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Promouvoir la santé tout au long de la vie

La promotion de la Santé et du bien-être tout au long de la vie a constitué une priorité de premier plan en 2018

Notre action a principalement portée sur la santé des femmes avant, pendant et après une grossesse, ainsi que celle des nouveau-nés, des enfants, des adolescents et des personnes âgées. En identifiant les étapes critiques de la vie qui ont une influence sur la santé, des opportunités pour la promotion de la santé peuvent être identifiées et saisies tout au long du continuum des soins. En plus de faire la promotion de populations en meilleure santé, cette approche implique de prendre en compte la question des déterminants sociaux et environnementaux de la santé au moyen d’une action multisectorielle et d’un plaidoyer en faveur de la Santé dans toutes les politiques.

Santé génésique et maternelle

Tandis que la santé génésique et maternelle est essentielle pour réaliser les objectifs du triple milliard de l’OMS ainsi que la Vision 2023, la Région de la Méditerranée orientale se classe au cinquième rang parmi les six régions OMS en termes d’indicateurs dans ces deux domaines. En 2018, un soutien technique a été fourni à de nombreux pays en matière de planification stratégique. L’Afghanistan, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Iraq, la Libye, le Maroc, Oman, le Pakistan, le Qatar, le Soudan, la Tunisie et le Yémen ont finalisé leurs plans stratégiques pour la santé génésique et maternelle. Un cadre d’action régional sur les soins préconceptionnels pour la période 2019-2023 a été approuvé par la soixante-cinquième session du Comité régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale en octobre 2018. Le mois suivant, une réunion régionale pour obtenir l’engagement des pays en vue d’améliorer la santé maternelle et infantile et renforcer les partenariats dans ce domaine a été organisée à Amman (Jordanie). Cette réunion a été l’occasion de présenter la mise à jour des orientations et recommandations de l’OMS aux administrateurs de programmes nationaux dans les domaines de la planification familiale et des soins préconceptionnels, prénatals et intrapartum, et de préparer des plans d’action nationaux dans ces domaines. Afin de répondre aux besoins en santé génésique et en santé maternelle dans les situations de crise, une édition spéciale du Disque pour le choix des méthodes contraceptives selon les critères de recevabilité médicale a été élaborée de façon à être adaptée aux prestations de services dans les situations d’urgence humanitaire.

Le taux moyen de césarienne dans la Région est de 21 %, et varie entre l’un des taux les plus élevés au monde (52 % en Égypte) et l’un des plus faibles (2 % en Somalie). Pour évaluer les pratiques de césarienne dans la Région, des activités de recherche ont été soutenues pour l’année 2018 en Égypte, en République islamique d’Iran, au Liban, au Maroc et en République arabe syrienne, et une réunion de consultation informelle a été organisée sur les recommandations de l’OMS pour les interventions non cliniques visant à réduire le recours inutile à la césarienne. En octobre, à la suite de la soixante-cinquième session du Comité régional, une réunion technique s’est tenue à Khartoum (Soudan) sur l’augmentation du recours à la césarienne dans certains pays de la Région. Des efforts sont actuellement déployés afin de s’appuyer sur les conclusions de cette réunion et d’optimiser le recours à la césarienne dans la Région.

Santé de l'enfant et de l'adolescent

Entre 1990 et 2017, la mortalité des moins de cinq ans a baissé de 51 % dans la Région, passant de 102 à 50 décès pour 1000 naissances vivantes. Cependant, le taux de mortalité néonatale a baissé à un rythme plus lent (de 35 % depuis 1990). Environ 458 000 nourrissons sont décédés en 2017, soit plus de 54 % de l’ensemble des décès des moins de cinq ans. Concernant les cibles des objectifs de développement durable (ODD), sept sur 22 pays de la Région affichaient un taux de mortalité des moins de cinq ans supérieur à la cible mondiale fixée pour 2030 (25 pour 1000 naissances vivantes), et huit pays avaient un taux de mortalité néonatale supérieur à la même cible pour 2030 (12 pour 1000 naissances vivantes). Les causes principales de mortalité en période néonatale sont la prématurité (21 %), la pneumonie (15 %), des complications intrapartum (13 %) et la septicémie néonatale (9 %). La pneumonie, la diarrhée et les traumatismes demeurent les causes principales de décès chez les enfants de moins de cinq ans. Il existe de nombreuses causes sous-jacentes à la mortalité infantile et néonatale élevée continue dans la Région, notamment les crises humanitaires, qui en font la région ayant le taux de mortalité néonatale le plus élevé.

