Zeina et sa famille, ont facilement accès aux services de santé, près de 70 % des Syriens en Jordanie habitent dans les communautés urbaines, ce qui représente un fardeau important pour le système de santé du pays. Selon le ministère de la Santé jordanien, le nombre de Syriens pris en charge dans les hôpitaux publics du pays a augmenté de manière considérable, de près de 250 %, passant de 4 109 patients en janvier 2013 à 10 330 patients en mars 2013. De même, le nombre de Syriens ayant besoin d’une opération chirurgicale en dehors des camps de réfugiés s’est accru de près de 600 %, passant de 105 patients en janvier 2013 à 622 patients en mars 2013.

Les Syriens atteints de maladies chroniques, nécessitant un traitement à long terme et plus onéreux, font peser un poids supplémentaire sur le système de santé national. Sur la base des chiffres actuels, le ministère de la Santé estime que, d'ici la fin de l’année 2013, la Jordanie comptera 676 patients cancéreux originaires de Syrie, soit une hausse de 14 % de la charge totale liée à cette maladie dans le pays.

Bien que le système de santé jordanien soit sous pression, la communauté internationale n'a pas suffisamment investi en matière de ressources, d’où un manque de lits d’hôpital, de personnel infirmier et de traitements contre les maladies chroniques. Certains patients jordaniens n’obtiennent pas de rendez-vous pour des opérations non urgentes car le personnel hospitalier, surchargé, doit gérer les traumatismes liés à la guerre et les autres urgences parmi les Syriens ayant traversé la frontière.

S’adressant à la communauté des donateurs internationaux, à Genève en mai dernier, le Dr Mujalli Mhailan, Ministre de la Santé et de l’Environnement en Jordanie, a affirmé que le gouvernement jordanien avait dépensé, au total, 52,65 millions de dollars US en soins de santé pour les réfugiés syriens en avril 2013, alors qu’il n’avait reçu que 4,97 millions de dollars, principalement au titre du soutien financier direct de quatre institutions des Nations Unies, dont l’OMS.

« La Jordanie est déterminée à fournir une aide humanitaire aux réfugiés syriens, mais nous ne pouvons plus supporter seuls l’impact financier de cette crise », explique le Dr Mujalli Mhailan. « Le système de santé publique de la Jordanie est mis à contribution de manière excessive et le manque de financement dans le secteur sanitaire constitue un risque de plus en plus grave pour la santé et la stabilité sociale. La Jordanie a besoin d’un soutien important dès maintenant ainsi que dans les prochaines années. Il faut que la communauté des donateurs allège son fardeau afin de pérenniser les services de santé pour la population jordanienne et les réfugiés syriens. »

Près de 135 millions de dollars US sont nécessaires au gouvernement pour qu’il puisse continuer à fournir les services de soins de santé aux Syriens pendant les douze prochains mois. De plus, 180 millions de dollars supplémentaires sont requis pour développer rapidement les établissements de santé existants, notamment dans le nord du pays, en vue de répondre aux besoins sanitaires croissants des Syriens et des communautés d'accueil. Le ministère de la Santé a conçu un plan stratégique pour guider l'ensemble des donateurs et des partenaires en orientant l’aide en matière de soins de santé avec, comme principal objectif, de renforcer les établissements publics et d’éviter les services parallèles.

Le 7 juin 2013, les Nations Unies ont lancé un plan d'action régional révisé pour les réfugiés, qui précise les besoins de financement pour six pays touchés par la crise. Au total, le secteur de la santé en Jordanie demande 154 731 984 dollars, dont près de 67,5 millions pour le gouvernement et 9,2 millions pour l’OMS.

*Son vrai nom a été changé.

Lien connexe

Plan d'action régional révisé pour les réfugiés (en anglais)