Les adolescents représentent environ un cinquième de la population de la Région (129 millions). Le taux de mortalité des adolescents dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la Région est de 115 décès pour 100 000, ce qui en fait le deuxième taux le plus élevé au monde. Les cinq principales causes de mortalité dans ce groupe d’âge sont la violence collective et les interventions policières, les accidents de la circulation routière, les noyades, les infections des voies respiratoires inférieures et la violence interpersonnelle. Les cinq causes principales de perte d’années de vie corrigées de l’incapacité chez les adolescents sont la violence collective et les interventions policières, l’anémie ferriprive, les accidents de la circulation, les troubles dépressifs et les troubles comportementaux durant l’enfance.

En 2018, un projet de cadre de mise en œuvre de la santé du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent 2018-2023 a été élaboré pour soutenir les pays dans la mise en œuvre du treizième programme général de travail (PGT) et des priorités régionales, et un atelier a été organisé pour renforcer les capacités des points focaux des bureaux de l'OMS dans les pays à gérer et à coordonner les plans et les activités relatifs à la santé génésique et à la santé de la mère, du nourrisson, de l’enfant et de l’adolescent. En outre, les capacités des pays ont été renforcées dans les domaines des soins essentiels du nouveau-né, de la prise en charge intégrée de la santé de l’enfant, des soins aux fins du développement de l’enfant et de la planification stratégique de la santé de l’adolescent. Afin de consolider et d’intégrer les services de santé destinés aux enfants et aux adolescents dans le cadre de plans nationaux de préparation et d’action humanitaire, un guide opérationnel régional pour la santé de l’enfant et de l’adolescent dans les situations d’urgence humanitaire a été lancé au Soudan ; une opération de ce genre sera ensuite mise en œuvre en Libye et en République arabe syrienne.

La Région de la Méditerranée orientale présente le taux de mortalité néonatale le plus élevé de toutes les Régions de l'OMS

Vieillissement et santé

Le Bureau régional collabore avec le Siège de l’OMS en vue de mettre au point une plateforme pour l’innovation et le changement dans la prise en compte des besoins sanitaires et sociaux des populations les plus âgées. Cette plateforme permettra à l’OMS de travailler main dans la main avec ses partenaires et de faire appel aux meilleures compétences à disposition pour identifier des solutions novatrices visant à améliorer la santé des personnes âgées. Le projet de plateforme pourra être consulté par les États Membres mi-2019 et devrait être à l’ordre du jour de la Soixante-Treizième Assemblée mondiale de la Santé en 2020.

Les directives sur les soins intégrés pour les personnes âgées (SIPA) mettent en exergue des interventions s’appuyant sur des bases factuelles qui permettent de gérer la diminution des capacités intrinsèques des personnes âgées au sein de la communauté. En juin 2018, une réunion de consultation s’est tenue à Beyrouth (Liban), sur la promotion d’une approche intégrée des soins aux personnes âgées et sur le renforcement de la mise en œuvre du plan mondial d’action de santé publique contre la démence 2017-2025 dans la Région. La réunion a permis de présenter les concepts, les approches et les paramètres des soins intégrés pour les personnes âgées et de souligner les étapes requises pour soutenir leur application dans la Région.

En mai 2018, les résultats d’une enquête mondiale de l’OMS sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie et du plan d’action mondiaux sur le vieillissement et la santé ont été présentés lors de la Soixante et Onzième Assemblée mondiale de la Santé. Pour évaluer ces progrès, l’OMS a collecté des données portant sur 10 indicateurs dans les pays et les régions. Les réponses fournies par les pays de la Région de la Méditerranée orientale ont été complétées par des informations recueillies dans le cadre d’une enquête régionale sur le vieillissement achevée fin 2017. Ces données seront utilisées pour renforcer les programmes nationaux. Une collaboration étroite avec les principales parties prenantes en vue de nourrir les efforts nationaux visant à satisfaire les besoins sanitaires des personnes âgées dans la Région est un prérequis à l’achèvement de la vision de la Santé pour tous et par tous et à la garantie que personne ne soit laissé pour compte.

Violence, traumatismes et incapacités, incluant la prévention de la cécité et de la surdité

La Région de la Méditerranée orientale a le troisième taux d’accidents de la circulation routière mortels le plus élevé au monde, soit 18 décès pour 100 000 habitants. La plupart des décès surviennent dans les pays à revenu intermédiaire, tandis que les pays à revenu élevé enregistrent des taux de mortalité par accidents de la circulation trois fois supérieurs au taux moyen des pays à revenu élevé dans le monde. Les hommes et les jeunes sont les plus touchés. En septembre 2018, le Forum régional des législateurs en matière de sécurité routière dans la Méditerranée orientale a été créé dans la lignée du Réseau mondial des législateurs de la sécurité routière. Un cadre stratégique sur la sécurité routière visant à accélérer l’action pour la réalisation des cibles mondiales en matière de sécurité routière dans la Région de la Méditerranée orientale a été mis au point en consultation avec les États Membres pour orienter les pays dans l’élaboration et la mise en œuvre de mesures et de plans d’action adaptés au contexte national, exhaustifs et basés sur l’approche du « système sûr ». L’OMS a également soutenu les pays dans le renforcement de leurs systèmes de soins d’urgence et la Jordanie et le Soudan ont notamment mené à bien des évaluations afin d’identifier des actions prioritaires.

La Région présente la deuxième prévalence la plus élevée des violences à l’encontre des femmes (37 %), qui sont exacerbées dans les situations d’urgence. En 2018, les pays ont bénéficié d’un appui pour consolider la riposte de leur système de santé face aux violences sexistes à la fois dans des contextes de développement et d’urgence. La mise au point de plans d’action a été encouragée en Égypte, aux Émirats arabes unis, en Jordanie, au Maroc, au Pakistan, au Soudan et en Tunisie, tandis que l’Afghanistan, l’Iraq et la République arabe syrienne ont bénéficié d’un soutien au titre de l’initiative mondiale de l’OMS visant à intégrer la prise en charge des violences sexistes dans la riposte sanitaire en situation d’urgence. En outre, 19 pays procèdent actuellement à une enquête dans le cadre du rapport de situation mondial sur la prévention de la violence à l’encontre des enfants. Une réunion parallèle consacrée à la violence sexiste dans les situations d’urgence a été organisée pendant la soixante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme au Siège des Nations Unies à New York, en mars 2018.

D’après les estimations de l’OMS selon lesquelles 15 % de la population mondiale vit avec une forme de handicap, la Région abrite près de 100 millions de personnes handicapées. La prévalence du handicap enregistrée dans les pays varie entre 0,4 % et 4,9 %. Environ 4,9 millions de personnes sont atteintes de cécité, 18,6 millions souffrent d’une baisse de la vision, 23,5 millions de vices de réfraction et plus de 10,7 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus présentent une déficience auditive incapacitante. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord regroupent environ 3 % de la population mondiale de plus de 65 ans souffrant d’une déficience auditive incapacitante.

Conformément à la résolution du Comité régional EM/RC63/R.3 sur l’amélioration de l’accès aux aides techniques, un projet de cadre d’action stratégique pour améliorer l’accès aux aides techniques dans la Région a été élaboré et examiné lors d’une réunion consultative tenue au Pakistan en mai 2018. Au niveau mondial, grâce aux efforts de leadership du Gouvernement pakistanais, la Soixante et Onzième Assemblée mondiale de la Santé a adopté la résolution WHA71.8 sur l’amélioration de l’accès aux technologies d’assistance. Cette résolution vient renforcer l’engagement des États Membres, de l’OMS et de ses partenaires à travailler de concert à l’amélioration de l’accès aux technologies d’assistance pour tous et partout.

En 2018, une consultation régionale sur le projet de rapport mondial sur la vision a été organisée et l’Arabie saoudite, l’Iraq, la Libye et le Maroc ont finalisé leur rapport d’évaluation sur les soins oculaires. En juillet, la Région a participé à la troisième réunion des parties prenantes du programme de l’OMS sur la prévention de la surdité et de la déficience auditive et à la consultation pour l’élaboration du rapport mondial sur l’audition. La République islamique d’Iran a bénéficié d’un appui pour la finalisation de son rapport d’évaluation sur les soins oculaires.

La Région est confrontée à de nombreuses difficultés dans la lutte contre les violences, les traumatismes et les incapacités, notamment le manque de ressources humaines et financières aux niveaux national et régional, la médiocrité de la mise en œuvre et de l’évaluation des cadres politiques et juridiques, l’absence d’une vision de la sécurité routière basée sur l’approche du « système sûr » conjuguée à une coordination multisectorielle insuffisante, la déficience et la fragmentation des systèmes de données combinées à une sous-notification répandue et des lacunes considérables en matière de soins d’urgence post-traumatisme, de soins traumatologiques et de services de réadaptation.

En 2019, le programme régional sur la violence, les traumatismes et les incapacités fait l’objet d’un examen conformément au treizième PGT et à la Vision 2023. Par ailleurs, des cadres régionaux sur la sécurité routière et les technologies d’assistance seront expérimentés dans les pays, les efforts visant à renforcer le rôle du système de santé dans la lutte contre les violences sexistes et contre les violences à l’encontre des enfants seront intensifiés et des feuilles de route pour le renforcement des services de soins d’urgence seront mises au point à partir des évaluations par pays.

Éducation sanitaire et promotion de la santé

Le treizième PGT, dont la mission consiste à promouvoir la santé, à préserver la sécurité mondiale et à servir les populations vulnérables, envisage la promotion de la santé comme une stratégie essentielle pour répondre aux besoins des États Membres. Toutefois, la Région n’adopte pas une approche stratégique de la promotion de la santé dans le cadre des politiques et des interventions nationales en santé et les capacités nationales de planification, de mise en œuvre et d’évaluation des actions de promotion de la santé sont restreintes.

Pour y remédier, un examen détaillé a été demandé afin d’évaluer systématiquement la littérature disponible et d’analyser la nature et l’efficacité des interventions de promotion de la santé et d’éducation sanitaire dans la Région. Il a révélé que la plupart consiste en des interventions de recherche formative qui visent à développer la base de données factuelles.

En 2018, un cours sur le leadership a été instauré en partenariat avec l’École des cadres du système des Nations Unies à l’intention des ministères de la Santé et des bureaux de pays de l’OMS pour favoriser la compréhension de la promotion de la santé au niveau politique, en particulier dans le cadre des approches de la santé et du bien-être préconisées par le treizième PGT et la Vision 2023. Un autre cours a été lancé en partenariat avec le centre collaborateur de l’OMS pour l’éducation et la formation en santé publique de l’Imperial College de Londres, afin de développer les capacités des agents et des gestionnaires de santé en matière de promotion de la santé, et des outils visant à ne laisser personne pour compte ont été adaptés au contexte régional. Dans l’objectif d’élargir les partenariats visant au renforcement des moyens de promotion de la santé au niveau national, plusieurs institutions universitaires et non gouvernementales ont été identifiées en vue d’une collaboration avec l’OMS. Les institutions sélectionnées reçoivent un appui pour le renforcement de leurs capacités avec, à terme, une éventuelle reconnaissance en tant que centre collaborateur de l’OMS pour la promotion de la santé. Compte tenu du rôle de la jeunesse en tant qu’agent du changement, un processus a été engagé pour développer une approche stratégique de la participation des jeunes à la santé. Une réunion publique régionale sur la jeunesse, à laquelle ont assisté un grand nombre de jeunes, des organisations de jeunes et des membres du personnel de l’OMS, s’est tenue en décembre 2018.

L’activité physique est encouragée dans la Région afin de réduire les risques sanitaires et d’améliorer la qualité de vie et le bien-être. Deux actions principales ont été engagées en 2018, à savoir l’élaboration d’un plan d’action régional sur la promotion de l’activité physique et l’organisation d’une campagne d’information en anglais, en arabe et en français sur les réseaux sociaux. Plusieurs pays de la Région, parmi lesquels l’Égypte, la République islamique d’Iran, l’Iraq, la Jordanie, le Liban, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie, ont bénéficié d’un appui financier et technique pour promouvoir l’activité physique. En 2019, une campagne régionale d’information sur l’activité physique sera mise en œuvre sur les réseaux sociaux et le plan d’action régional sur la promotion de l’activité physique sera finalisé.

La santé bucco-dentaire contribue de manière essentielle à l’état de santé général et au bien-être. Néanmoins, ce domaine est souvent ignoré dans les priorités sanitaires fixées au niveau national. L’OMS a entamé la réalisation d’une enquête régionale sur les politiques, les systèmes et les pratiques relatifs à la santé bucco-dentaire en 2018. Afin que les agents de santé communautaires participent efficacement à la promotion de la santé bucco-dentaire, la mise au point d’outils de renforcement des capacités, ainsi que d’un ensemble d’interventions dans ce domaine visant à répondre aux besoins des populations déplacées dans la Région a été initiée.

Déterminants sociaux de la santé, différenciation homme-femme et santé dans toutes les politiques

Les déterminants sociaux de la santé désignent les conditions dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent et vieillissent, ainsi que l’ensemble plus large des forces et des systèmes qui modèlent les conditions de vie au quotidien. Une attention nouvelle leur est portée avec l’adoption des ODD. Cependant, dans la Région de la Méditerranée orientale, les progrès accomplis dans la prise en compte des déterminants sociaux de la santé sont restés limités. La Vision 2023 plaide en faveur d’une action dans les secteurs autres que celui de la santé et pour que la réflexion sur ces déterminants sociaux constitue une priorité.

En 2018, plusieurs étapes ont été franchies pour promouvoir des politiques et des mesures abordant les déterminants sociaux de la santé. Un examen a été commandé en vue de cartographier les recherches et les interventions en la matière et de fournir des recommandations sur les mesures à prendre. L’examen a souligné la disponibilité limitée de la documentation publiée sur les déterminants sociaux de la santé dans la Région, mais il a permis d’identifier l’éducation, les revenus, l’emploi, l’offre alimentaire, les conflits et la condition de la femme comme étant des domaines prioritaires clés auxquels les décideurs politiques doivent prêter une attention particulière.

Le rapport mondial de 2017 sur l’écart entre hommes et femmes a mis à jour des lacunes significatives en matière de participation à la vie économique, d’éducation, de santé et d’autonomisation socio-politique des femmes dans la Région. La reconnaissance de la valeur pour la santé publique de la parité hommes-femmes reste insuffisante et on constate une absence corrélée de capacités nationales, de ressources humaines dédiées et de financement dans ce domaine. Ce fait est aggravé par la situation d’insécurité et d’instabilité que connaissent de nombreux pays. Malgré tout, les efforts visant à renforcer la réponse des systèmes de santé face aux violences sexistes dans des situations de développement ou d’urgence sont continus. L’OMS participe activement aux initiatives inter-institutions des Nations Unies dans ce domaine, y compris au groupe thématique consacré aux questions d’égalité entre les sexes, pour promouvoir des initiatives conjointes et la parité hommes-femmes au niveau régional. En 2018, un appui technique a été fourni sur l’égalité entre les sexes et leur protection au Liban, ainsi que sur l’action d’urgence engagée pour l’ensemble de la Syrie.

Compte tenu de la situation politique complexe et de l’insécurité dans la Région et du rôle central de la paix comme déterminant de la santé et du développement, des travaux ont été initiés pour identifier les possibilités d’utiliser la santé comme un instigateur de paix dans la Région. Des efforts visant à élaborer un cadre d’action régional sur l’engagement communautaire dans la santé ont aussi été entrepris.

Promouvoir la santé dans toutes les politiques en 2018

L'approche de la santé dans toutes les politiques vise à garantir que les questions de santé sont prises en compte dans toutes les décisions gouvernementales, et pas seulement dans les politiques du ministère de la santé.

Elle demeure une démarche capitale pour aborder les déterminants multisectoriels de la santé dans la Région et un cadre et un plan d’action régionaux à ce sujet sont actuellement en cours de préparation.

Cette approche étant appliquée avec succès dans des pays comme le Soudan, et d’autres pays, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Pakistan et le Qatar, ont commencé à l’adopter. Cet élan a été renforcé en octobre 2018 lorsque le Comité régional de la Méditerranée orientale a adopté la résolution EM/RC/65/R.5 exhortant tous les États Membres de la Région à institutionnaliser la santé dans toutes les politiques.

En novembre 2018, l'OMS a commencé à élaborer un ensemble régional de mesures et d’interventions intersectorielles fondées sur les données factuelles présentées lors de la troisième édition des Priorités en matière de lutte contre les maladies, et une consultation d’experts sur l’approche pangouvernementale de la résolution des difficultés prioritaires en santé publique qu’affronte la Région a été organisée le mois suivant.

Santé et environnement

Les facteurs de risque environnementaux tels que la pollution atmosphérique, la pollution de l’eau et du sol, l’exposition aux produits chimiques, les changements climatiques et les rayonnements contribuent à plus de 100 types de maladies et de traumatismes. Des estimations récentes de l’OMS concernant la sécurité sanitaire des aliments, l’exposition aux produits chimiques, la pollution atmosphérique et les risques professionnels révèlent que les dégradations évitables de l’environnement ont progressé, provoquant un dépassement du nombre annuel de décès prématurés estimé à 850 000 en 2016 (1 décès sur 5 dans la Région). Les facteurs de risque environnementaux sont responsables de plus de 23 % de la charge totale de morbidité des maladies, triplant la charge de morbidité imputable à l’environnement du fait de l’impact des maladies non transmissibles, des maladies infectieuses et des situations d’urgence. La charge est d’autant plus importante chez les enfants : on estime que 26 % des décès d’enfants et 25 % de la charge totale de morbidité chez les enfants âgés de moins de cinq ans pourraient être évités par la réduction des facteurs de risque environnementaux tels que la pollution atmosphérique, l’insalubrité de l’eau, l’exposition aux produits chimiques et le manque de services d’assainissement et une hygiène inadéquats. La pollution atmosphérique à elle seule est responsable de près de 100 décès prématurés d’enfants pour 100 000 habitants. Dans ce contexte, le Centre régional pour les Activités d’Hygiène de l’Environnement de l’OMS a fait l’objet d’un examen en 2018 afin de renforcer les capacités de l’Organisation à prendre en main les facteurs de risque environnementaux dans la Région.

La soixante-cinquième session du Comité régional a approuvé, dans sa résolution EM/RC65/R.2, le cadre d’action régional pour la santé et l’environnement (2019-2023) qui promeut la santé et le bien-être en traitant des déterminants de la santé et en réduisant les facteurs de risque environnementaux au moyen d’approches multisectorielles et d’un plaidoyer en faveur de la Santé dans toutes les politiques. Conformément au cadre d’action régional sur la santé et le changement climatique 2017-2021, 11 pays mettent à jour leur profil national en la matière.

L’exécution du plan d’action régional pour la mise en œuvre de la feuille de route pour une action mondiale renforcée face aux effets néfastes de la pollution de l’air sur la santé (2017-2022) a commencé à induire une amélioration du suivi de la qualité de l’air et de la notification dans ce domaine. Le nombre de villes régionales qui transmettent des données de suivi relatives à la qualité de l’air ambiant par l’intermédiaire de la base de données mondiale de l’OMS sur la pollution de l’air ambiant en milieu urbain a progressé de 25 %. En conséquence, les estimations de la charge de morbidité due à la pollution atmosphérique ont été affinées en 2018 dans tous les pays de la Région.

En 2018, une formation régionale a été dispensée sur le suivi des cibles 6.1, 6.2 et 6.3 de l’ODD 6 (garantir l’accès de tous à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau) portant sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène. En outre, un soutien a été apporté au Forum arabe sur le développement durable 2018 pour la production d’un rapport régional et des rapports de situation sur l’eau et l’assainissement ont été préparés. Ils incluent notamment un suivi rigoureux des cibles de l’ODD 6 sur des services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement gérés dans un souci de sécurité dans deux pays et une analyse et une évaluation mondiales de ces services dans 11 pays. Une évaluation de la salubrité environnementale et de la sécurité sanitaire des aliments et des missions d’appui technique ont été menées en Arabie saoudite, à Bahreïn, en Égypte, en Iraq, au Liban, en Libye, à Oman et au Pakistan, et le suivi de la mise en œuvre de 16 plans de travail nationaux sur la sécurité sanitaire des aliments a été entrepris.

Les risques environnementaux évitables causent actuellement plus de 850 000 décès par an dans la Région

Dans le domaine de la sécurité chimique, un appui a été fourni au réseau sur les produits chimiques et la santé en vue de traiter les aspects sanitaires de l’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques, ainsi qu’à la campagne régionale visant à éliminer le plomb dans les peintures. Dans le cadre de l’initiative sur la résistance aux antimicrobiens faisant intervenir plusieurs programmes, cinq pays ont été intégrés dans le Projet tridimensionnel (Égypte, République islamique d’Iran, Jordanie, Maroc et Pakistan) pour la mise en œuvre d’un système de surveillance transsectoriel intégré de la résistance bactérienne aux antibiotiques chez l’homme, dans l’environnement et au sein de la chaîne alimentaire. Un appui au cas par cas a été fourni aux pays lors d’alertes à des événements par le biais du Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN) et l’OMS a mené l’enquête et procédé à des analyses lors de l’épisode ayant vu la mort de milliers de poissons en Iraq, avant de fournir rapidement les résultats et ses conclusions sur la cause première du phénomène.